[Entrevue] La Fièvre
Laissez-nous sortir légèrement de notre ligne éditoriale afin de vous présenter le chaleureux entretien que nous avons réalisé avec un duo que nous apprécions particulièrement. C’est par une magnifique soirée de fin d’été que nous nous sommes rendus en plein cœur du quartier chinois pour rencontrer Ma-Au et Zéa de La Fièvre. Malgré l’ambiance plutôt effervescente qui régnait au centre-ville, nous avons réussi à discuter ouvertement de la captivante histoire derrière le projet et de ses deux sympathiques membres.
Tout d’abord, pouvez-vous nous parler de ce qui nous amène aujourd’hui dans le quartier chinois, lieu que vous avez choisi pour le déroulement de l’entrevue?
Zéa: Ma-Au m’a fait découvrir le quartier chinois l’année où nous sommes arrivées à Montréal. Pour deux Rimouskoises, c’était vraiment excitant. Il n’y avait rien de plus montréalais que le quartier chinois, c’était ce qu’il y avait de plus dépaysant, de plus coloré, de plus vibrant. Nous aimions vraiment venir manger des pâtisseries ici, c’était un point de rencontre, un gros terrain de jeu. Notre pièce Gauchetière a été composée dans cette période: on y mélange une sorte d’hommage au quartier et une autodérision de notre vision de la sorcière. Je n’ai jamais eu d’ami·e·s qui aimaient autant le quartier chinois que moi, sauf Ma-Au. C’est notre espace nostalgique à toutes les deux, c’est vraiment un endroit spécial pour nous.
Ma-Au: C’est un endroit d’amitié et de musique, parce que les deux se mélangent beaucoup.
Quelle est l’histoire se cachant derrière le nom La Fièvre?
Zéa: Notre ancien projet s’appelait HMZ (Hérésie-Ma-Au-Zéa). À un moment, une personne bien avisée nous a dit que HMZ, s’était un nom de merde. Ce n’était pas faux, les gens nous appelaient souvent HMV, HLM ou H&M. Au moment où notre style a fait un virage, nous en avons profité pour changer de nom. Nous avions un morceau à l’époque qui se nommait La Fièvre et son ambiance représentait bien la direction dans laquelle nous souhaitions poursuivre. C’était un morceau plus électro, plus expérimental avec beaucoup de cris. Je trouve le nom de La Fièvre inspirant. Il porte à la fois “la fièvre du samedi soir”, donc l’idée de faire la fête, mais aussi le côté plus inquiétant de la fièvre. Au-delà du syndrome, j’aime l’idée de perte de contrôle, cette espèce de frontière entre le rêve et la réalité. Quand tu fais de la fièvre, tu as l’impression que tes rêves sont réels et quand tu es dans le réel, tu te demandes si tu rêves. Je trouve que ça représente un bon point de départ thématique, un nom qui, même avant une première écoute, évoque déjà une ambiance, une intention.
La façon dont s’exprime la fièvre dans le projet est multiple. C’est une thématique qu’on peut envoyer dans toutes les directions, on peut s’en servir pour empiler des significations. Jusqu’à maintenant, ça s’est surtout exprimé dans une forme de folie. Sur l’album à venir, on a une pièce qui explore plutôt l’idée de la maladie. La fièvre fait décrocher de la réalité et ça peut être désagréable, mais à un moment où la réalité est effrayante, où la responsabilité pèse trop lourdement, elle peut aussi devenir quelque chose d’enviable. La prochaine pièce porte ce sentiment: vouloir se détacher du monde et souhaiter, qu’avec un peu de chance, quelqu’un vienne prendre soin de nous.
Votre style, que vous définissez comme darkwave/art-pop et alliant la poésie, est très authentique et se démarque par son originalité sur la scène montréalaise. Quel rôle a joué votre parcours en musique classique (pour Ma-Au) et en littérature (pour Zéa) et quelles ont été vos influences?
