[Entrevue] Stärker
La première entrevue du site ne pouvait se dérouler avec un meilleur candidat puisque c’est Martin Dumais qui s’est prêté au jeu. Il est un véritable pilier de la scène électronique et expérimentale québécoise, présentement actif dans les projets Aun, U/N et Stärker. C’est justement autour du duo électronique montréalo-berlinois Stärker que l’entrevue prendra forme. Prenez donc quelques minutes pour en apprendre davantage sur son cheminement musical, sur le présent et le futur de ses différents projets, mais surtout découvrez l’oppressante techno de Martin et Frédéric.
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À quelle période de ta vie as-tu été introduit à la musique électronique?
Quand j’avais neuf ans, j’ai découvert Trans Europe Express de Kraftwerk . Dès les premières notes, j’ai senti ma vie changer.
Est-ce que des artistes spécifiques ont dirigé ton cheminement vers ce créneau musical?
Fripp & Eno, Zoviet France, Edgar Froese (Tangerine Dream), Chris & Cosey, Cabaret Voltaire ont été formateurs dans ma démarche.
Quel est le premier instrument ou appareil avec lequel tu as créé du son?
Une guitare électrique que j’ai rapidement échangée à un ami contre une pédale de distorsion BOSS, que j’activais avec mes doigts sur les embouts de câbles, faute de guitare. Le tout enregistré sur cassette. Mon premier synthé était un ARP Odyssey.
Stärker existe depuis quelques années seulement, mais toi et Frédéric semblez avoir un historique beaucoup plus ancien. Comment la relation entre les deux membres du projet a-t-elle pris forme?
J’ai rencontré Frédéric lors d’une soirée de son label Cyclic Law, il y a une dizaine d’années, et nous sommes rapidement devenus bons amis. Il a ensuite invité Aun à rejoindre le label et a aussi tourné avec nous comme guitariste en 2012. C’est une histoire de famille.
Vous affirmez que votre principale source d’inspiration provient du brutalisme, un style architectural austère des années 50, comment êtes-vous parvenu à relier musique et architecture?
Nous avions peu discuté de ce que nous voulions accomplir musicalement, mais l’idée d’interpréter en musique les aspects surdimensionnés et austères du brutalisme a imprégné les premiers enregistrements et a contribué à forger notre son, sans trop d’influences extérieures. Stärker signifie en allemand: sévère et puissant. Stark en anglais c’est: épuré, aride. Tous ces éléments ont contribué à l’esprit des premiers EPs.
Votre plus récente parution, Scorched, s’est retrouvée sur la célèbre étiquette berlinoise Zhark Recordings. De quelle manière le son de Stärker est-il arrivé aux oreilles du fondateur Patrick Stottrop?
Nous lui avons fait parvenir quelques pièces et je crois qu’il avait entendu notre enregistrement live au Mutek 2015. J’ai dans le passé souvent joué des pièces de Zhark dans mes sets de DJ, c’est un réel honneur qu’il endisque Stärker.
Cette collaboration vous a d’ailleurs permis de faire partie du concert de 20e anniversaire de Zhark le 31 juillet dernier à Berlin, comment as-tu apprécié l’expérience?
Comme c’était notre seul concert de l’année, c’était un peu stressant, mais l’expérience générale fût excellente et d’une intensité hors du commun. Les artistes de Zhark (incluant notamment Casual Violence, Huren & Kareem), sont sans compromis.
Après une année chargée en 2015 avec des prestations aux côtés de Vatican Shadow, Voices From The Lake, Andy Stott et SHXCXCHCXSH, pourquoi est-ce que ce concert est le seul que vous ayez donné en 2016, y a-t-il une raison pour votre presque totale absence de la scène?
Nous travaillons sur plusieurs projets musicaux à la fois, des labels, des tournées et, de plus, Frédéric est déménagé à Berlin en novembre 2015. Nous enregistrons en janvier dans son nouveau studio berlinois, une nouvelle parution et des spectacles sont à l’horizon.
J’ai lu récemment que le prochain album de Aun est prévu pour 2017 et qu’il sera vraisemblablement le plus lourd depuis plusieurs années. Peux-tu nous dire quelques mots sur ce qui nous attend avec cette nouvelle parution?
C’est plus direct, primitif, post-punk, basse, guitare. Le fait de travailler avec Stärker et mon nouveau projet U/N dans un registre techno industriel, j’ai instinctivement exploré d’autres sons avec Julie et Aun.
Pour terminer, si tu avais à choisir un lieu inusité (réaliste ou non) pour une performance de Stärker, où aimerais-tu projeter votre son?
Allons pour du réaliste, apparemment Stärker ça tue sur la sono du Berghain, j’aimerais bien en juger par moi même.
Merci pour ton temps!
- Révision du texte par Geneviève Larouche.