[Recommandation] Bass Communion – Indicates Void
L’excellent label Coup sur Coup nous réservait une surprise en mai dernier avec la réédition au format cassette de l’un des albums les plus méconnus de Bass Communion. Ce projet solo du musicien britannique Steven Wilson, principalement connu pour son rôle au sein de la mythique formation de rock progressif Porcupine Tree, constitue le terrain de jeu idéal pour ses expérimentations dans le jargon de l’ambient et du drone. Initialement paru en 2005, Indicates Void trace son chemin jusqu’à nos tympans avec plusieurs années de retard. Sans surprise, la musique qu’il renferme est encore très actuelle en 2020 et n’a pas pris une ride.
L’approche de Wilson pour cet album provoquait une cassure avec sa précédente discographie. Optant pour un minimalisme assumé, il explore des territoires obscurs sur chacune des pistes avec seulement un ou deux instruments. La première portion est structurée autour d’une guitare et nous entraîne dans un état profond de zénitude. Le chemin est tracé si soigneusement que nous n’avons aucun autre choix que de nous abandonner de manière vulnérable aux douces secousses des cordes. C’est ensuite au tour de la clarinette d’émerger des profondeurs. L’instrument est utilisé avec une retenue exemplaire favorisant l’aspect très glauque de l’album. Sur cette deuxième partie, nous visitions les tréfonds de notre conscience de façon similaire à ce que le Québécois Philippe Lauzier réalise lorsqu’il remise son saxophone pour une clarinette basse.
L’apogée survient toutefois lorsque Bass Communion utilise sa voix sur la troisième pièce pour créer un indescriptible vortex. Nous sommes aspiré·e·s petit à petit par un halo lumineux croissant au même rythme que notre angoisse. Indicates Void III est une composition absolument fantastique qui joue avec notre patience, mais qui représente un véritable tour de force. L’évolution prend une tournure inattendue lorsque le piano de Steven se juxtapose au saxophone de Theo Travis. La tangente jazz minimaliste nous remémore immédiatement certains albums plus relaxants de Bohren & der Club of Gore ou de The Mount Fuji Doomjazz Corporation, mais avec une trame de fond à la Biosphere. Voici un cocktail stylistique très intéressant qui nous déstabilise en finale du disque.
Heureusement pour nous, la réédition du label canadien nous réserve deux autres pièces inédites qui sont des versions différentes et plus longues des deux premiers morceaux. Voici de quoi vous replonger dans le néant pendant encore trente fantastiques minutes. Comme il s’agit de la journée où Bandcamp lève sa côte sur les ventes, le timing est parfait si vous voulez acheter cette pépite puisque tous les profits seront remis à des organismes pour la protection des animaux en Colombie-Britannique.
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Paru le 1 mai 2020 sur Coup sur Coup Records.
- Révision du texte par Sandra.