[Scène locale] thisquietarmy – Kesselhaus
Après quelques collaborations et une parution en formule « full band » au cours des dernières années, thisquietarmy récidive finalement en solo avec un nouvel album vigoureux, voire même violent. À l’instar de ses récentes prestations, le pionnier du drone montréalais ne perd pas une seconde pour nous écraser sous un mur de son. Inspiré par les nombreuses escapades berlinoises qu’il a effectuées durant la dernière décennie, vous comprendrez que l’électronique occupe une place de choix sur cette nouveauté toute fraîche. Cette approche presque méconnaissable aura de quoi surprendre les fanatiques du projet qui n’ont pas eu la chance de le voir sur scène récemment et elle saura surtout leur clouer la mâchoire au tapis.
L’aspect industriel de la capitale allemande y est assurément pour quelque chose sur la virulente introduction, car le boucan créé par la guitare donne des frissons dès les premiers sursauts. Ce début fracassant est d’autant plus intéressant lorsque des pulsars s’ajoutent à l’équation pour nous étourdir un peu. Heureusement pour nos neurones, le guitariste calme le jeu sur les morceaux suivants. Le très cérébral Severance nous replonge dans la zone brumeuse que Tim Hecker et Aidan Baker étaient parvenus à fabriquer sur leur excellente collabo Fantasma Parastasie. Il faut toutefois rester aux aguets puisque thisquietarmy ressort les crocs sur Purlieu, question de s’assurer que nos tympans ne dérougissent aucunement. La prédominance électronique se fait sentir tout au long des pièces médianes, avec de beaux élans sur Fleisch et au début de Spätkauf Crawl. Malgré sa progression plus lente, le premier extrait Cult Of Culture, que nous avions pu écouter préalablement au lancement de l’album, se veut finalement une belle synthèse de ce que renferme ce nouvel opus tout en faisant un lien extrêmement logique avec le passé de l’artiste.
Le huitième et dernier morceau formant Kesselhaus est un monument en soi. Du haut de ses 35 minutes, il propose une expérience d’écoute inouïe à lui seul. Ceux et celles qui achèteront la version physique le retrouveront d’ailleurs sur un CD accompagnant le vinyle tellement il est imposant. Les dix premières minutes sont un alliage de drone funeste et de brouillard épais. L’ambiance mortuaire qui y règne se perpétue jusqu’à mi-chemin grâce à l’apport de quelques éclats électroniques miroitant sur les parois d’un noise suffocant. Passé le cap des 17 minutes, l’incursion de sa sonorité de guitare typique achemine la composition vers un rendu plus similaire à ce qu’il nous avait habitué plus tôt dans sa carrière. Cette signature stylistique édifie les fondations d’une finale qui devient particulièrement épique dans les cinq dernières minutes. Il est facile d’acquiescer que la rampante Another Nail in the Coffin of the Corpse of a Free City aurait pu être un album a elle seule comme elle diffère de l’ensemble du disque. Même si je recommande de la délecter séparément du reste, l’intérêt que vous devriez y porter est tout aussi grand.
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Paru le 17 avril 2020 sur Midira Records.