[Recommandation] Necro Deathmort
Certaines sonorités s’accrochent davantage à notre mémoire auditive, je me rappellerai toujours la première fois que l’album This Beat Is Necrotronic a fait basculer mon système sonore. Rarement un premier disque m’avait percuté aussi violemment, j’étais en totale admiration devant le génie de Matthew Rozeik et AJ Cookson. Ces deux artistes formant le projet Necro Deathmort avaient littéralement touché mes cordes sensibles, cette éblouissante fusion de musique électronique, de métal et de drone avait tout pour me passer le KO. Tout était parfait, de redoutables titres comme Origami Werewolf, Hurt Me I’m Bored ou encore Necro Effigy me font toujours autant d’effet une dizaine année plus tard. Merci à cette mystérieuse illustration, réalisée par Dominic Hailstone, présente sur la pochette qui a su piquer ma curiosité à l’époque. Comme quoi, il est important de se laisser guider par ce qui attire notre regard, même si nous n’avons aucune idée du contenu, il faut faire confiance au talent.
C’est quelques années plus tard que j’ai eu l’incroyable opportunité de les capter lors de leur prestation à l’édition 2012 du festival Roadburn, un moment gravé à jamais dans ma mémoire. L’intensité, la noirceur et la lourdeur de cette performance avaient de quoi propulser dans un état second le plus fermé des metalheads présent dans l’obscure petite salle. Cette période entourant leur deuxième album, Music Of Bleak Origin, est sans contredit celle qui me rejoint le plus à travers leur vaste discographie. Je considère encore le morceau Temple Of Juno comme l’un des plus marquants de ma vie, un titre qui a contribué à me faire chavirer vers une nouvelle passion, la musique électronique.
Je dois avouer avoir un peu perdu le fil de leurs nombreuses parutions, mais c’est à mon agréable surprise que j’ai récemment vu que l’étiquette canadienne Profound Lore Records était derrière la sortie de leur 8e album, Overland. Oui, oui, vous avez bien lu, déjà huit albums depuis la création du projet en 2007, c’est un standard de productivité qui a de quoi rendre jaloux bien des artistes. Cette première union entre le duo britannique et cette maison de disque canadienne, normalement réputée pour des parutions très nichées dans l’univers du métal, annonçait peut-être un retour aux influences plus lourdes de leur début de carrière. Heureusement, il n’en est rien puisque le duo ne cesse de regarder vers l’avant et de nous en mettre plein les oreilles en prenant des directions étonnamment délicieuses. La surprise fut énorme lorsque l’ambiance très krautrock de titres comme Cath Hedral, Gu et Obey prit d’assaut mes neurones, j’ai même cru entendre d’étonnantes similitudes avec les maitres du psychédélique Britannique, Hawkwind. Cette variété d’influences est ce qui catégorise le mieux Necro Deathmort, Matthew et AJ se foutent entièrement des attentes placées envers eux, ils se font plaisir même si parfois c’est au détriment de leurs amateurs.
Cette imprévisibilité m’a parfois effrayé, je dois l’admettre, mais il est difficile de ne pas donner crédit à des musiciens qui se réinventent constamment et qui repoussent les bornes de leurs ambitions. Overland est un périple merveilleux, plus lumineux et rythmé que ces prédécesseurs, il se veut la suite logique de leur précédent album The Capsule paru l’an dernier sur l’excellent label Rocket Recordings. Ce regain de dynamisme me replonge dans mes anciens amours et me donnera certainement l’envie de donner une seconde chance à plusieurs de leurs albums qui me sont passés sous le nez au fil des années. Si votre soif de découverte n’est pas comblée actuellement, vous venez tout juste de trouver un objectif de taille, car ce fantastique et imprévisible duo saura vous divertir et vous captiver pendant de longues heures.
Pour obtenir la preuve que la patience est toujours payante…
Pour entamer un album d’une manière frénétique…
Pour un morceau qui ne cessera jamais de me donner des frissons…
- Révision du texte par Geneviève Larouche.