[Scène locale] ottoman.grüw – Live From Anywhere Else
Malgré notre proximité avec le fulgurant projet ottoman.grüw, nous avions envie de revenir sur leur plus récente parution ayant vu le jour en février dernier sur l’excellent label italien Insane Industry. Ce duo séparé par l’océan Atlantique agit tel un serpent à deux têtes et tente de demeurer plus vivant que jamais en dépit de la distance. Pour ce faire, cette nouvelle proposition est issue d’un live intimiste qui a eu lieu l’été dernier sur la terrasse de l’un des deux protagonistes, celle du fringant Jean Grünewald. Les trois pièces qui nous sont servies sous une inquiétante et mystérieuse pochette de la part d’Elisa Gleize frappent droit dans le mile et sont également revisitées par trois artistes dans la deuxième portion du EP, de quoi vous faire bouger pendant une trentaine de minutes.
La voix galactique de Jean ne perd pas de temps à se faire entendre, les échos de ses murmures se font ensevelir sous une imposante couche de basses et de percussions viscérales. On s’y sent revitalisé·e, comme si le martèlement des machines nous tirait vers le haut et nous injectait une dose d’énergie plus que nécessaire. Cette cadence est à la fois élévatrice et posée, les répétitions nous rendent frénétiques, mais agissent aussi comme des stabilisateurs, nous incitant à danser tout en conservant une zone mentale propice à la réflexion. Ce n’est pas tout à fait le cas avec le deuxième titre qui se déferle sur nous en mode «ravage», les percussions ultra-rapides nous mitraillent et ça devient aussitôt l’extase. Heureusement, le producteur a bon cœur et nous laisse quelques répits durant lesquels il communique avec nous de manière interstellaire, ce chant de l’au-delà est réellement devenu la marque de commerce du projet. Une fois la transition assurée par une conclusion plus exploratoire, le dernier morceau se dresse devant nous avec une structure relativement expérimentale. Les oscillations forgent les contours de Here We Can See et nous hypnotisent durant plus de deux minutes afin de paver la voie vers la section des remix qui s’annonce fort agréable.
Qui de mieux placée que la productrice montréalaise CMD pour démarrer le tout? En s’attaquant à Anywhere Else avec son flair rythmique habituel elle sait s’approprier le style distinct d’ottoman.grüw et le faire tanguer dans une tout autre direction. Cette approche plus sobre va à ravir à la voix cosmique que nous aimons tant. Vient ensuite le tour d’Auspex qui infuse sa vision à la dévastatrice Turbulences et qui la rend infaillible pour le dancefloor. L’énergie initiale est bien conservée, mais on va cette fois droit au but avec des percussions plus typiques en matière de techno, de quoi vous donner quelques raideurs à la nuque après l’écoute. Ces deux premiers remix étaient des choix très judicieux pour complémenter l’univers déjà bien riche du projet. La finale est une restructuration éclatée de la part de Jean lui-même qui s’assure d’aligner sa conclusion vers une direction abyssale. Cette déroute légèrement dissonante calme le jeu et nous permet de retrouver nos repères après quelques minutes d’égarement sur la piste de dance (lire ici notre salon…). Voici une excellente manière de vous faire découvrir l’univers diamétralement opposé de Jean Grünewald lorsqu’il agit sous son nom personnel et non au sein du duo. Si vous aimez les aventures sonores tortueuses, vous adorerez ce qu’il produit sous cette bannière. Voilà ce qui conclut un EP qui se consomme à vitesse grand V et qui se réécoute sans modération lorsque vous avez besoin d’un petit coup de pied au derrière pour entamer votre journée!
→ À écouter si vous aimez : Field Agent, Lower Tar, Orphx, Pulsum & Sciahri.
→ Morceau favori : Turbulences
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Paru le 22 février 2021 sur Insane Industry.
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