[Recommandation] Mytrip – Keeper
Quelques secondes suffisent pour déduire que le contenu de Keeper sera aussi limpide que sa pochette. Le talentueux Bulgare nous revient avec un nouveau disque aux sonorités affutées sans toutefois vouloir trop en faire. D’apparence cristallins, mais toujours très denses, les élans salvateurs de Mytrip nous purifient de manière subversive. Ce nouvel effort est sournois, car il nous prend par la main pour mieux nous bouleverser. C’est un sacrifice émotif qui en vaut amplement le coût, un peu comme les albums les plus impliquants de notre très cher Tim Hecker.
C’est avec la pétillante Eyepiece que le tout prend forme, provocant une certaine altération des sens. La volonté que l’artiste avait de sortir de sa zone de confort est aussitôt palpable, nous entrainant avec lui dans une surprenante vague de tentatives et d’expérimentations toutes très réussies. Les pulsations font des apparences marquées sur l’album, comme dans les dernières minutes de l’excellente pièce Unsealing Colossus qui nous transcende avec son aura angoissante. La descente se poursuit avec le torrent de décibels qui nous frappe à répétition sur Blood Black Like Water. Les succulentes fluctuations rythmiques édifiant le morceau sont mémorables, surtout lorsque vous les subissez à plein volume. Il serait d’ailleurs dommage de ne pas donner une chance à Keeper avec un bon casque d’écoute et un peu d’obscurité, question de faire une véritable déconnexion avec le monde réel.
Le dernier droit nous réserve deux titres hautement texturés et légèrement plus lumineux. Une zénitude en ressort et elle nous permet de conclure l’expérience en étant revigoré·e par les ondes qui viennent de nous frapper. Une fois l’écoute terminée, on ne peut qu’acquiescer son efficacité hors pair et sa capacité à éviter les longueurs et le superflu. Contrairement à beaucoup d’artistes dans le même créneau, Mytrip maîtrise le dosage et sait comment infuser une saveur unique à ses concoctions. Sans nécessairement nous jeter par terre, le musicien pave la voie à d’intenses moments de réflexion et d’introspection.
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Paru le 1er juillet 2020 sur Amek Collective.