[Entrevue] MFC Records – Strangers In Their Own World
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Il y a à peine un mois, on apprenait l’arrivée d’un nouveau label à Montréal, le stimulant projet de BitterCaress, MFC Records! Maintenant que nous sommes à quelques semaines du lancement de sa première parution intitulée Strangers In Their Own World, voyant le jour le 29 janvier prochain, nous avons eu le privilège de poser quelques questions aux artistes qui ont participé à cette éclatante compilation. Faisant appel au talent débordant de Aahan, Alexa Borzyk, Inside Blur, KORVN et ottoman.grüw, l’album nous fera explorer différentes thématiques et les univers riches de chacune des productrices et chacun des producteurs. Avis aux fans de techno, il est possible de précommander la compilation ICI, et il est important de noter que tous les profits seront remis à à la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP), organisation américaine luttant pour la défense des droits des personnes racisées.
Aahan
Venant de Toronto, Aahan est désormais suivi dans le monde entier. Il a déjà reçu le soutien massif des plus grands noms de la techno et des meilleurs artistes de l’industrie. Il a, de plus, réussi à accomplir un rêve en signant sur ses labels préférés: Monnom Black et Clergy. L’avenir s’annonce radieux pour Aahan, qui apporte sa touche techno unique à MFC Records.
Thème du morceau sur « Strangers in their own world »: l’isolation.
La mission de MFC Records est claire, celle de concilier la techno et l’activisme. Comment voyez-vous le rôle de la musique dans les luttes sociales et pourquoi est-ce aussi important pour vous que votre pratique porte une connotation non seulement artistique, mais également communautaire?
Je crois qu’il est important de se rappeler des racines de la musique techno et des communautés qui y contribuent depuis des années et qui la supportent depuis plusieurs décennies. La majorité de la musique que je produis laisse place à l’interprétation de l’auditoire, je crois qu’il s’agit de l’un des éléments propres à ce genre. Toutefois, en tant qu’artiste, j’ai la conviction qu’il est primordial de s’entraider en tant que communauté et qu’il faut supporter les communautés marginalisées qui contribuent à la musique et à la scène depuis très longtemps.
Le morceau que tu as produit pour la compilation aborde le thème de l’isolation, situation que beaucoup de gens vivent depuis le début de la pandémie. Comment le contexte mondial actuel a-t-il influencé la création de cette pièce?
La pièce elle-même n’est pas une réflexion de mon expérience durant la pandémie, mais elle reflète plutôt de nouvelles techniques de production avec lesquelles j’ai travaillé dans la dernière année. Je souhaitais balancer les percussions lourdes avec la mélodie et l’atmosphère, en plus des voix hantées. En ce sens, ça incarne le thème général de la compilation.
Le 15 janvier prochain, tu sortiras un EP nommé Unholy Empire sur le réputé label berlinois Monnom Black, peux-tu nous parler de cette parution qui s’annonce assez brutale et que nous avons bien hâte d’entendre?
Cette parution m’excite beaucoup. C’est surréel de sortir un EP solo sur mon label favori depuis des années. Je souhaitais créer quatre morceaux uniques, mais cohérents qui proposent des thèmes et des atmosphères similaires. J’espère que l’auditoire ressentira la même chose.
Alexa Borzyk
Alex a commencé son parcours musical à l’âge de 8 ans en tant que violoniste puis en jouant de la guitare à partir de l’âge de 15 ans. Après plusieurs années dans la scène psytrance Montréalaise, elle commença son périple dans la scène techno en passant son temps à collectionner de nouveaux morceaux pendant son temps à l’école d’infirmières. Sa marque de fabrique: son énergie inépuisable et une touche techno 90’s. Le style d’Alex tire ses racines en puisant dans ses origines belges/polonaises et dans les souvenirs de ses nombreux voyages. Ayant déjà joué à Illusion Festival, dans la SATosphere et au Salon Daomé, la scène techno montréalaise est familière du son d’Alex. Elle a également joué aux côtés de Stephanie Sykes et VTSS dans les événements qu’elle a produits au Livart et aux Entrepôts Dominion. Elle se concentre actuellement sur la production musicale avec comme objectif de sortir son premier EP en 2021. Restez à l’écoute!
Thème du morceau sur « Strangers in their own world »: la santé mentale et l’itinérance à cause du COVID-19.
La mission de MFC Records est claire, celle de concilier la techno et l’activisme. Comment voyez-vous le rôle de la musique dans les luttes sociales et pourquoi est-ce aussi important pour vous que votre pratique porte une connotation non seulement artistique, mais également communautaire?
