[Scène locale] Amarah – Azraël
C’est avec le coeur gros et en ressentant un étrange vide que je termine une autre écoute du fabuleux Azraël, troisième EP réalisé par Amarah. Propager autant d’émotions et de véhémence avec une parution de moins de quinze minutes constitue un exploit en soi. Les compositions du groupe sont délivrées sans filtre et sans fla-fla; elles nous offrent plutôt une dose explosive d’authenticité et de sensibilité, un résultat qui fait mal, mais qui est néanmoins nécessaire. Tout en étant écrasante et macabre, la musique du quatuor est inexplicablement réconfortante et chaleureuse, comme si la solitude, thème important du travail des Montréalais, se brisait au son de chaque note.
C’est à l’aide d’un trio de musiciens fort efficace et talentueux et du charisme affolant de son chanteur qu’Amarah fait vibrer les murs depuis 2013. La formation composée de Léo Fradet, Philipe Monette, Joe Aubin et Pierre-Martial Gaillard en est à son troisième EP avec Azraël, suivant les excellents ...Chemin de l’Orée-Des-Bois (2017) et Presqu’île (2018). «Post-métal à la plume sociale», post-hardcore gorgé de mélancolie, peu importe l’étiquette donnée à leur musique, ils surfent sur une multitude de styles en étant toujours plus pesants et dans notre visage qu’avant.
En abordant des sujets lourds, mais essentiels, le groupe contribue à passer un certain message, mais surtout à déstigmatiser des concepts souvent tabous dans notre société comme l’isolement, la mort ou le viol. C’est ce qui vous attend avec la courte introduction du EP, on y entend Houcine, retraité français d’origine tunisienne, qui, dû à la solitude, n’a d’autre passe-temps que d’attendre la mort. Reportage infiniment triste, mais qui met la table à la perfection pour la désolation pugnace à venir. Trois nouvelles créations, dont une première composition acoustique, s’enchaînent sur Azraël pour verser une douche de mélancolie et de décibels sur votre journée. Meurs lance le bal avec des riffs bien gras et l’objectif de détruire tout sur son passage, mission accomplie tandis que je ne peux retenir mes hochements de têtes. Suit Sous le ciel, pièce de résistance du EP alors que Pierre-Martial gueule brutalement et que tous martèlent leur instrument à l’unisson. Finalement vient Moments, morceau acoustique qui prend directement au coeur et qui n’est pas sans me rappeler le fabuleux titre À l’usure tiré du plus récent album de Nesseria, Cette érosion de nous-mêmes.
À défaut d’assister au lancement qui devait avoir lieu dans quelques jours (9 avril), si vous n’êtes toujours pas rassasié·e·s, Amarah s’est récemment offert un Live session qui vaut assurément le détour, allez y jeter un oeil!
Pour acheter l’album, c’est ICI.
Paru le 23 mars 2020.
- Révision du texte par Sandra.