[Recommandation] bvdub
Certains albums méritent une attention particulière, ce sont des œuvres où la beauté ne peut être saisie sans une totale dévotion de l’auditeur. Le vaste univers de la musique ambiante est parfait pour nous accompagner dans nos lectures, nos méditations ou nos promenades solitaires. L’album Epilogues For The End Of The Sky transcende cette notion d’ambiance, il est si puissant qu’il transforme littéralement la pièce dans laquelle vous vous retrouvez ou l’activité que vous exécutez. La douceur des compositions de bvdub n’a d’égal que sa déstabilisante force, c’est un album aux contrastes pratiquement inexistants, mais à l’efficacité pure. Parus sur l’étiquette italienne Glacial Movements en avril dernier, les huit titres que propose le musicien américain Brock Van Wey se fusionnent parfaitement avec la thématique du label. Cet opus nous démontre la beauté de la finalité, il s’agit de la trame sonore d’une lente fin du monde. Empreint d’une certaine tristesse, ce disque agit tout de même sur nous comme un baume sur nos plaies psychologiques. Malgré cette intense décharge émotive, bvdub parvient à approprié un aspect curatif à sa musique. Cette session thérapeutique s’apparente à un rendez-vous chez le psychologue, pour quelques dollars en moins évidemment. Le titre Footsteps Fade If Not Your Pain est si bon qu’il se qualifie parmi mes morceaux favoris de l’année, c’est intemporellement magnifique.
Oscillant malgré lui entre sa Californie natale et son amour pour la Chine, Brock a longuement été professeur d’anglais dans le plus grand pays d’Asie orientale. Il est issu d’un parcours classique où il a appris le violon dès l’âge de cinq ans et un peu plus tard le piano. Actif musicalement depuis d’innombrables années, il s’illustra notamment comme DJ dans la scène rave de San Francisco dans les années 90, mais il décida de créer ses propres compositions seulement vers 2006. C’est donc il y a une dizaine d’années qu’il officialisa la création de son principal projet musical, intitulé bvdub. Avec plus d’une cinquantaine de parutions en à peine une décennie, la moindre des choses serait de le qualifier de productif. Il serait facile de crouler sous cette production de masse, mais l’effort en vaut entièrement le détour. La passion et l’intensité de ses admirateurs sont peu communes dans le jargon de la musique ambiante, il frappe dans le mille avec sa signature très personnelle. Chacune des notes provient de ses tripes, elles doivent avoir un sens pour lui afin de se retrouver sur un album. Son lourd bagage en matière de dépressions chroniques donne naissance à un sentiment de vérité qui colle incontestablement à ses créations. bvdub est en quelque sorte la raison de vivre et le moyen d’expression d’un être tourmenté, comment ne pas avoir envie de plonger dans son univers et de voir la beauté qui en ressort?
Pour une montée d’intensité mémorable…
Pour mettre un frein à la frénésie avoisinante…
Pour un agréable sentiment de flottement…