La techno est comme le punk rock et le côté anarchiste de la musique électronique. Elle porte la colère, l’espoir et la tristesse. Des sentiments ressentis très fortement lorsqu’on s’implique dans les luttes sociales. Je crois qu’il est important qu’une composition revêtisse une signification et des émotions. Ce que les mots ne peuvent pas décrire, la musique peut l’exprimer.
Tu as débuté ton parcours musical en pratiquant le violon et la guitare, tu es ensuite devenue DJ et tu présentes sur cette compilation ta toute première production. Peux-tu nous parler de comment s’est orchestré cette évolution dans ta pratique musicale?
J’ai commencé à jouer du violon à un jeune âge. Ça a évolué vers la guitare et l’écriture de chansons à l’école secondaire. Au fil des années, j’ai expérimenté avec différents instruments comme le ukulele, l’harmonica, la basse et le piano. J’ai toujours été portée vers la musique et j’envisageais mon futur dans ce domaine. J’ai été introduite au DJing et à la musique électronique après avoir été impliquée dans l’organisation de soirées psytrance. Ma meilleure amie du secondaire était une DJ et organisatrice psytrance, après que j’aie découvert la techno, j’ai été inspirée à m’impliquer dans la scène montréalaise en tant qu’organisatrice d’événements techno. Ça n’a pas fonctionné de la manière que le souhaitais et j’ai été encouragée à lancer mes propres productions à la fin de 2019, ce qui m’a rapproché de mon côté musical.
Étant une DJ habituée de jouer lors de grosses soirées et nous présentant maintenant une pièce qui nous donne envie de bouger frénétiquement, comment se passe la vie loin des dancefloors et travailles-tu à la conception d’un live set pour ton retour?
J’ai survécu en vivant dans un monde fantaisiste parce que la réalité peut être trop difficile. Je rêve du jour où j’aurai l’opportunité de jouer lors de concerts comme le Piknic ou au STEREO, si jamais ce jour vient. Je travaille présentement sur mon EP intitulé Reflection, inspiré par l’événement du même nom que j’ai organisé en 2019. J’aimerais partager mon expérience des intéressantes dernières années dans une histoire prenant la forme d’un EP de quatre pièces.
Inside Blur
Élevée en plein air aux alentours de Toulouse, Inside Blur a choisi Montréal qui ne lui avait pourtant rien demandée. Depuis cette rencontre aussi fortuite que belle, la jeune fille aux multiples facettes ne cesse de s’épanouir. Techno, Acid, EBM, New-Wave, Trance, tout son univers sonique existe pour faire danser, avec un sain soupçon de dérision à la française. Après avoir sorti on premier EP sur le label parisien INTERVISION aux côtés de DJ Varsovie, elle se concentre maintenant sur ses prochaines sorties ainsi que ses études en musiques numériques. Elle a récemment commencé à organiser des soirées incongrues dans les terrains vagues et autres parcs de la grande île, invitant ses amis et autres artistes locaux de talent. Mot d’ordre: Transpire.
Thème du morceau sur « Strangers in their own world »: violence policière.
La mission de MFC Records est claire, celle de concilier la techno et l’activisme. Comment voyez-vous le rôle de la musique dans les luttes sociales et pourquoi est-ce aussi important pour vous que votre pratique porte une connotation non seulement artistique, mais également communautaire?
La musique a toujours été un excellent moyen de toucher, de rassembler et de solidariser les gens, et pour cette raison je pense que c’est important de profiter de ça pour mettre en avant des causes qui nous tiennent à cœur. Même si dans la musique techno le message n’est pas toujours aussi transparent aujourd’hui que dans la scène punk ou rap par exemple, il y a d’autres façons de provoquer le changement. Ça peut être en récoltant des fonds avec des sorties musicales comme le fait ici BitterCaress, ou encore en organisant/participant à des soirées dont les profits seraient ensuite déversés à des œuvres caritatives. Au-delà d’amasser de l’argent, ces luttes sociales peuvent se tenir au sein même des organismes et collectifs. Je pense par exemple au nouveau label de Rebeka Warrior (WARRIORECORDS) qui affiche clairement des valeurs trans, queer, féministe et anti-raciste. Les soirées, quand elles reprendront, seront principalement composées de femmes, avec des tarifs d’entrées adaptés à tous les budgets et surtout une équité salariale pour tous les organisateurs, artistes, bartender, sécurité, etc. En plus de ça, tous leur merch sera vegan. Ils viennent donner un souffle nouveau à la scène techno trop souvent capitalisée et dénuée d’initiatives sociales et politiques. Pour moi ils ont tout compris et je trouve leur démarche très inspirante.
