[Recommandation] Mondkopf
Après la parution de son quatrième album intitulé Hadès en 2014, le musicien toulousain Paul Régimbeau avait pris la décision de remiser son projet personnel Mondkopf. Ses multiples participations à des groupes comme Autrenoir, Foudre!, Oiseaux-Tempête et Violent Magic Orchestra prenaient la majorité de son temps et de sa motivation. Cette résolution était tout à fait noble, qui n’aurait pas envie de collaborer avec d’autres musiciens après une dizaine d’années à œuvrer majoritairement en solitaire? Un an et demi plus tard, un malheureux événement forçant la réactivation imprévue de Mondkopf est survenu. Dans la soirée du 13 novembre 2015, la populaire salle de spectacle le Bataclan était victime d’un ignoble attentat terroriste. Évidemment secoué par cette tragédie, Paul n’a pu s’empêcher de sauter sur ses machines pour créer du son. Habité par un élan créatif, le premier morceau de son prochain album They Fall But You Don’t allait naître le lendemain de cette catastrophique nuit. La composition de ce disque inattendu s’est perpétuée sur plus d’un an et demi, résultant en un très émotif opus de 6 titres paru en février dernier sur sa propre étiquette In Paradisum. Parfois ambiant, parfois drone, le seul point commun entre les vastes sonorités est la globale mélancolie, qui est évidemment justifiée. C’est une honnête reconstitution des émotions qu’il a vécues lors de cette soirée, cet album se révèle comme un exutoire pour lui-même et sans doute pour une panoplie de gens qui ont été blessés à jamais par la violence de cette tragédie.
Ses racines musicales sont pratiquement mises au placard sur They Fall But You Don’t. Paul a décidé d’écarter la moindre présence de rythme et la production se veut beaucoup plus sobre que ce à quoi il nous avait habitués sur ses dernières offrandes. Sur des titres comme Vivere, Parte V et Vivere, Finale le résultat s’apparente plutôt à ce que font des musiciens comme Alessandro Cortini, Tim Hecker ou encore Lawrence English. Ce dernier, qui a fait l’objet de l’une de nos recommandations plus tôt cette année, a d’ailleurs conseillé Paul pour le mastering final du disque. La volonté d’impressionner et de submerger l’auditeur sous une masse de sons est désormais absente. L’émotivité qui émane de ses dernières compositions surclasse n’importe quelle puissante rythmique qu’il a pu composer précédemment. La maturité musicale et personnelle acquise dans les dernières années est tangible, cet album est intime et bouleversant. Bien qu’il persiste à faire des performances en tant que DJ par moment, l’avenir de ce projet vient de prendre un véritable tournant en terme de composition. Qu’adviendra-t-il à long terme, est-ce que Mondkopf est réellement remis en fonction? C’est assez dur à deviner vu la multitude de groupes auxquels il collabore, mais espérons que ce talentueux musicien saura garder un peu de temps pour faire vivre à l’occasion sa plus vieille facette musicale.
Pour l’absolu décollage vers le néant…
Pour des vibrations dignes des ligues majeures…
Pour une déformation sonore des plus agréable…