[Entrevue] Racine
La première moitié de l’année 2017 n’est pas encore terminée, mais il est déjà facile de dire qu’elle fut extrêmement riche en découvertes musicales. L’une des plus belles révélations que nous avons faites est sans contredit la maison de disques montréalaise Archipel Musique. Avec plusieurs parutions grandioses comme celles d’Alexandre Navarro, Pheek, Racine et Vincent Casanova, il est difficile de cacher notre coup de cœur pour cette étiquette de chez nous.
L’album ayant résonné le plus fréquemment fut incontestablement celui de Racine, un jeune musicien québécois débordant de talent. L’idée de faire une entrevue avec lui mijotait depuis plusieurs semaines déjà, mais c’est lors d’une écoute toute particulière de la sublime pièce Les profondeurs que le projet se concrétisa dans ma tête. Il m’est rarement arrivé d’être touché aussi directement par l’émotivité d’une composition. Il fallait alors découvrir qui se cachait derrière un album de cette ingéniosité et par la même occasion vous le faire découvrir sans plus tarder.
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Tu gravites autour de la scène électro-ambiante montréalaise sous le nom de Racine depuis déjà plusieurs années, à quoi ressemble le parcours qui t’a mené vers ce style musical?
J’ai commencé petit à faire du piano, c’était notre voisine d’en face qui donnait les cours. Peu à peu, mon intérêt pour l’interprétation se dissipait pour ainsi découvrir un peu plus tard que j’aimais mieux composer mes propres trucs. Comme beaucoup de jeunes, j’ai commencé par faire des instrus de hip-hop un peu loufoques avant de développer un côté plus abstrait à la composition. Il faut dire que le collectif dans lequel j’étais m’a beaucoup ouvert l’esprit, ça m’a aidé à explorer d’autres horizons.
En fait, ce n’est pas vraiment clair ce qui m’a attiré vers cette musique. Pour le moment, ma curiosité me pousse à faire ce genre de pièces, sans vouloir dire que je n’irai pas explorer ailleurs ultérieurement.
Ton dernier album, Des milliers de fenêtres, est récemment paru sur l’étiquette Archipel Musique. Il s’agit sans contredit de la parution la plus élaborée de ta carrière, quel était la principale inspiration derrière cette nouvelle offrande?
Je m’inspire généralement des ressentiments, d’une image ou d’un objectif en particulier à atteindre. Pour celui-ci, je m’imaginais des architectures impossibles à l’intérieur d’une ville fictive. D’ailleurs, les titres sont pour la plupart tirés du livre Les villes invisibles d’Italo Calvino. J’ai aussi conçu l’album en l’imaginant dans un contexte live, voulant beaucoup de dynamisme entre les différentes parties des pièces. Je suis bien content du résultat sous forme d’album, mais je crois que ça prend tout un autre sens quand c’est joué en salle.
Tu as collaboré en février dernier avec le musicien Jean-Patrice Remillard (Pheek) pour la sortie d’un album intitulé Dimanche, c’est d’ailleurs lui qui est à la tête du label Archipel. Comment as-tu fait sa connaissance et quel rôle a-t-il eu dans ton cheminement musical?
C’est Jean-Patrice qui faisait le mastering de mes premières parutions. On ne se connaissait pas vraiment avant Mutek 2015. Nous nous sommes rencontrés dans la chambre d’hôtel de mon ami et compositeur Simon Labelle (Réservoir) et nous jouions tous les trois cette année-là. Nous avons donc eu le temps de passer un peu de temps ensemble et apprendre à nous connaître. Je partage maintenant un studio avec lui, alors on a l’occasion de se voir régulièrement. Une chose mène à une autre, il m’a offert une place dans son catalogue et j’ai accepté!
Vous allez tous les deux offrir une performance dans le cadre d’une soirée spéciale à la SAT le 27 mai prochain, à quoi aurons-nous droit lors de cet événement? S’agira-t-il en quelque sorte du lancement officiel de ton album?
Il s’agira en fait d’un set conçu spécialement pour la Satosphère, donc une tonne de nouveaux sons. Je crois que l’expérience sera assez intense et très immersive. Nous avons décidé de ne pas utiliser de visuels trop dominants, seulement de la fumée et quelques lumières pour donner la chance aux gens de se concentrer sur la musique.
Pour l’événement, j’ai créé une musique chargée en puissance, très scintillante, en sortant la musique club, voire EDM, de son contexte rythmé et dansant. On peut s’attendre à beaucoup de revirements de situation, des parties très lourdes et difficiles, et d’autres plus reposantes.
En 2015, tu laissais paraître un EP de deux titres qui sont apparus dans les films Le barrage d’Étienne Lacelle et Le temps des corbeaux de Virginie Joubert. Ta musique est très cinématographique, est-ce que la création de bandes sonores est une aventure que tu aimerais reproduire au fil de ta carrière?
Bien sûr que oui, ce serait un rêve d’en faire une carrière. Je travaille toujours en étroite collaboration avec Étienne, c’est d’abord un ami avant tout. On a quelques idées en tête pour un futur près, on n’arrêtera pas de travailler ensemble d’ici peu. J’ai beaucoup de plaisir à composer pour d’autres projets et c’est très gratifiant quand les gens avec qui tu collabores apprécient le travail que tu as fait.
Le cinéaste Étienne Lacelle est d’ailleurs celui qui a réalisé le magnifique vidéo pour le titre D’une opaque épaisseur sonore. C’était en quelque sorte la situation inverse de votre précédente collaboration, comment apprécies-tu le fait que des artistes mettent des images sur tes compositions?
C’est toujours un honneur que de voir des images sur sa propre musique. Tout l’effort et le temps que tes amis y mettent, c’est vraiment inspirant. Ça tombe bien, j’ai beaucoup d’amis très talentueux.
Pour conclure, à quoi pouvons-nous nous attendre de Racine dans la prochaine année, seras-tu un peu plus présent sur scène ou nous réserves-tu quelques autres collaborations?
Je serai définitivement plus actif sur scène! Je travaille en collaboration avec Wolski, un artiste montréalais que je connais depuis un bail, sur toute la sphère visuelle des shows. On prévoit quelques perfos ici et là, toujours en poussant notre concept davantage. Gros shout out à lui d’ailleurs, un artiste exceptionnel.
Je suis en train de travailler sur un nouvel album, ça devrait voir le jour cette année aussi. Il y a Keru Not Ever qui m’aide à la réalisation du projet, je suis donc pas mal confiant pour les années qui s’en viennent.
Merci pour ton temps!
- Révision du texte par Geneviève Larouche.