Quand Camille m’a parlé de son projet avec MFC Records, j’ai immédiatement accepté. Parce que oui, je trouve ça important que ma musique soutienne des valeurs communautaires et qu’elle n’existe pas uniquement à des fins artistiques ou de développement personnel.
Ta pièce Brain To Body s’attaque au thème de la violence policière avec des rythmiques intenses et répressives. Peux-tu nous expliquer l’idée derrière cette création, ce qui t’a amenée à choisir ce sujet et ton état d’esprit au moment de la produire?
Brain To Body vient faire écho à tout ce que l’on a pu voir récemment dans les médias, et qui ne représente qu’une étroite partie de la réalité, au sujet des violences policières. Que ce soit dans mon pays natal où les policiers sont formés, comme des chiens de chasse, à faire preuve de brutalité alors qu’ils n’ont rien à se mettre sous la dent, ou encore dans mon pays d’accueil où la police fait trop souvent preuve de racisme à l’encontre des Premières Nations et des personnes non blanches en général. You need to vibrate higher, c’est-à-dire élever sa conscience et se rendre compte que tout le monde ne traverse pas la vie avec les mêmes privilèges. Une personne qui n’a pas la même couleur de peau et qui n’a pas grandi dans le même milieu socio-culturel que nous n’est pas inférieure. Elle a seulement besoin d’être écoutée, incluse et respectée, et ce dès le plus jeune âge. Celui qui accuse, frappe et tue parce que la différence le dérange est celui qui devrait se sentir étranger à ce monde. On peut offrir plus qu’un simple rapport de force et de haine, surtout venant d’une société où des valeurs de liberté et d’égalité sont prônées.
© Photo: Sihame Assbague
Tu organises les événements Transpire aux côtés de Tom Bonheur, nous avons eu la chance d’assister à une édition au Parc Jarry et il s’agit de l’un des plus beaux souvenirs de l’été dernier. Comment as-tu vécu l’organisation d’événements dans des conditions aussi particulières et que réserve le futur pour la série?
C’était incroyable de pouvoir danser et oublier, ou plutôt se rappeler de ce que c’était haha. Ça faisait un petit moment qu’on parlait de faire ça avec Tom, avant le covid en fait. C’est justement l’arrêt de toutes les activités musicales et culturelles qui nous a mis un petit coup de pied. On a vu une génératrice en rabais chez Rona et on s’est dit allez c’est parti. Quelques ami(e)s nous ont aidé à transporter le matériel avant et après les dj sets, on les en remercie encore. La police est venue nous rendre visite à plusieurs reprises mais a été clémente, voyant que la grande majorité des danseurs respectaient les règles sanitaires. On a vraiment très très hâte de remettre ça dès que les rassemblements seront ré-autorisés. En extérieur comme en intérieur. Le Club Pelicano nous avait d’ailleurs donné quelques dates durant lesquelles on prévoyait inviter des DJs à mixer avec nous. Finalement on a pu en faire une avec Tom et Roll Le Barge de Kizi Garden Records, juste avant que tout referme. C’était vraiment très cool mais ça le sera d’autant plus quand les gens pourront danser sans contrainte!
En attendant de pouvoir refaire des soirées, on va commencer d’ici quelques semaines à publier des mixs sur le SoundCloud tout frais de Transpire. Affaire à suivre ici: https://soundcloud.com/transpire-mtl
KORVN
Originaire de la côte ouest-française, KORVN vit à Montréal depuis 2016. C’est ici qu’il commença à explorer les possibilités de la création musicale puis ce sont des rencontres plus extraordinaires les unes que les autres qui lui donnèrent l’envie et la motivation de se lancer dans la production et le DJing. De machines en ordinateurs, KORVN cherche à narrer les maux de son coeur et ses pensées insensées. Ses inspirations sont multiples, mais sa musique est tintée par un style de techno brut et sombre, par des percussions acérées et parfois brutales, mais aussi par des mélodies et des ambiances enivrantes.
Fervent défenseur de la scène techno montréalaise, il a aussi étudié dans le domaine des productions culturelles et prend part à l’organisation d’événements d’envergures au sein du collectif OCTOV. Ses rencontres avec les artistes de la scène européenne et le nombre d’heures incalculables passées à les écouter n’ont donné à KORVN qu’une seule envie: «permettre aux gens de s’évader dans un esprit de communion le temps d’un morceau ou d’un set explosif». Il a récemment signé ses premiers morceaux sur un label montréalais prometteur, Secret Knowledge, et réfléchi inlassablement à la manière dont il pourrait présenter son univers musical sous la forme d’un live set.
