[Illustration] Félicia Atkinson – Coyotes
Lorsque l’équipe du site m’a offert de créer une illustration inspirée d’un album de musique, heureux et enthousiasmé, je me suis d’abord promis que j’écouterai l’œuvre suggérée sans trop m’informer sur l’artiste et sur sa démarche. Je voulais me forcer à une sorte d’impartialité et ensuite laisser les images venir d’elles-mêmes. Mais, à l’écoute de l’envoûtante musique de Félicia Atkinson, le coyote s’est imposé. Pas vraiment le choix!
Il est possible d’obtenir une copie imprimée de l’illustration au coût de 5$, tous les profits sont remis aux artistes.
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Le truc c’est que j’ai eu ma propre expérience désert/coyote dans le sud-ouest américain il y a quelques années: les hurlements de l’animal au soleil couchant; dormir à la belle étoile et, au milieu de la nuit, ouvrir les yeux sur les profondeurs ténébreuses du cosmos remplies de mondes scintillants; découvrir au réveil qu’un coyote est venu grignoter une grosse corde à cinq mètres de moi, sans troubler mon sommeil… Ça laisse des traces!
J’ai donc finalement lu un peu sur Félicia et son «Coyotes» et ensuite j’ai écouté l’album quelques fois. De sa musique, Atkinson fait émerger des notes qui sont proches de nous, comme un langage vaguement exotique et encore compréhensible. Mais elle peint en arrière-plan un décor lointain et mystérieux de sons-paysages qui dirigent l’esprit vers un aspect de la vie que l’humain civilisé ne maîtrise pas vraiment.
Puis, ma main, guidée par un coin obscur de mon cerveau, a pondu le Grand Coyote Céleste qui vient bousculer le petit campeur humain.
Encre, pastel, aquarelle: comme un mélange de notes, d’états, de textures… J’ai même brossé son poil avec les dents d’un couteau à steak! Et c’est tombé comme ça sur la feuille. Le pire, c’est que le lendemain du jour où j’ai terminé le dessin, alors que je conduisais une camionnette entre Drummondville et Saint-Pie-de-Guire, un coyote (vrai!) a surgi du fossé devant moi, a traversé la route à quelques mètres du véhicule et est disparu dans un boisé. J’ai freiné d’urgence, j’aurais pu le frapper. En réalité, je crois que c’est plutôt lui qui nous frappe, comme le grand mouvement des êtres frappe la pensée trop statique et monolithique de l’espèce humaine.
Merci Félicia, merci le coyote, vous faites de la belle musique.
Pour acheter l’album, c’est ICI.
Paru le 3 mars 2018 sur Geographic North.
- Révision du texte par Sandra.