Zéa: Au début, La Fièvre (ou HMZ), c’était la rencontre d’une littéraire et d’une musicienne. Ma-Au a étudié au Conservatoire en guitare classique, et moi en littérature. Notre projet a été seulement piano/voix pendant un moment. Ça s’est développé, car la musique qui nous captivait était principalement électronique. On est passée de djembé/guitare/voix, à piano/voix, puis à électro/piano/voix et ce, jusqu’à ce que Ma-Au se fasse voler son ordi au bar Notre-Dame-des-Quilles. Lorsque Ma-Au a finalement pu se racheter un ordinateur, le piano est devenu un synthétiseur. Je me suis aussi mise à faire un peu de musique sur Ableton, avec un thérémine et un synthétiseur. En revenant à l’électro, nous avons décidé de prendre le projet plus au sérieux et nous avons marqué le coup en changeant de nom: La Fièvre est née.
Ma-Au: En achetant un nouvel ordinateur, j’en ai profité pour m’acheter un synth, le Prophet 08, mon bébé… Je pense que c’est la rencontre de nos influences et de la manière dont on a appris à faire de la musique ensemble qui donne le résultat actuel. Nous nous inspirons de certains sons et de certaines ambiances, mais nous n’essayons jamais de reproduire la musique que nous écoutons.
J’ai tendance à être inspirée par la pop. Les sons qui m’intéressent sont plutôt agressifs, des sons plus expérimentaux qui restent dans notre univers. Grimes est vraiment une forte influence sinon, dans le rap, l’album M.A.A.D. City de Kendrick Lamar m’a hantée très longtemps. Justin Bieber a sorti une chanson reggaeton et ça m’a inspiré pour les congas de La Chienne, par exemple. C’est très spécifique, ce n’est pas en lien avec la chanson entière, mais c’est le genre d’éléments qui m’ont influencée. Après ça, l’avènement du thérémine a pesé sur nos inspirations parce que Zéa en joue de manière très expérimentale. C’est clairement le mélange de notre intérêt pour différents styles et aussi de grandir ensemble qui nous a amenées où l’on est.
Zéa: Ma liste Spotify préférée est Women of Experimental et ça donne une bonne idée de ce qui me touche, parce que presque 90% de la musique que j’écoute est faite par des femmes. En ce moment, c’est l’album de LAFAWNDAH qui joue en boucle. J’écoute aussi beaucoup de musique instrumentale (Nils Frahm par exemple), parce que j’aime ça, mais aussi pour des raisons pratiques: lorsque je travaille, lorsque j’écris, je ne peux pas entendre de paroles.
La Fièvre s’inspire aussi d’artistes avec une pratique qui déborde de la musique. J’étais une fan, à un point que seuls les adolescents peuvent atteindre, de Bérurier Noir. Leur esthétique touchait au cirque, ils faisaient des concerts qui semblaient déborder de partout. Björk et sa capacité infiniment variée d’innovation me font rêver. Faire déborder l’expression de la musique vers autre chose m’amuse beaucoup.
Le style de La Fièvre vient aussi de ce que nous avons à dire. Nous ne faisons pas de chansons d’amour, ce qui est souvent le sujet principal de la chanson. Au début ce n’était pas volontaire, mais c’est devenu une mécanique créative: quand tu ne parles pas d’amour, tu parles de quoi et comment? Présentement, nous faisons de la musique un peu plus agressive, dont l’énergie répond à nos intérêts actuels.
Votre musique arbore un côté très revendicateur, très féministe. Est-ce que votre plan a toujours été d’allier vos valeurs à votre musique?
Ma-Au: Depuis notre première chanson, il y a 13 ans!
Zéa: Tellement! Notre première composition s’appelait « Et l’eau » et parlait de l’accessibilité à l’eau potable. Il n’y a pas que des pièces franchement revendicatrices dans La Fièvre, mais puisqu’on prend la parole, c’est bien d’avoir quelque chose à dire.
