[Scène locale] Balle Molle – Crépuscule
L’insipide expression «jamais deux sans trois» vous est probablement familière, et bien elle s’applique splendidement dans le contexte de cette nouvelle chronique. Poursuivant dans la lignée post et métal à la suite de la rédaction des articles sur WuW et Amarah, c’est au tour de l’excellent projet montréalais Balle Molle d’être l’objet de notre analyse. C’est le producteur Charles Saint-Michel, que vous connaissez sans doute pour sa présence dans le trio Visions Of ou sous le nom de Glace, qui se cache derrière ce loufoque et sympathique pseudonyme. Bien que balle molle évoque un sport estival agréable, des journées ensoleillées et quelques bières entre ami·e·s pour se réchauffer, la direction empruntée est tout autre. C’est plutôt un climat orageux et obscur qui règne sur Crépuscule, bien loin d’un après-midi au parc du quartier à se lancer la balle et frapper des circuits.
Post-metal, heavy metal, blackgaze sont tous des styles qui pourraient décrire l’énorme travail de Balle Molle, mais au final la musique parle plus fort que les mots et il n’est pas nécessaire d’apposer une étiquette sur ces savantes créations. Avec ce nouvel album, Charles montre une fois de plus sa maîtrise des instruments et son talent de composition inouï alors qu’étant l’unique musicien derrière le projet, il fait résonner nos enceintes comme une tonne de brique que l’on prend volontiers en pleine gueule.
Alors que les premiers vrombissements de Crépuscule se font entendre, nous comprenons ce qui se dresse devant nous, une ambiance lourde, sombre et grisonnante, un combat acharné, inhérent à sa propre survie. La gradation du disque est plus qu’intéressante tandis que le rythme s’intensifie sur chaque morceau menant à une explosion et un excès de folie lors de la conclusion. Débutant avec La lumière du crépuscule l’album se positionne dès lors comme un vecteur de mélancolie et de rage, les deux éléments étant intrinsèquement liés. La guitare agissant comme le moteur de cette brumeuse rêverie pendant que les percussions et le chant alimentent cette colère déjà bien brûlante. Poursuis L’ordre et le chaos où s’affrontent harmonie et tumulte dans une lutte sans merci qui ne fera aucun gagnant, mais qui soulèvera énormément de poussière. Puis finalement arrive Blessures des temps révolus (obsidienne) qui offre une défonce totale et un rendu plus cru que sur les deux morceaux précédents, le désespoir règne, mais la flamme n’est pas encore éteinte.
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Paru le 8 avril 2020.