[Recommandation] Evitceles – Anuket
Situé dans la très lointaine ville de Sofia en Bulgarie, le mystérieux musicien Etien Slavchev s’est retrouvé sous mon radar grâce à sa présence sur la compilation Emissions qui est parue l’an dernier sur l’étiquette Seagrave. Il n’était pas étonnant que quelques mois plus tard, il rejoignait la légendaire institution de la musique expérimentale qu’est Opal Tapes avec son EP Imperfect Charm. Ayant été dépisté par deux de mes références en matière de musique électronique, il m’était alors impossible d’ignorer son premier véritable album.
Quelques secondes du morceau d’ouverture ont suffi à me faire réaliser que cet opus frappe directement dans le mille. La production énigmatique rend totalement justice aux étincelles sonores qui émanent de Broken August. Rarement j’ai été aussi interpellé par une composition dans les dernières années. Cette entrée en matière est presque nuisible au reste de l’album, car elle m’a forcé à la faire rejouer sans cesse. Il est facile de réaliser que le chemin qui se dresse devant nous sera imprévisible et garni d’une multitude de surprises, notamment par l’ingénieuse utilisation de samples qui se fondent merveilleusement bien aux rythmiques saccadées qui alimentent Anuket. C’est d’ailleurs ce fameux échantillonnage vocal sur le titre June qui a tout d’abord piqué ma curiosité. L’accent québécois du locuteur m’est apparu très surprenant puisque cette composition a été créée par un artiste qui se situe sur un autre continent. J’avais vu juste puisque le segment audio provient justement d’un court documentaire datant des années 2000 sur des graffiteurs montréalais. Comment ce vidéo est-il arrivé aux oreilles d’Evitceles? Je n’en ai aucune idée, mais je sais qu’il a déjà vécu à Toronto il y a de cela plusieurs années. Alors, peut-être s’est-il intéressé à cette scène artistique marginale lors de son séjour au Canada?
Revenons-en à l’essentiel c’est-à-dire à sa délicieuse musique abstraite qui est empreinte d’une profondeur émotive exceptionnelle. Malgré une ligne directrice plus ou moins claire entre certaines portions de la cassette, la pertinence du travail d’Etien est toujours évidente. Comment ne pas tomber sous le charme de lft ou encore de la sublime conclusion hllf. Cette dernière est un tour de force; il s’agit probablement de sa plus belle réalisation jusqu’à présent. L’avenir est extrêmement prometteur pour ce producteur qui a le vent dans les voiles depuis plus d’un an. Jusqu’où arrivera-t-il à nous faire décoller avec son électro planant? Personne ne le sait vraiment, mais le potentiel est infini et je serai certainement l’un de ceux et de celles qui resteront à l’affut afin de ne rien rater de son envol. Evitceles est tout simplement grandiose et très imaginatif sur Anuket. C’est un album qui aura du mal à quitter mon système de son dans les prochains mois. À consommer sans modération!
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Paru le 1 janvier 2018 sur Seagrave.
- Révision du texte par Geneviève.