Le côté engagé de La Fièvre n’apparaît pas que dans la musique. Nous avons fait plusieurs concerts bénéfices et/ou liés à une cause qui nous touche. Le 8 mars dernier, nous étions à Notre-Dame-du-Lac au Centre des Femmes du Témiscouata. Nous avons fait un show à la Coop Les Récoltes afin d’amasser de l’argent pour des personnes paganes ou sorcières en prison, afin de leur offrir des livres. Toujours en s’alliant avec des organismes, nous avons amassé de l’argent pour des autochtones qui défendent le territoire et se sont fait arrêter, pour des jeunes dans la rue, pour les demandeurs d’asile, pour le bien être de la communauté LGBTQ+, etc. La musique rassemble, c’est important pour nous d’utiliser cette énergie pour des enjeux concrets.
Ma-Au: Je pense qu’en tant qu’humains, on a toujours été féministes, c’est des enjeux qui nous ont toujours touchées donc c’est des sujets qu’on a toujours voulu amener dans notre musique. Cet été, on ne voulait pas faire beaucoup de spectacles, mais on a dit oui à ceux qui étaient importants, dont plusieurs concerts bénévoles, où l’argent était remis à des causes qui nous tiennent à coeur. On trouve toujours le temps, même si on est très occupées sur un album. C’est une priorité.
Vous êtes nées à deux jours d’intervalle à Rimouski, vous vous êtes côtoyées durant votre cheminement scolaire, pouvez-vous nous parler du parcours qui vous a amenées à Montréal et du lien que vous entretenez toujours avec votre ville natale?
Zéa: Au primaire, nous étions à la même école, mais nous n’étions pas de proches amies. Pour l’anecdote, Ma-Au écoutait Buffy contre les vampires et moi ça me faisait trop peur. C’était assez pour que nous ne soyons pas dans le même groupe d’amies (l’ironie est que je suis maintenant une grande fan de films d’horreur et que Ma-Au n’en écoute pas). Notre véritable rencontre s’est faite au secondaire, je traînais mon djembé à l’école et Ma-Au était en guitare classique. Je ne sais pas comment ça s’est passé, mais à un moment donné, on a commencé à jammer ensemble.
Ma-Au: On s’est croisée au bureau de l’animateur culturel. On était un peu hippie toutes les deux et on a décidé de jouer ensemble. C’est à ce moment qu’on a fait la chanson sur l’eau, dans le cadre de Secondaire en spectacle. À cette époque, La Fièvre était un trio. La troisième membre, qui était notre chanteuse, Andréanne-Isabelle, n’a été dans le groupe que pour un seul morceau.
Zéa: Nous avons participé deux fois à Cégeps en spectacle. En 2009, nous n’avons pas gagné, mais puisque le gagnant devait aller passer une entrevue pour devenir docteur, c’est nous qu’ils ont envoyées aux Îles-de-la-Madeleine pour la finale régionale. Philippe Brach y était également, mais c’est un autre groupe qui a gagné (qui sait ce qu’ils sont devenus!). Pour mon BAC, j’ai déménagé à Montréal. Ma-Au est arrivée un an plus tard. Passer de Rimouski à Montréal, ça change le rythme de vie. Je dois souvent retourner à Rimouski pour respirer, pour changer d’air (littéralement aussi, l’air salé me manque).
Ma-Au: Rimouski est importante pour nous encore aujourd’hui parce qu’on vient de là et qu’on a créé tout un univers autour de la ville. Je suis sûre que certains Montréalais sentent l’appel de la mer ou de la forêt, mais nous, en tant que Rimouskoises ayant grandi dans la forêt, on le sent encore à Montréal et on joue avec ça. On a créé une légende autour de notre ville natale, elle est présente dans Nous reculons et est définitivement liée à notre côté sorcière.
