[Recommandation] Patricia
Malgré ce que le nom du projet laisse sous-entendre, Patricia est en réalité le pseudonyme du musicien américain Max Ravitz. Basé à Brooklyn depuis déjà plusieurs années, ce talentueux producteur est issu de la riche scène électronique de Chicago. Il contribue depuis près de quatre ans à faire rayonner l’effervescente sphère musicale new-yorkaise dont font partie plusieurs de nos précédentes recommandations telles que Gunnar Haslam, Hiro Kone et Xeno & Oaklander. Après la parution d’un remarquable EP intitulé Side Piece sur l’étiquette Spectral Sound en 2014, il est de retour avec une publication d’envergure sur cette même maison de disque. Several Shades Of The Same Color est son premier album intégral à ne pas voir le jour sur Opal Tapes, son précédent qui portait le nom de Bem Inventory s’était d’ailleurs faufilé dans mes favoris de 2015. L’étrange signature rythmique de cet opus m’avait littéralement bouleversé, c’était de l’électro déjantée et difficile d’approche, mais qui révélait de nombreuses subtilités à chacune de mes écoutes. Un titre comme Needs A Nap ne ressemblait à rien de ce que j’avais entendu auparavant, une répétition simple au premier coup d’œil, mais qui s’avérait être d’une profondeur inestimable. Le coup de foudre fut immédiat, depuis ce temps, il m’est impossible de lever le nez sur l’une de ses offrandes. Ses percussions arythmiques entrecroisées de sa touche électronique lo-fi font de Patricia l’un des producteurs les plus originaux de sa cohorte. Ce n’était qu’une question de temps avant de le voir retentir sur le site, un créateur de ce niveau mérite toute l’attention de nos lecteurs.
Les premières notes de Several Shades Of The Same Color rassureront aussitôt ses plus vieux admirateurs, sa sonorité décalée, voire même volontairement dissonante est bel et bien de retour. La qualité sonore semble également avoir grimpée d’un niveau, il nous avait auparavant habitué à un mix très éloigné et renfermé. Sans toutefois se dénaturer, Max Ravitz propulse l’auditeur dans un périple qui s’annonce légèrement moins claustrophobique. Au premier coup d’œil, l’album nous apparaît terriblement imposant, du haut de ses quinze titres d’environ six minutes, il faut s’armer de patience et de courage pour analyser tout ce nouveau matériel. Ce volume est clairement inhabituel pour le musicien américain, qui gravite généralement aux environs de cinq à sept compositions par disque. Cette longueur se justifie aisément par la présence d’une plus grande variété de styles, puisque de magnifiques pièces plus ambiantes comme The Words Are Just Sounds et Étant Donnés ont définitivement de quoi séduire les auditeurs. Nous avons également la chance de voir Patricia sortir de sa zone de confort avec des morceaux plus rapides et ultra-efficaces comme Alternate Mindset, Feel Your Body et You Never Listen. J’avoue prendre un grand plaisir à faire tourner fréquemment cette extraordinaire parution, car lors de chacune des écoutes, mon titre favori est mis au placard par un nouveau qui prend la relève. J’ai rarement entendu un résultat aussi complet et fascinant, étant plutôt amateur de la formule EP, je m’admets vaincu face à ce magicien de l’électronique. Certes, une écoute dévouée et soucieuse est nécessaire pour percer la coquille, mais une fois cette étape transgressée, vous serez littéralement au paradis.
Terminons avec une note du créateur de ce bijou à propos de la manière d’apprécier sa musique:
« Tips for listeners: consider the moment in which you exist; pay attention to how these sounds evoke physiological (rather than cognitive) responses. Listeners may find themselves deriving immense physical pleasure from exposure to these sounds. Inability to achieve such pleasure is likely attributable to over-analysis of the aforementioned audio content — or to improper amplification.
Don’t think; just hear. »
Pour un étonnant détour en territoire dub…
Pour une originalité sans précédent…
Pour l’un de ses morceaux les plus percutants…