[Scène locale] La Fièvre – S/T
Ça fait déjà bien longtemps que nous attendions ce fameux premier long jeu de La Fièvre et le timing ne pouvait pas être plus propice pour sa parution. Sorti la veille de l’Halloween, alors que nous sommes en pleine pandémie et que le monde est plongé dans une deuxième vague de confinement, l’album du duo représente le plus grand moment de plaisir depuis un bon bout de temps et c’est fort apprécié. Fidèles à leurs habitudes, Ma-Au et Zéa ne laissent rien au hasard et exhibent une énième preuve de leur talent incroyable, de leur créativité débordante et de leur travail acharné.
Mijotant depuis trois ans, cette offrande de La Fièvre rassemble quelques compositions que vous avez sans doute déjà entendues en plus d’une variété de nouvelles créations toutes plus étincelantes les unes que les autres. Le dark art-pop des Rimouskoises, maintenant établies à Montréal, n’aura jamais résonné avec autant de puissance et d’aplomb, réalisant un incontestable tour de force!
Après une introduction qui met parfaitement la table, Faudra faire mieux lance le bal avec brio. D’abord paru en avril de cette année, ce titre à la fois explosif, rythmé et accrocheur nous aura amené l’expression, désormais mythique dans l’univers du groupe, « RESTE POLI » qui règne sur leurs magnifiques t-shirt! Portant à présent sa contagion vers Goddess, La Fièvre nous entraîne dans son éclatante collaboration avec Backxwash. L’artiste de l’heure au Canada mêle son rap abrasif aux rythmiques mordantes du duo et nous offre un moment de pure exaltation! Malade prend le relais et pourrait difficilement être plus d’actualité. Le premier morceau que nous n’avions pas eu la chance d’écouter avant la parution de l’album augmente l’emprise que la musique possède sur nous et pourrait très bien représenter la chanson thème du projet tellement il décrit bien son univers.
Arrivent maintenant La Marge et Survivantes, qui étaient toutes deux sorties sur un EP au printemps 2019, et force est de constater que même si nous les avons entendues à maintes reprises, il est impossible de se lasser de ces deux chefs-d’œuvre. Empreinte d’une grande sensibilité, mais livrée avec beaucoup d’assurance et d’agressivité La marge survivante propose des textes aussi pertinents que percutants, le tout accompagné de beats complètement démentiels qui rappellent l’époque prépandémique où nous pouvions nous réunir dans un sous-sol enfumé pour y danser pendant des heures…
Après un passage aussi intense, quoi de mieux qu’Écoféministes, le tube de l’été, pour nous entraîner dans son ambiance bon enfant et ô combien énergique; il s’agit de la cassure parfaite pour entamer le dernier droit de l’album. Ce changement de ton sera de courte durée alors que le morceau flanqué d’un sympathique vidéoclip trace la voie vers trois nouvelles compositions qui formeront le sprint final.
Un démon me cherche et La soif suivent le pas en calmant légèrement le jeu et en exposant une atmosphère plus posée que sur les précédents titres. Les mélodies électroniques y sont plus expérimentales, mais tout aussi chaleureuses, un pont parfait qui nous mène vers la pièce de résistance de l’album, La crise. Impossible de finir sur une note autant éblouissante qu’avec cette nouvelle merveille. La conclusion, se démarquant par sa puissance, représente plus qu’une simple chanson, c’est une menace, une promesse, un appel à l’action, ce qui la rend encore plus remarquable et essentielle!
Ce tout premier album est l’exemple ultime de l’ingéniosité de La Fièvre qui surfe sur sa complicité ahurissante pour nous en mettre plein la vue et les oreilles. Que ce soit avec le chant rapide, impressionnant et empreint de confiance de Zéa ou avec les rythmiques cinglantes et plus qu’originales construites par Ma-Au, les deux musiciennes montrent une nouvelle fois l’importance de leur apport dans l’écosystème musical montréalais et québécois.
→ À écouter si vous aimez : Awwful, Backxwash, Brigitte Fontaine, Lafawndah, Maryze & NOVEMBER.
→ Morceau favori : La crise
Pour acheter l’album, c’est ICI.
Paru le 30 octobre 2020.
- Révision du texte par Sandra.