[Entrevue] VAPA
Avant toute chose, l’aventure de Mes enceintes font défaut est à mes yeux une source inépuisable de découvertes humaines fascinantes. L’une de celles-ci fut sans contredit ma correspondance et éventuelle rencontre avec le musicien qui se cache derrière l’excellent projet VAPA. Il n’y a rien de plus satisfaisant pour un média musical que de voir évoluer les artistes que nous soutenons depuis le tout début et celui-ci nous a surpris à maintes reprises depuis qu’il nous a écrit il y a déjà plus d’un an.
Nous avons donc décidé de vous le faire découvrir en profondeur grâce à une entrevue qui survient simultanément au lancement de son tout nouveau clip [VAPA 14] Ils Verront de la Télévision qui a été réalisé par Corentin Massot.
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Afin de mieux comprendre ton projet, j’aimerais tout d’abord que tu nous expliques la signification derrière l’acronyme VAPA. Quelles sont les raisons qui t’ont poussé à choisir ce nom et ce que représente réellement Vous n’Avez Pas d’Avis?
Vous n’Avez Pas d’Avis est lié à mon premier morceau Coluche Et le Socialisme en 2017. Ce titre dresse un bilan chaotique du parti socialiste dans les années 80, mais vient également interroger les gens sur leurs opinions et leur capacité à décider de leur avenir. «Ils ne vous demandent pas votre avis ou vous n’avez pas d’avis?». Cette interrogation doit nous pousser à aller chercher les réponses et devenir maître de notre destin. Critiquer c’est toujours simple, mais agir c’est autre chose. Avec ce nom, je veux créer un côté quasi dérangeant qui favorise le sursaut, la prise de conscience et la possibilité d’avoir un regard oblique sur tout ce qui nous entoure. C’est important de ne pas se laisser porter et même si le véritable pouvoir humain ne réside pas dans l’individu, mais dans le collectif, cela ne veut pas dire qu’il faut devenir complètement passif!
Chacune de tes créations incorpore un discours différent de la part d’une personnalité connue, souvent engagé et revendicateur. Comment procèdes-tu pour la sélection de tes sujets et pourquoi as-tu choisi de bâtir tes créations autour de ce concept particulier?
J’ai commencé par utiliser des voix de personnalités, car je ne m’imaginais pas chanter et mon niveau de production était «débutant» pour réaliser des morceaux purement instrumentaux. J’ai toujours voulu donner un sens à ma musique, j’apprécie avoir un thème pour exposer ce qui me touche. Ce n’est pas que de la musique, je veux provoquer quelque chose chez les personnes qui m’écoutent et y semer une graine de bons sens. Chaque morceau est finalement une quête personnelle accompagnée de musique.
Le concept VAPA n’est pas figé et évoluera dès cette année avec la sortie de morceaux purement instrumentaux accompagnés de clips qui porteront le thème. Ils sont engagés et revendicateurs sans doute, mais ce sont simplement des thèmes qui me parlent. Je ne suis pas un grand fan des thèmes récurrents du type amour, bonheur, la vie en rose bla bla. Il me faut quelque chose avec plus d’âme.
Provenant d’un univers musical plutôt éloigné de la musique électronique, pourrais-tu nous détailler comment l’intérêt envers ce style est apparu dans ta vie et pourquoi as-tu décidé de te lancer dans la composition?
Oui c’est vrai, je viens plutôt du rock/metal à la base. J’ai vraiment adoré tourner avec des groupes car c’est fantastique, mais je pense que je cherchais autre chose. Il y a deux ans, j’avais besoin de faire beaucoup de train et tout est venu d’une question simple: «Qu’est ce que je vais faire pendant ces huit heures de transport?». Cela correspondait à un moment où j’étais un peu frustré et perdu par la musique et une chose en entraînant une autre, j’étais content de me mettre à la MAO (Musique assistée par ordinateur) et de composer seul. Au gré de mes voyages en train et à force de faire un peu moins de guitare, j’ai trouvé un moyen différent de m’exprimer et je me suis retrouvé. Il y a une liberté totale avec ce style et son fonctionnement, c’était un nouveau départ.
