[Scène locale] Quogne – Quorbeaux
L’un des secrets les mieux conservés au Québec est sans doute la qualité des parutions qui se retrouvent sur l’étiquette Union Finale. Avec une première sortie depuis 2016, la maison de disque dirigée à partir de la campagne québécoise par Geneviève Beaulieu et Édouard S. Lamothe fait un impressionnant retour à la surface. Vous les avez peut-être connu·e·s à l’époque active de leur projet collaboratif Menace Ruine ou encore au sein des groupes M.O.R., Preterite et S/V\R pour ne nommez que ceux-là. Chose certaine, cette nouveauté de Quogne accompagnera à merveille l’arrivée de l’automne avec ses synthétiseurs froids et ses percussions cinglantes.
Derrière cet avatar qui nous était inconnu jusqu’à l’annonce de Quorbeaux se cache Édouard, co-fondateur du label. L’artiste sort d’une période musicale plus silencieuse qui aura duré quelques années et il nous revient avec un son plus accessible frôlant légèrement la synth-pop. Les fidèles de sa discographie n’ont toutefois pas à s’inquiéter de ce changement de cap, puisque la signature sonore est tout aussi marquante et singulière. Le voile noir qui englobe ses compositions est toujours bien en place et nous avons quelque peu l’impression de nous retrouver devant la suite logique de son projet S/V\R en version plus accessible. Geneviève fait même une apparition remarquée au chant sur la bombe qu’est La rivière la nuit en adaptant librement un poème de Mary Oliver. Vous pouvez d’ailleurs accompagner l’écoute de cette pièce avec un hypnotique vidéoclip autoproduit qui se situe au bas de l’article, ce que nous vous recommandons fortement de faire!
Si les trois premières compositions vont ont semblé plus rythmés, la suite de l’album tend vers la lenteur et les dérives expérimentales. Quogne s’amuse librement avec les structures afin de matérialiser d’angoissantes ambiances, Grands quorbeaux arrive en tête de liste avec ses sinistres chants d’oiseaux. Les synthés étoffés de Libellules nous plongent instantanément dans un univers digne de Cortini tandis que la finale étourdissante vient clore la superbe expérience d’écoute avec des percussions acerbes. Sans contredit l’une des meilleures propositions québécoises de cette année absolument bordélique.
→ À écouter si vous aimez : Franck Vigroux, The Knife, TNGHT & Varg.
→ Morceau favori : La rivière la nuit
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Paru le 27 août 2020 sur Union Finale.