[scène locale] thisquietarmy – The Body And The Earth
La musique du vétéran de la scène expérimentale Eric Quach, mieux connu sous le nom de thisquietarmy, est toujours singulière et brillante. J’ai eu la chance d’écouter bon nombre de ses parutions au fil des années, mais c’est la première fois que je m’adonne à examiner avec autant d’attention l’une de ses offrandes. The Body And The Earth représente sa collaboration avec deux acteurs de la scène montréalaise, soit Charly Buss (BLD, Maggot Breeder et Squalor) et Marc-Olivier Germain (Near Grey).
Habitué à nous proposer une certaine diversité de styles dans ses productions, Eric oscille principalement entre les sphères de l’ambiant et du drone. Pour cette nouvelle parution, il profite de l’apport de ses collaborateurs pour explorer des sonorités plus lourdes et directes. Bien que légèrement effacée, l’essence du projet est toujours présente sur les quatre compositions, le tout chavirant toutefois vers une décoiffante tempête post-rock.
La lente entame de l’album se construit consciencieusement afin de bien nous introduire à ce monde où les repères disparaissent. D’abord planantes, les harmonies basculent peu à peu vers une région orageuse où les turbulences se multiplient, se manifestant sous la forme de percussions abrasives et écrasantes. Alliant cette lourde charge d’énergie à la trame sonore résolument atmosphérique, l’essence post-rock est profondément délectable.
Chaque morceau tergiverse entre deux univers qui s’entrechoquent pour former un ensemble cohérent et bouleversant par sa puissance. Une dualité s’installe entre la douceur des riffs aériens que forge Eric, les longues et oppressantes notes de basse de Charly et les percussions prépondérantes de Marc-Olivier, et ce, à notre plus grand plaisir auditif. Cette coexistence s’exprime entre autres par les énormes oscillations entendues sur Seismic Waves, des variations de rythme qui sont tout simplement magiques.
L’ajout de la trompette, majoritairement discrète sur l’album, parvient à élever l’intensité de chaque morceau afin de toucher droit au cœur. Une charge émotive importante est palpable du début à la fin, mais principalement lors de la première moitié d’Algal Bloom, alors qu’une mélodie harmonieuse nous berce. Je m’imaginais posé calmement sur le bord de la mer, le regard empli de résilience, à observer une tempête se dirigeant vers moi. Ce cataclysme représentant la finalité est d’une beauté sans égal.
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Paru le 12 octobre 2018 sur Counsouling Sounds et A Thousand Arms Music.
- Révision du texte par Sandra.