[Scène locale] Big ‡ Brave – Ardor
La clef sera le chiffre trois. Ardor est la 3e épreuve du trio Big ‡ Brave et se compose de trois longs titres. Signé sur l’exigeante étiquette Southern Lord, cet album est un véritable coup de cœur.
Avec Au De La, Big ‡ Brave affichait une recherche sonore plus intense que sur son premier album Feral Verdure. En allongeant la durée des morceaux, les compositions sont devenues naturellement plus empreintes à quelques expérimentations. Avec Ardor, c’est dans cette même direction que l’auditeur est projeté sans aucune concession.
Là où le silence n’existe pas, il n’y a pas de son.
Sans dualité, les sens perdent leurs égards. Au plus la nuit est noire, au plus la lune sera magnifique. De la même manière, au plus le silence est intense, au plus les notes seront percutantes. Chacun des trois morceaux de l’album se nourrit de ce contraste, Borer en tête.
Du néant, les distorsions électriques rencontrent alors les rythmes concis et percutants créant la vive impression d’être en apesanteur dans de sombres nuages, tandis que nos deux pieds sont bien ancrés sur une terre aride et craquelée. Avec Big ‡ Brave, la tempête est le calme en même temps, c’est ce qui rend la musique du trio si passionnante, et au combien unique.
Puisque le temps est infini, rien ne devrait s’arrêter.
Pour habiter notre ouïe, le trio emploie une massue, sans relâche. Avec des motifs répétés à l’infini, le trio nous offre la chance d’entendre la moindre nuance, la moindre oscillation, le moindre souffle. Surtout, c’est dans un état de transe mystique qu’il nous laisse sombrer avec allégresse non sans y laisser quelques acouphènes.
Cassure, reprise. En apparence saccadées, les compositions sont nécessairement construites dans une harmonie sublime. Cassure, reprise. Le rythme volontairement lent, lancinant même, développe une atmosphère ensorcelante, sans jamais faire sortir l’ennui d’une quelconque boîte de pandore.
Sans corde, les ondes ne danseraient jamais.
Suspendue entre deux sommets, alors prise au vent, une corde ondule et vibre. Nul doute que l’identité du groupe est présente dans la voix singulière de la chanteuse Robin. Toujours au bord de la rupture, et ainsi maîtrisée, les émotions jaillissent autant de ses cordes organiques que des autres cordes qui vibrent à ses côtés. Le timbre vocal vient enrober les saturations électriques et saupoudrer les percussions jouant dans les temps faibles entre extase et désespoir.
Plus discrètes, d’autres cordes s’invitent sur l’album. Celles de Jessica Moss et de Thierry Amar viennent teinter en arrière-plan un spectre mélodique plein de subtilité. Ardor est un album mature pour le groupe, jouissif pour l’auditeur. On ne peut que vous recommander d’assister au lancement, qui aura lieu à la Sala Rosa le 30 septembre.
Pour acheter l’album, c’est ICI.
Paru le 15 septembre 2017 sur Southern Lord.
- Révision du texte par Geneviève.