[Scène locale] Claude l’Anthrope – Art Plastique
Le dicton «mieux vaut tard que jamais» s’applique parfaitement à ma découverte du travail de l’artiste multidisciplinaire Claude Périard. Jusqu’à tout récemment, je n’étais pas familier avec ses créations, mais je suis ravi que la situation ait changé.Dans cet article, je m’attarderai à la sphère musicale, mais je vous recommande de prendre quelques minutes pour visiter son site web afin d’explorer son univers excentrique et fascinant, autant par ses performances chocs que par des œuvres d’une indéniable originalité.
Entrons maintenant dans le vif du sujet! Bien qu’on ait eu droit à plusieurs singles de sa part dans les derniers mois et qu’ils soient tous succulents, le plus récent album complet de Claude date toutefois de septembre 2018. Art Plastique, paru sous l’excellente étiquette montréalaise Jeunesse Cosmique, nous sort des sentiers battus avec un électro-pop expérimental aussi mordant qu’effervescent. Les morceaux et les styles s’enchaînent dans une grande versatilité et avec passion. Parfois sombres, parfois lumineuses, les images se succèdent dans mon esprit pour me permettre de décrocher et de me laisser emporter par cette grandiose tempête qui fait rage dans mes oreilles.
L’aventure commence avec Looking For An Outer World qui nous offre des harmonies enveloppantes et affranchissantes. La voix de Claude résonne pour la première fois sur Machines désirantes, le chant est clair, limpide et ensorcelant, on en redemande. L’enchaînement se fait rapidement vers le morceau coup-de-poing de l’album, Drama Queer. Le rythme augmente, l’atmosphère invite à danser sur cet air qui s’approche de la techno. La fête est de courte durée, mais elle est fortement agréable.
Le tout chavire avec les pistes suivantes, l’ambiance change prestement vers des sonorités plus bruyantes et expérimentales. Le climat s’assombrit avec l’arrivée d’un orage, le mystère plane, le brouillard est dense. Viendra s’ajouter à cette séquence l’un de mes moments favoris, The Card no13. La douce mélodie initiale m’apaise et remplit au passage mon cœur de mélancolie. On y entend au loin des échos, des implorations qui s’avancent promptement vers nous. Des airs plus folk se mêlent soudainement à la partie, mais sont recouverts de bruits provenant d’un noise débridé. Ces notes vacilleront jusqu’à la toute fin.
Avec cette parution qui fait fie des normes, Claude l’Anthrope expérimente. Les styles varient et s’harmonisent, et l’authenticité demeure. Art Plastique est une pause drôlement rafraîchissante dans la sphère musicale qui laisse trop peu de place à l’anticonformisme. Si vous souhaitez entendre ses créations de plus près, Claude sera en concert le dimanche 14 avril à la Sala Rossa dans le cadre du Festival Tentacules produit par Code d’accès. Il s’agira d’une performance audiovisuelle (électroacoustique et vidéo glitch) accompagnée de danse contemporaine par Kim Sanh Chau et également d’une installation sonore.
En attendant le prochain album, nous aurons droit à un nouveau single par mois. Écoutez dès maintenant celui d’avril intitulé Le Futur.
Pour acheter l’album, c’est ICI.
Paru le 27 septembre 2018 sur Jeunesse Cosmique.
- Révision du texte par Sandra.