[Recommandation] Baruch Williamson – Le Vent Qui Crie
Exécutons un léger détour vers la Belgique afin de décortiquer le troisième EP de Baruch Williamson, le sympathique projet solo du musicien Boris Willems. La trame narrative de cette nouvelle production est inspirée par l’échec des humains à bien gérer la pandémie actuelle tout en évoquant des conséquences encore plus dramatiques si nous répétons ce manque de réactivité à l’égard des changements climatiques importants qui nous guettent. Tout cela peu sembler très lourd et dense aux premiers abords, mais la sonorité de l’Européen sera à mille lieues de vos attentes initiales.
L’introduction Ball Of Gas surprend avec un rythme house relativement positif et un synthé presque niais. Les effets sonores avec lesquels Boris travaille ont quelque chose d’absurde et surgissent inopinément. À travers les chants d’oiseaux, les éclats ronflants se promenant de gauche à droite (casque d’écoute recommandé) et la guitare épique, il est impossible de nier que la mixture colle malgré une recette suspecte. Sur Deutschland, le musicien s’amuse comme un gamin avec ses synthétiseurs sur des percussions drum & bass que nous n’avions aucunement anticipés. C’est lorsqu’un chant typiquement rock psyché nous saute au visage sur l’excellente troisième piste que nous commençons à comprendre que la ligne directrice est en réalité l’absence de ligne directrice. Baruch Williamson se dirige là où il en a envie et c’est parfait ainsi. Il lance des idées en l’air et les rend vivantes sans s’imposer de limites stylistiques.
L’apothéose de ce périple rocambolesque survient sur l’extraordinaire pièce Atlantic Wave qui intègre une surprenante dose de fuzz dans le mix. La dernière minute de celle-ci devrait même vous jeter en bas de votre chaise en introduisant des percussions spectaculaires. L’histoire se conclut avec une finale très pétillante et spatiale qui contient plus de chair autour de l’os avec sa durée de onze minutes. Sur Le Vent Qui Crie, Boris fait preuve d’inventivité en parvenant à créer des chansons accrocheuses et joviales à partir d’éléments étranges et disparates. L’approche lo-fi et loufoque de l’artiste contraste magnifiquement bien avec la lourdeur du sujet traité, ce qui fait le plus grand bien comme le climat social est déjà assez lourd ainsi.
Pour acheter l’album, c’est ICI.
Paru le 16 mars 2020.