[Scène locale] Stärker – Substrate
Déjà remarqué avec l’excellent Scorched paru l’année dernière sur Zhark Recordings, le duo mi-montréalais, mi-berlinois, Stärker, est depuis inscrit dans cette liste des projets à suivre de très près et surtout à recommander. Nous y voici.
Dernièrement, Frederic Arbour et Martin Dumais ont signé un EP sur Hospital Productions intitulé Substrate. Sans doute que l’aura de l’étiquette inspirera bon nombre d’auditeurs à ne rien manquer de Stärker eux aussi.
Le monde est bâti sur des strates dont les plus profondes, celles-là mêmes souvent non palpables, sont pourtant indispensables aux autres qui se révèlent à nous. Sans elles, rien n’existerait tout simplement. Au sens propre comme au sens figuré, ce phénomène est presque partout si on l’observe de plus près. La peau, la croûte terrestre, les fibres d’un tissu, l’écorce des arbres, je vous laisse ensuite continuer jusqu’à la musique!
Dans Substrate, tout comme dans ses précédentes parutions, le duo s’attache à révéler ces couches inférieures. Les sonorités volontairement râpeuses sondent jusqu’au plus encaissé des timbres laissant l’auditeur dans un coma actif, mi-aérien, mi-souterrain.
Parce qu’une fois mises à nues, ces strates sombres et enfouies révèlent leur puissant magnétisme ainsi que leur beauté insoupçonnée. Les nappes sonores se superposent, mais restent étouffées laissant les basses fréquences remplir le spectre auditif de la cassette.
Ce qu’il y a de particulièrement remarquable dans les quatre titres de ce EP, c’est bien cette magnifique pulsation qui émane des compositions. Les rythmiques sont loin d’être apathiques et effondrées, au contraire, elles sont vives et stimulantes tout en restant, par ailleurs, graves et âpres. Les morceaux évoluent et se parent, parfois lentement, parfois rapidement, de pulsions électroniques serpentines, oppressantes et hallucinatoires.
Après l’écoute des quatre morceaux, subsistent alors les réminiscences des vibrations assourdissantes qui ont envoûté la moindre parcelle de notre ouïe. Substrate apparaît autant comme un album pour de longues nuits électriques que j’imagine dans un hangar fissuré et moite, que pour de sombres journées pluvieuses, casque armé sur les oreilles – ce qui est, par ailleurs, le cas aujourd’hui, alors que j’écris ces lignes.
Pour acheter l’album, c’est ICI.
Paru le 21 septembre 2017 sur Hospital Productions.
- Révision du texte par Geneviève.