Thème du morceau sur « Strangers in their own world »: les persones sans-abris.
La mission de MFC Records est claire, celle de concilier la techno et l’activisme. Comment voyez-vous le rôle de la musique dans les luttes sociales et pourquoi est-ce aussi important pour vous que votre pratique porte une connotation non seulement artistique, mais également communautaire?
Je pense que la musique et la culture en générale jouent plusieurs rôles dans notre société et notamment celui de l’activisme. La musique a régulièrement permis de défendre des causes, et ce à travers toutes les époques et tous les courants musicaux confondus. La musique permet de faire porter les voix plus loin grâce à sa popularité dans toutes les strates de notre société. Ce n’est en revanche pas toujours facile pour la techno de jouer le rôle de l’activisme simplement à travers la musique, car elle n’a en général pas l’arme que d’autres musiques possèdent: la parole. Sans voix ni texte, il est selon moi plus difficile de transmettre des messages forts comme on peut le voir dans le rap conscient par exemple. Il faut donc redoubler d’efforts pour accompagner les morceaux d’une bonne communication sur les sujets qui nous tiennent à cœur pour que l’intention ne soit pas transmise seulement avec l’écoute. Ainsi, rien n’empêche la techno de jouer ce rôle-là et c’est même important à mes yeux qu’elle le joue pour conscientiser ses propres communautés. En soi, la techno me permet de m’évader et de m’émanciper, mais aussi de m’exprimer sur des causes importantes. C’est pour cela que je vois le projet MFC Records de bon augure, car il peut permettre à de jeunes artistes, et à d’autres déjà bien établis, de faire porter leur voix plus loin, de se faire entendre et surtout de redonner aux organisations qui se battent quotidiennement pour ça. Par ailleurs, je pense que les artistes qui ont le plus d’influence devraient s’en servir pour rejoindre le plus large public possible et faire écho à ces luttes dans notre société, pour qu’elles ne sombrent pas dans l’oubli.
Ta track Street Strangers porte un titre lourd de sens et adresse le thème des personnes sans-abris, un sujet particulièrement d’actualité avec la pandémie et le démantèlement du Campement Notre-Dame. Qu’as-tu souhaité évoquer avec ta chanson plus spécifiquement?
Avec ce morceau, j’ai souhaité raconter la souffrance que peut faire ressentir l’ignorance de l’autre et le rejet de la société. Dès l’introduction, on peut se placer dans la peau d’une personne sans abris qui marche en plein centre-ville d’une grande métropole et qui se sent seule malgré des rues bondées. Personne ne lui parle, les regards sont fuyants, on l’ignore pour ne pas voir la réalité en face. Puis, on entend le passage d’un train et on peut imaginer le protagoniste seul, proche d’une voie ferrée et sous un pont. On peut d’ailleurs entendre son cri de rage et de désespoir pendant le break du morceau. J’ai choisi ce sujet, car j’ai l’impression qu’on l’oublie trop facilement alors qu’il est là sous nos yeux et que l’on peut tous faire quelque chose. Même s’il s’agit de petits gestes, ils peuvent faire une différence importante mis bout à bout. Tout être humain a le droit à la sauvegarde de sa dignité et l’ignorance d’autrui n’est en aucun cas une solution. En plus, le nombre de personnes sans-abris a drastiquement augmenté à cause de la pandémie. Il est donc plus que jamais temps de se débarrasser de notre individualisme primaire au moins pendant un instant. L’été dernier, je passais régulièrement devant le campement de la rue Notre-Dame et je l’ai vu grandir. J’ai l’impression qu’il a pris de l’ampleur et qu’il y a eu un certain engouement, car les personnes pouvaient s’entraider sur un lieu commun et centralisé. Il semblait par ailleurs bien accepté dans le quartier. C’est un phénomène qui existe déjà ailleurs et j’ai l’impression qu’il risque de prendre de l’ampleur à Montréal et qu’il s’agit là d’un indicateur de plus du mal-être de notre société ainsi que de la passivité de nos pouvoirs publics pour trouver des solutions durables et dignes.
Tu fais partie de l’équipe d’organisation du collectif montréalais OCTOV qui s’affaire à présenter des soirées techno d’envergure et tu es désormais l’un des DJ résidents. Comment se déroule la période d’inactivité actuelle pour vous et à quoi pouvons-nous nous attendre lorsque les dancelfoors revivront?
