[Recommandation] Gunnar Haslam
Depuis que son album Margareten s’est déposé sur ma platine il y a de cela quelques années, Gunnar Haslam est un artiste que je porte en haute estime. Son imprévisibilité et sa soif d’expérimentation hors du commun font de lui quelqu’un que l’on ne peut ignorer. Très actif depuis 2013, il est désormais l’une des figures de proue de la scène électronique new-yorkaise. Il n’est pas étonnant de voir d’importantes maisons de disque comme Delsin, L.I.E.S. et The Bunker New York s’arracher ses publications. C’est justement avec deux parutions sur cette dernière étiquette qu’il entame l’année actuelle. Premièrement, en proposant un audacieux single intitulé Scale No Flam révélant ses influences acid et il est revenu un peu plus récemment avec Kalaatsakia, un album complet d’une consistance éblouissante. Certes, il est beaucoup plus facile d’apprécier ses compositions dans le contexte d’un court EP, car Gunnar a tendance à nous faire vaciller dans tous les sens. Sur les douze titres qui composent son dernier opus, nous avons la chance de le voir s’approcher d’un style presque ambiant avec Density, de nous mettre une claque en plein visage avec la frénétique Istvaeonic et de nous plonger en plein délire expérimental avec Kalapuyan. Cela procure évidemment une charge de travail très exigeante pour l’auditeur, mais la persévérance est d’autant plus payante. La qualité et la diversité de chacune des sonorités sont sensationnelles, cet artiste vous offre une musique électronique des plus sophistiquée.
Il est tout de même agréable de le voir revenir avec une offrande de cette envergure, puisqu’à peine un an plus tôt il nous servait son œuvre la plus inaccessible jusqu’à ce jour. Lebesgue Measures se voulait un véritable ovni, difficile d’approche et à des années-lumières de ce à quoi il nous avait habitués. Il faut toutefois respecter lorsqu’un musicien s’éloigne des sentiers battus et fait ce dont il a envie, le fossé était tout simplement trop grand avec son précédent matériel. Son projet solo n’est toutefois pas son unique passe-temps, il forme également la moitié de l’excellent duo Romans avec le musicien Johannes Auvinen, mieux connu sous le pseudonyme Tin Man. Si c’est l’aspect dansant et rythmé de la musique de Gunnar Haslam qui vous allume, vous en aurez pour votre argent avec ce projet secondaire. La chimie entre les deux artistes est spécialement palpable sur leur brillant album Valere Aude, une savante dose de techno psychédélique. Paru en toute fin d’année 2016, ce premier long jeu du duo saura certainement combler votre soif de découverte. En plus de concevoir de la remarquable musique, l’artiste américain est également impliqué politiquement, ne cachant pas son opinion sur la situation mondiale actuelle dans cet essai publié sur XLR8R. Selon moi, il s’agit d’une démarche que davantage d’artistes devraient suivre, puisqu’il est très important de dénoncer la montée de l’intolérance, des extrêmes politiques et de l’omniprésent sexisme de l’industrie. J’espère que ce court texte vous aura permis de comprendre que Gunnar est un musicien d’une grande classe et de grand talent, maintenant faites-vous plaisir à parcourir sa jeune et vaste discographie.
Pour la frénésie à l’état pur…
Pour une rythmique sinueuse typiquement Haslam…
Pour se sentir immédiatement transporter dans l’ambiance new-yorkaise…