[Scène locale] Émilie Payeur – Kaksi Kertaa
J’écris présentement ces lignes à l’intérieur d’un autobus voguant sur les sinueuses routes portugaises à mon retour du Festival Forte, le corps fatigué et la tête pleine de souvenirs et de nostalgie. En m’apprêtant à écouter Kaksi Kertaa d’Émilie Payeur pour une énième fois, je sais que je serai conduit loin de ces émotions. Je serai transporté dans une autre aventure et c’est exactement ce dont j’ai besoin! J’avais peur que ce contexte plutôt particulier et irréel influence ma perception de l’album, mais ce n’est pas le cas. Comme pour les écoutes précédentes, dès les premières notes d’Ensimmäinen, mon esprit s’évade et se retrouve dans un univers angoissant où tout s’enchaine tranquillement, mais semble pourtant voyager si rapidement.
Kaksi Kertaa est le résultat de captations durant une résidence de la musicienne montréalaise au Third Space d’Helsinki et à la Titanik Galleria de Turku en Finlande en décembre 2017. Après avoir capté son épatante performance lors de la dernière soirée d’OK LÀ à Verdun cet été, je ne pouvais faire autrement que de m’intéresser à cette nouvelle parution sur la nouvelle et prometteuse étiquette Rara Avis.
Bon, assez de ce préambule! À quoi s’attendre lorsque vous allez démarrer la lecture? Dans Kaksi Kertaa, Émilie nous conduit dans un monde noise minimal où les repères sont peu nombreux. Il faut l’avouer, c’est plutôt déstabilisant au départ et, à mon avis, c’est ce qui en fait sa beauté. Au-delà de l’apparence agressante des sonorités stridentes qu’elle nous envoie, je trouve, à chaque reprise, une dose de réconfort dans ces froides et hypnotiques mélodies. L’ajout de chaque élément semble calculé à la perfection pour fabriquer un enchainement et une expérience musicale des plus riches.
Avec un casque, l’écho bondit d’un côté à l’autre et nous décelons encore plus facilement les subtilités qu’elle arrive à créer. Bref, la productrice montréalaise est en symbiose absolue avec ses machines et elle ne laisse rien au hasard. Le résultat ne pouvait être que positif. Je me sens privilégié que cette parution ait croisé mon chemin. Je suis toujours à la recherche de ce genre de perle, d’ovni qui réussit à me sortir de ma zone de confort et à repousser les barrières que mon cerveau tente de m’imposer. Merci pour cette expérience transcendante!
Pour acheter l’album, c’est ICI.
Paru le 21 juillet 2018.
- Révision du texte par Geneviève.