Votre année 2019 a été très occupée avec plusieurs concerts et la parution de deux nouveaux morceaux. Comment avez-vous vécu les derniers mois et doit-on s’attendre à autant d’activité prochainement ou plutôt à une période plus tranquille à l’approche de l’hiver?
Zéa: Je pense au contraire qu’une plus grosse année s’en vient. Nous voulons créer un vrai spectacle. Même si en ce moment il y a des éléments intéressants dans notre performance, ça reste des pièces que nous jouons l’une après l’autre. Nous voudrions présenter une mise en scène plus cohérente pour la sortie de l’album. Nous sommes aussi en plein questionnement par rapport à cet album. Comment le lancer? Avec qui l’enregistrer?
En 2019, nous avons fait beaucoup de concert et le lancement de La marge survivante a grugé pas mal d’énergie. Nous sommes allées enregistrer au Studio le Nid avec Steven Doman et on s’est sentie choyées d’y être invitées. C’était un privilège d’avoir cette opportunité et le budget pour le faire. Nous avions les fonds, parce que c’était seulement deux morceaux, mais ça sera tout un défi pour un album complet. Pour la promotion de La marge survivante, j’ai fait ce que j’ai pu, mais je suis déçue. Je vis mal avec la réception du double single, j’en prends la responsabilité. J’imagine qu’étant donné son style, La Fièvre devra trouver sa niche. Je suis persuadée qu’elle pourra trouver son public, mais pour l’instant, je ne sais pas comment aller à la rencontre de ces gens-là.
Ma-Au: On ne prendra pas de pause, on travaille sur un nouvel album. Au niveau de la création, on est peut-être rendues à 75% et par la suite, on va devoir enregistrer, préparer la promotion… donc beaucoup de travail à venir pour Zéa et moi. Qu’on le veuille ou non, on œuvre de manière très DIY, on est indépendantes et on fait le maximum dans nos capacités. Zéa travaille vraiment fort depuis longtemps sur la gérance et la promotion de La Fièvre, mais on est face à un mur et on a besoin d’aide. Nous avons lancé deux chansons qui sont, quant à moi, franchement solides et sonnent vraiment bien. Je n’ai jamais été aussi fière de quelque chose dans ma vie et de voir qu’il y a seulement environ 100 écoutes sur Spotify, ça donne un peu envie de pleurer. On sait que ça pourrait être tellement mieux si seulement on avait de meilleures opportunités.
Je poursuivrais sur une note positive. La Fièvre continuera de travailler toujours plus fort parce que c’est comme ça qu’on fonctionne, c’est ennuyant sinon. C’est ce qui va se passer, peu importe si on reçoit de l’aide avec la promotion de l’album, peu importe où on va enregistrer, peu importe comment on va faire pour ramasser de l’argent. On fera du mieux qu’on peut pour être ravies, indépendamment d’à quel point on arrive à rejoindre un public. Je suis énormément fière de Zéa pour tout le travail qu’elle met dans La Fièvre et dans la gérance. Au final, ce n’est pas seulement le travail et le temps, c’est aussi une question de contacts et d’argent.
Zéa: La Fièvre, ce n’est pas l’histoire de personnes découvertes sur MySpace et menées vers la gloire en quelques mois. Nous avons 13 ans, nous évoluons en vitesse croisière et c’est quelque chose que nous avons toujours assumé et dont nous sommes fières. De cette manière, nous pouvons vraiment expérimenter et profiter de chaque étape, de chaque apprentissage. Nous faisons tout nous-mêmes et nous sommes bien entourées pour certains aspects, dont la création visuelle (Laracaille). En général, tout a été fait par nous deux et musicalement ça se sent. J’ai atteint mes limites comme gérante et je rencontre des frustrations parce que j’aimerais offrir autre chose à Ma-Au et à La Fièvre.
Vous avez effleuré le sujet de la sorcellerie à quelques reprises depuis le début de l’entrevue, j’aimerais savoir quelle est son importance dans votre art et dans votre vie?
