[Scène locale] Quatuor Bozzini – Simon Martin: Musique d’art
Ça y est, le Suoni Per Il Popolo s’entame officiellement demain à Montréal et il s’étendra jusqu’au 23 juin prochain. Afin de réellement débuter notre couverture de ce très éclectique événement, nous croyons qu’une sortie à l’extérieur de notre ligne éditoriale s’impose pour refléter la richesse de la programmation qui nous est offerte. C’est en vous présentant la plus récente parution du Quatuor Bozzini que nous espérons vous donner l’envie d’assister aux premiers jours du festival. La raison derrière cette sélection est bien simple, nous avons adoré l’écoute de leur album Phil Niblock: Baobab paru en début d’année et avons très hâte de les voir à l’œuvre lors de la semaine de lancement du Suoni. Même si ce que nous analyserons dans les prochaines lignes ne correspond pas à ce qui sera reproduit sur scène, nous espérons vous mettre l’eau à la bouche et surtout piquer votre curiosité.
Avec cette ambitieuse création du compositeur Simon Martin, l’imprévisibilité et la fragilité du son jongleront avec votre perception. Très confrontant par moments, le quatuor est particulièrement fascinant sur Musique d’art pour quintette à cordes: B. Cette fresque auditive de haute voltige nous chavire aux quatre coins de notre corps, jouant avec notre confort, tiraillant nos méninges. La suite nous propose une certaine forme d’accalmie, se voulant toutefois inquiétante et sournoise. Les sonorités virevoltent avec méfiance dans la pièce, s’appropriant instantanément le lieu d’écoute. Nous faisons face à un album absorbant qui nous attrape dans sa toile et nous observe sans empressement. Cette musique vivante est empreinte d’un trait incontestablement dramatique, penchant plutôt vers le cauchemar que le rêve inoffensif. La dernière composition en est le parfait exemple avec ses pulsions rythmiques déroutantes. Musique d’art est une escapade sonore intransigeante, défiant son public à plonger au plus profond de lui-même.
Si l’écoute de cette pépite vous a aussi chaviré que moi, alors n’hésitez aucunement à répéter l’expérience les 4 et 5 juin prochain dans le cadre du festival. Vous aurez l’opportunité de voir le Quatuor Bozzini collaborer avec la talentueuse Andrea Young lors de la soirée d’ouverture et de les voir présenter la composition Agréable, désagréable, neutre d’André Cormier le lendemain.
Pour acheter l’album, c’est ICI.
Paru le 21 février 2019 sur Collection QB.
- Révision du texte par Sandra.