[Scène française] Svær – Muted People
Entamer son album par un long tunnel brumeux qui nous transporte durant plus de treize minutes vers une lueur lointaine prend une certaine dose d’audace. C’est aussi une excellente manière de filtrer les gens qui n’avaient pas prévu s’investir à fond dans l’écoute. La formule que Svær adopte sur sa somptueuse introduction White Helmet s’apparente à celle que des disciples de la lenteur comme Benoît Pioulard ou encore r beny nous servent depuis des années. Une fois l’obtention d’un niveau de concentration propice à l’immersion, il ne vous reste plus qu’à mettre le pied dans cette quête sonore qui s’avère être aussi douce que tumultueuse.
Le premier constat qui nous vient à l’esprit sur Muted People est que la chandelle qui illumine notre chemin est fragile et que l’obscurité pourrait nous engloutir en un simple coup de vent. C’est l’album qui nous guide et non l’inverse, la perte de contrôle est évidente et nous n’aurons pas le luxe de choisir la destination finale. Notre imagination est entre les mains de l’artiste français qui se charge magnifiquement bien de la faire décoller vers la stratosphère!
Ce tout premier disque du projet nous fait visiter les confins de la musique ambiante en passant par de jolies influences post-rock sans artifice qui évitent agréablement les clichés du style. Nous pouvons d’ailleurs ressentir une belle pensée envers la sonorité de la légendaire étiquette Constellation sur plusieurs compositions se retrouvant au milieu de l’aventure. C’est dans la gestion des crescendos sur Self – Enthropy et Broken Waltz Of Fukushima que Svær parvient à réellement nous surprendre. Les cassures drastiques chahutent les décibels pour former une ambiance absolument euphorique. L’équilibre entre les répétitions lancinantes et le chaos est parfaitement atteint sur Muted People. En faisant preuve de retenue et en limitant les moments frénétiques, le musicien nous permet de savourer au maximum la folie qui habite l’album.
- Révision du texte par Sandra.