Ma-Au: Les sorcières ont une manière de voir la vie qui m’inspire. Une fois de temps en temps, je vais faire un petit rituel, mais je ne peux pas dire que ça fait partie de mon quotidien, ce n’est pas toutes les semaines ou tous les mois. Je pense que c’est quelque chose qui personnellement m’inspire beaucoup en tant qu’humain et en tant que femme, comme manière de voir les choses. Il y a aussi le retour à la nature qui est présent parfois dans nos textes (mais moins souvent dans nos vies, même si on essaie). Par exemple, j’aime aller dans le parc et enlever mes souliers et sortir de la ville pour dormir en nature. C’est tout simple, mais c’est quelque chose qui me ressource.
Zéa: La sorcière est une figure féministe forte parce qu’elle est dérangeante et vient d’une longue histoire d’oppression de la femme. Elle répond donc au versant féministe de La Fièvre. La sorcellerie nous inspire aussi d’un point de vue thématique. Il y a une très grande proximité entre l’art et la magie, au sens où la magie est une incarnation matérielle ou gestuelle d’une volonté de transformer le monde. Des gens vont faire des rituels pour modifier leur réalité et je pense que l’art a également ce pouvoir. C’est à la fois une inspiration, une thématique qui nous attire et une pratique.
D’ailleurs, pendant un concert, alors que je faisais un petit solo de thérémine pour Syzzors, quelqu’un a crié «Sorcière!». C’est vrai que cet instrument projette quelque chose de mystérieux, presque d’occulte. J’en joue sans y toucher, c’est magique!
Quels sont les projets montréalais qui sont incontournables présentement et que nous devons absolument découvrir?
Ma-Au et Zéa: Backxwash!
Ma-Au: November! J’aime toujours aller le voir en spectacle et je pense qu’il nous prépare quelque chose de nouveau. Janette King et Maryze aussi, j’ai vraiment aimé leurs shows au festival Hot Tramp. Sinon, Maya Kuroki avec Tamayugé, c’est malade!
Zéa: Je suis une grande fan de Xarah Dion, Chabanel aussi (c’est toute une expérience!). Dans un autre registre, un concert de Lydia Képinski, c’est assez béton. Strange Froots. J’imagine qu’on a plus de chance de la voir à Berlin qu’à Montréal maintenant, mais j’aime beaucoup le travail de Marie Davidson.
Je pense que ça représente bien le réseau dans lequel on évolue. Autant nous avons des frustrations parce que nous n’avons pas toujours l’impression de rejoindre notre public, autant nous aimons le cercle d’artistes dans lequel nous évoluons. On ressent énormément de solidarité, mais dans la communauté anglophone surtout. C’est normal qu’il y ait plus de compétition du côté francophone, parce qu’il y a plus d’argent. N’empêche, je pense que dans la solidarité et le soutien, tout le monde sort gagnant.
Est-ce qu’il y a un ou une artiste avec qui vous voudriez vraiment jouer au courant de votre vie?
Ma-Au: SOPHIE! Sinon, j’aimerais vraiment ça jouer avec John Maus, il donne des prestations incroyables. Molly Nilsson aussi même si ça va un peu moins avec notre style. Un concert avec ces deux-là, ce serait vraiment le fun! J’aime également l’ambiance de Tsar B. Finalement, un show avec Tommy Genesis serait tellement cool.
Zéa: Jenny Hval, Gazelle Twin, LAFAWNDAH, IC3PEAK, MIA, Death Grips… Mais je fantasme autant sur des collaborations avec CRABE et VioleTT Pi, des artistes du coin dont la musique et les paroles nous parlent. Nous avons dernièrement découvert Ellemetue qui a un grand potentiel d’alliage avec La Fièvre. Il faudra juste oser leur faire des propositions, faire un peu d’alchimie.
Merci pour votre temps!