[Scène locale] Sleazy – From Québec, With Love
La toute première parution de ce duo composé de deux artistes bien présent(e)s dans la scène électronique montréalaise était très attendue. Sleazy, projet collaboratif entre l’incomparable Ginger Breaker et la talentueuse Marie Davidson, nous offre finalement un premier opus composé de six morceaux. From Québec, With Love a également été forgé par deux autres acteurs importants de la scène québécoise, soit Pierre Guerineau (Essaie Pas, Feu St-Antoine) ayant mixé le tout et Jesse Osborne-Lanthier (Feminielli Noir) l’ayant masterisé. Leur musique, qualifiée de techno banlieusarde, se veut d’une efficacité déroutante et répond aux attentes que nous avions envers ces deux artistes très prometteurs.
L’album commence d’une bien drôle de manière alors que les premiers sons entendus proviennent d’un vidéo (désormais indisponible) viral ayant fait les manchettes plus tôt dans l’année au Québec. L’influence de Ginger Breaker est bien présente puisqu’il utilise fréquemment ce genre de samples, plus spécialement dans son tout dernier album intitulé Pumping The Tires Of Hell. Cependant, cette introduction ludique et inquiétante devient rapidement secondaire en raison de la montée d’une mélodie entrainante. Les basses claquent, le tempo augmente et nul autre choix que de hocher la tête et de s’abandonner à cette puissante cadence.
Un avant-goût de l’album fut divulgué en avril dernier alors que la pièce Que Calor avait été rendue disponible au public. Nous avions alors pu voir le grand potentiel musical que cette nouvelle formation avait à nous offrir. Le morceau, réalisé avec la collaboration de Nat Navi au chant, se veut comme étant l’un des plus puissant de l’album. Les rythmiques soutenues et violentes créent un environnement plus dense qui entoure et submerge l’auditoire. L’introduction de la voix instaure un climat angoissant et on ne sait plus où donner de la tête en raison de l’appropriation de l’espace sonore par cette frénétique mélodie. Une nouvelle couche s’ajoute à cette piste déjà enlevante, alors que les rires de ce qui semble être Marie Davidson fusent et sèment l’hystérie. Les harmonies efficaces de cette deuxième composition ont définitivement la capacité de faire bouger les nombreuses foules.
Le titre du plus long morceau de l’album est plutôt évocateur, mais laisse tout de même place à l’imagination. On y entend pour la première fois la voix de Marie en premier plan et il s’agit d’un ajout de taille à une rythmique déjà bien riche et variée. Les paroles se veulent farfelues, mais décrivent malheureusement bien un aspect important de la scène électronique. Les harmonies ne peuvent que nous faire sourire et remuer la tête, mais ce sourire est amer, il est mélancolique. Malgré la proéminence du chant de la musicienne montréalaise, la musique s’éloigne de ce que les deux artistes ont pu faire dans leurs projets respectifs. Le duo a su dériver légèrement des sentiers battus pour créer des sonorités originales, cela annonce un intéressant futur pour cet intrigant projet.
Ce morceau au titre mystérieux débute d’une manière très simpliste avec un rythme persistant et répétitif. Néanmoins, de plus en plus de couches sonores différentes s’ajoutent au fil de la chanson et la ritournelle devient complexe et ambitieuse. Une vague dissonante se dessine tout au long en arrière-plan et mène à une conclusion angoissante avec les sonorités les plus originales entendues jusqu’à présent, ce qui ajoute à l’éventail déjà bien garni des styles proposés sur From Québec, With Love.
La roue ne sera pas réinventée avec ce morceau, le rythme demeure extrêmement simple et répétitif. Pourtant, cela n’enlève rien à l’aspect accrocheur et entrainant de Sex Jam. Un loufoque vidéoclip (désormais indisponible), mettant en vedette une belle brochette de personnages de la scène locale, est paru quelques jours avant la sortie de l’album et après seulement quelques écoutes, la mélodie s’est implantée dans mon cerveau tel un ver d’oreille. Il s’agit d’une preuve que la simplicité peut parfois porter ses fruits.
C’était un plaisir d’entendre ce morceau avec un casque d’écoute en raison des expériences effectuées dans les premiers moments de la piste alors que le son rebondit d’un côté à l’autre pour notre plus grande appréciation. Quoique moins dansant et énergique que les compositions précédentes, Lost Patterns se présente comme la chanson la plus expérimentale de l’album avec une richesse et une variété sonore supérieure à la proposition initiale. Les harmonies pavent un chemin dès les premières notes et la seule alternative est de le suivre jusqu’à la conclusion de l’impressionnant premier album de Sleazy.
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Paru le 29 août 2017 sur Tag Out.
- Révision du texte par Geneviève.