[Scène locale] Tint – Blueprint
La fin de février nous aura servi avec sérénité l’un des plus beaux albums montréalais issus des longs mois d’hiver. Cet intrigant duo proposant l’union entre l’artiste sonore Diego Bermudez Chamberland et le compositeur/artiste visuel Charles C-Bedford a livré son tout premier effort du nom de Blueprint. Si vous vous demandez ce que renferme cette très belle pochette, et bien, sachez qu’elle contient tout ce dont vous avez besoin pour vous évader du spleen hivernal et/ou pandémique. C’est justement dans ce bleu idyllique que nous nous apprêtons à plonger pour une immersion totale et empreinte d’une grande sensibilité.
L’approche minimaliste des premiers instants évolue rapidement vers un univers regorgeant de possibilités, où le tintement des machines stimule notre perception et nos pensées. Lorsque la douce voix d’Eugénie Jobin et le violoncelle d’Audréanne Filion s’entremêlent aux nappes électroniques sur Anima, c’est l’extase. La suite nous révèlera Pour Caro, une magique pièce progressive et très pulsée qui érige patiemment ses racines en nous. D’ailleurs, nous avons l’immense plaisir de vous présenter en primeur l’hypnotique vidéo accompagnant cette perle. Un illustre face-à-face coloré vous y attend, le résultat est de toute beauté et s’harmonise impeccablement bien avec les ingénieuses rythmiques du morceau!
Il ne faudrait surtout pas prendre une pause après ce visionnement formidable puisque quatre titres supplémentaires forgent Blueprint. L’onirique Niva fait basculer l’ambiance vers le surnaturel, le courant cyclique qui y circule nous charme, infusant des électrochocs aux moments opportuns et faisant preuve de candeur quand il le faut. C’est à ce moment que nous pouvons confirmer qu’il se passe quelque chose de magique sur cet album inattendu, une effervescence nécessaire et régénératrice. Tint surprend par sa grande maturité, démontrant une admirable retenue et sachant quand faire grimper l’intensité. Le meilleur exemple est sans doute Behind Quiet Apex et sa structure évolutive qui nous englobe avec brio dans son tourbillon sonore.
Le temps des collaborations n’est pas terminé puisque Nathan Viens (trompette) et Adrien Cartier (trombone) surgissent sur l’avant-dernier titre pour nous démontrer une autre facette de leur musique. Encore une fois, la recette du succès est l’équilibre et il est assurément atteint sur Selfdest. La montée épique qui porte la composition est l’un des moments les plus puissants de ce premier disque fort surprenant. C’est ensuite la conclusion qui nous prend par la main avec son aura positive et qui nous entraîne vers la sortie. Pour une raison inexplicable, on en ressort léger·ère et apaisé·e, comme si la musique de Tint avait une vertu thérapeutique. Croyez-moi, c’est peut-être la fin de Blueprint, mais vous aurez certainement envie de le remettre immédiatement et de lui donner une deuxième écoute attentive. Sans surprise, il est encore meilleur après coup, comme quoi Diego et Charles sont parvenus à créer une entité sincère, pertinente et attachante.
→ À écouter si vous aimez : Nicolas Jaar, Sunny Graves & viñu-vinu
→ Morceau favori : Anima
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Paru le 20 février 2021 sur Atondo Musique.