Ce qui est fort avec la MAO et l’électro c’est que tout est possible et c’est vraiment impressionnant. Tout est possible à une condition: d’y passer du temps, beaucoup de temps! Avec VAPA comme entité artistique, je commence à explorer d’autres royaumes musicaux et trouver ce qui me correspond et ça, c’est cool!
La formule avec laquelle tu diffuses ta musique est plutôt inorthodoxe, elle est généralement lancée en version single sur les principales plateformes. Pouvons-nous espérer un album ou un EP dans un avenir rapproché ou bien tu prévois conserver cette méthode?
En fait, j’apprends en permanence et le fait de sortir des morceaux me fixe des deadlines qui me font énormément avancer. Je pense continuer avec ce fonctionnement toute l’année. Si je m’étais mis à composer un EP ou un album, je pense que je n’aurais encore rien sorti. La formule single me convient mieux pour le moment. La préparation d’un album ou d’un EP est vraiment différente, mais cela arrivera un jour ou l’autre avec un thème global.
Ton nouveau morceau «Ils Verront de la Télévision» est une collaboration avec l’artiste Camille Sorel. Vous avez d’ailleurs eu la chance de travailler ensemble quelques fois dans les derniers mois. Comment cette union a-t-elle vu le jour et est-ce que cela pourrait laisser place à d’autres collaborations futures?
À la fin de l’été, je vois qu’une certaine Camille Sorel partage sur Twitter mon titre Le Temps Est Chose Précieuse après l’avoir découvert sur Apple Music (sur les actus French Pop). Très touché par ce geste, je souhaite la remercier et établis le premier contact. Je découvre en même temps qu’elle est auteure de textes érotiques. Je ne connaissais pas du tout le concept et la phrase suivante de Camille le résume très bien: «Je trouve beau d’amener les gens à délaisser YouPorn pour lire des choses qui stimuleront leur imaginaire et leurs plaisirs.» Curieux de voir ce que pouvaient donner ses textes en musique, je lui propose d’enregistrer un texte. Je lui envoie ensuite une première démo dans laquelle j’habille sa voix au piano. On a tout de suite compris que ça allait fonctionner. La suite est simple, elle court s’enregistrer dans un studio et m’envoie les pistes pour que je puisse en faire une version aboutie. Après les ajouts d’une basse, de cordes et d’une batterie, le morceau Une rencontre trop sage est prêt.
Je lui ai demandé sur ce titre de s’approprier un texte de Marguerite Duras pour le restituer à sa façon. Le thème futuriste était très fort, j’avais la volonté depuis quelques mois d’en faire un morceau. J’avais une compo quasi terminée qui a tout de suite bien collé. Il y a un côté Essaie Pas, le duo que tu m’avais fait découvrir il y a près d’un an. Pour le futur? On est bien décidés à continuer de travailler ensemble sous Camille Sorel ou sous VAPA.
Je crois que tu n’es toujours pas monté sur scène avec ton projet VAPA. Est-ce quelque chose que tu souhaites mettre à exécution dans la prochaine année ou bien cela restera un projet studio?
C’est bien quelque chose qui verra le jour, mais je me pose encore des questions du type «Comment faire?». En mode DJ set ou avec tous les instruments autour et vraiment la jouer live ? Ce sera sans doute un peu les deux, mais je n’ai pas encore de réponse. En tout cas, j’ai vraiment envie de monter sur scène. Si un booker est arrivé jusqu’à la sixième question, je serai ravi d’en discuter avec lui!
Depuis la création de ce projet, tu as été d’une étonnante productivité. Afin de conclure l’entrevue, j’aimerais bien savoir quels seront les défis à relever pour l’année 2019 et à quoi pouvons-nous nous attendre musicalement de ta part?
Je souhaite développer beaucoup de choses cette année. Tout d’abord les clips, je vais accompagner chacun des prochains morceaux avec des supports visuels. C’est un art complémentaire qui me passionne et quand les deux ne font qu’un c’est juste magnifique! Je vais également travailler une version live pour la fin d’année et je souhaite multiplier les collaborations artistiques. Bref, suivez-moi tout ça tout ça!
Merci pour ton temps!
- Révision du texte par Sandra.