[Recommandation] Benoît Pioulard – Slow Spark, Soft Spoke
Si vous suivez le site depuis un certain temps, le nom de Benoît Pioulard ne vous est certainement pas inconnu. Ses compositions ont fréquemment été utilisées dans nos listes de lecture ou encore partagées dans notre sélection «Ambiance du dimanche» sur la page Facebook. Cependant, nous ne lui avons jamais réellement accordé l’espace que sa musique mérite.
Ce talentueux musicien d’origine américaine, né au Michigan et résidant désormais dans la ville de Seattle, est aisément distinguable par sa manière très personnelle de créer du son. J’ai en quelque sorte développé un rituel d’écoute que je prends plaisir à exécuter à chaque fois qu’il nous offre un nouvel album. Pour moi, son art se consomme obligatoirement la nuit. C’est pourquoi je sors me balader dans la ville lorsque le soleil disparaît afin d’assimiler convenablement ses nouvelles compositions. Une ville que j’aime froide et dormante, mais qui laisse les quelques bruits de l’obscurité venir se fondre avec les douces mélodies qui résonnent dans mon casque d’écoute.
Tout comme l’ensemble de son œuvre, ce nouvel opus de Benoît Pioulard possède une faculté toute particulière que bien peu de musiciens arrivent à faire naître dans mon cerveau. Appuyer sur le bouton Play de Slow spark, soft spoke c’est un peu l’équivalent de mettre un Stop à la réalité. Il y a dans les créations de cet artiste une intemporalité perturbante, le poids de notre quotidien s’évapore avec les vagues sonores qui déferlent en nous, car cette musique ne fait pas que passer, elle s’incruste à l’intérieur de notre corps et ne ressort jamais entièrement.
Ce que Thomas Meluch, de son véritable nom, arrive à effectuer avec son art est éblouissant puisqu’il parvient à faire parler une musique entièrement instrumentale. Un titre comme Velha, nacre véhicule une telle dose d’émotion qu’il est pratiquement impossible de ne pas y percevoir un message plus puissant que les mots, c’est d’une beauté inouïe. Sans être l’album le plus ambitieux ou le plus percutant de sa riche discographie, cette nouvelle parution est définitivement l’une des plus homogènes. Elle s’harmonise de la première note de Compound, echo jusqu’à la somptueuse finale de Slow spark, soft spoke. Si l’écoute de sa musique ne vous bouscule pas, c’est probablement parce que vous ne disposez pas des conditions nécessaires pour l’apprécier. Il ne faut pas trop se creuser la tête avec Benoît Pioulard, il suffit simplement de laisser sa poésie sonore vous guider et ensuite d’acquiescer que le temps peut parfois s’arrêter pendant quelques minutes. Il s’agit d’un excellent remède à nos problèmes personnels, l’une des meilleures façons de mettre de la couleur dans un monde de plus en plus gris.
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Paru le 17 novembre 2017 sur Dauw.
- Révision du texte par Geneviève.