[Scène locale] Andy Razafi – Mahaleo
Si, comme moi, vous êtes un enfant des années 80, vous avez sans doute dansé sur le tube australien Down Under de Men At Work une tonne de fois. Ce qui me faisait vibrer particulièrement avec cette chanson, qui représente l’un des plus populaires vers d’oreille de sa génération, était cette manière de chanter si attachante, cette cadence improbable qui nous fait vriller le cœur. Lorsque le premier single Welcome Cyberblues d’Andy Razafi s’était frayé un chemin jusqu’à mes tympans en février dernier, j’avais eu le même sentiment d’admiration qui fait flancher les genoux. Cette voix prédominante, pour ne pas dire spectrale, possède un petit quelque chose de magique, une pureté qui nous procure des frissons à chacun des refrains.
Extrêmement difficile à qualifier, la musique d’Andy nous absorbe de la plus douce des manières, créant une voûte soyeuse où les réverbérations vocales représentent la figure de proue. Mahaleo est un EP qui nous présente un artiste en symbiose avec ses émotions, et qui livre les mots avec une sincérité déconcertante. Il maîtrise l’art des échos comme bien peu de gens savent le faire et oriente sa sonorité rock vers des contrées envoûtantes et rassembleuses. Le Montréalais d’origine malgacho-ivoirienne détient aussi la faculté de nous faire rêvasser, il sait créer des crescendos très émotifs, mais il semble également en plein contrôle lorsqu’il calme le jeu sur les derniers morceaux de l’album.
Le melting-pot d’influences qu’il nous propose est délicat et savamment dosé, les productions électroniques sont planantes et la guitare gracieuse. Cela nous force à imaginer ce que cette musique pourrait être en concert… et ça nous fait grandement saliver. L’intensité et la proximité émotive qui émane de Mahaleo doit se traduire magnifiquement bien sur scène accompagnée de plusieurs musiciens. L’ambiance suave est contagieuse lors d’une simple écoute sur notre système audio, alors une fois balancé sur un système son d’envergure, l’expérience doit être enivrante. Cet EP s’inscrit merveilleusement bien avec le printemps qui bat son plein et rayonne de pair avec le climat de libération qui s’installe progressivement à Montréal et au Québec en général. Il aurait été dommage de sortir un album aussi lumineux, personnel et porteur d’espoir en plein cœur de l’hiver. Andy Razafi et sa bande représentent la surprise que vous n’attendiez pas en cette fin mai, et qui vous séduira à coup sûr. C’est un personnage attachant qui nous réservera assurément de belles choses au fil des mois et des années à venir!
→ À écouter si vous aimez : Allah-Las, Elephant Stone, Sessa & The High Dials
→ Morceau favori : Welcome Cyberblues
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Paru le 21 mai 2021 sur Rooftop Tales Records.
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