Nous sommes toutes et tous bénévoles alors nous avons au moins la chance de pouvoir préserver une équipe soudée et plus que jamais motivée pour une future reprise des évènements. On remercie aussi énormément notre fidèle public qui nous a fait quelques dons pour pouvoir payer nos charges qui elles ne se sont pas arrêtées avec la COVID-19. Nous avons fait le choix de rester actif coûte que coûte et essayons de rester sur cette lancée. On a eu le projet RAVE’IN notamment qui nous a permis de continuer à promouvoir notre culture et principalement des artistes locaux. Ce que l’on remarque, c’est qu’il est devenu compliqué d’attirer beaucoup de monde en ligne. C’est difficile de vivre un événement à travers un écran, car un événement c’est aussi et avant tout une expérience qui se vit pleinement et un formidable lieu d’échange. Je pense que ce qui nous manque le plus à l’heure actuelle c’est justement la socialisation. En tout cas, c’est très important pour nous de continuer à faire vivre notre scène et à promouvoir les artistes qui la font vivre jusqu’à ce que l’on puisse reprendre les véritables évènements. Quand ce moment arrivera, on souhaite avoir le plus de monde possible au rendez-vous pour pouvoir vivre quelque chose d’extraordinaire tous ensemble. On espère ressentir une certaine effervescence à nos prochains évènements!
© Photo: Clementine Martin
ottoman.grüw
Piégé entre chair et technologie dans une entité cybernétique extraterrestre, ottoman.grüw est un producteur et performeur à multiples facettes. Voix mystiques, synthétiseurs et boîtes à rythmes analogiques, donnent lieu à une performance live immersive à travers un système solaire post-humain. Performant et produisant depuis 2017, ottoman.grüw cherche à créer des morceaux riches en émotions; composés de textures abrasives, voix mystiques, percussions industrielles et sons d’une autre dimension. Au carrefour entre punk-techno electronica et rave, la musique de ottoman.grüw contient une vitalité déroutante, brouillant les frontières entre « underground dance music » et musique expérimentale. Atmosphérique et à la fois caractérisée par des rythmes implacables, elle offre aux personnes qui l’écoutent un voyage corporel et émotif profond.
En peu de temps, ottoman.grüw a sorti ses productions sur des maisons de disques très variées à travers l’Europe, oscillant entre des sons bruts et d’autres plus polis. Les derniers EPs ont été soutenus par des artistes établis de la scène, tels que Dax J, Thomas P. Heckmann, Marcel Fengler, Remco Beekwilder, D. Carbone ou Hadone.
Thème du morceau sur « Strangers in their own world »: un avenir meilleur.
La mission de MFC Records est claire, celle de concilier la techno et l’activisme. Comment voyez-vous le rôle de la musique dans les luttes sociales et pourquoi est-ce aussi important pour vous que votre pratique porte une connotation non seulement artistique, mais également communautaire?
À mon avis, nous vivons dans une société trop chaotique pour faire de l’art dénué de sens. La musique dépolitisée/apolitique n’a plus sa place. Au sujet de la techno, bien que cette musique se soit embourgeoisée, soit touchée par le capitalisme et rentre donc dans les logiques économiques des industries culturelles, il ne faut pas pour autant en oublier ses valeurs originelles qui sont basées sur des principes d’inclusion et de solidarité.
Ta pièce s’intitule Visions Of Tomorrow et ravive l’espoir d’un futur plus ensoleillé. À quoi ressemble un avenir meilleur pour ottoman.grüw et quelle place la musique occupe dans ce changement?
La musique doit être un moteur de changement social, que ce soit par son contenu ou par les moments de «vivre ensemble» et de solidarité qu’elle enduit. Ce genre de projet, comme celui de MFC Records ou encore Montreal Dances Across Borders dont le Volume 1 est sorti en septembre 2020, doivent rappeler (même si ça peut sonner “utopique” dit comme ça) que cette musique est avant tout faite pour réunir à travers tout type de frontières.
La musique d’ottoman.grüw est très spatiale et orientée vers l’espace. D’où provient cet intérêt pour l’astronomie qui rend ton univers si unique et immersif et que souhaites-tu nous communiquer?
D’un côté il y a la poésie d’une dimension scientifique rationnelle liée à l’astronomie, avec une forme de rigueur froide et structurée. D’un autre côté il y a la science-fiction qui recouvre une certaine beauté mystique, incertaine, dystopique, désordonnée, et donc très actuelle. Le rêve d’une altérité, d’une issue de secours.
© Photo: Sabina Roman