[Entrevue] Rei Rea
L’idée d’une rencontre avec l’artiste québécois Christian Dubé, mieux connu dans le milieu en tant que Rei Rea, mijotait depuis un certain temps dans mes neurones. Il faut dire que son étrange et délectable musique expérimentale me berce depuis déjà plusieurs années. Il ne fallait rien de plus que la simple annonce d’un concert à la fin du mois d’avril pour déclencher officiellement ce projet d’entrevue, qui en aura été une d’exception.
Dans le confort de sa chaleureuse demeure située sur la Rive-Sud de Montréal, nous avons finalement pu échanger longuement sur une multitude de sujets. Prenez alors quelques minutes pour traverser avec nous plusieurs étapes, présentes et futures, de sa fascinante vie artistique. Vous découvrirez à travers cette lecture un être humain d’une générosité et d’un talent hors du commun.
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En me basant sur la majorité des t-shirts que tu portes, j’en déduis que tu adores la musique métal et tout ce qui offre une jolie dose de brutalité. Pourrais-tu nous décrire brièvement ton parcours musical et quel genre de relation tu as avec ce créneau musical spécifique?
Je résumerais mon amour pour le métal à une seule chose; la passion pour la distorsion. Mon oreille en adore toutes les formes possibles. Sans cet élément, ce style musical n’existerait tout simplement pas. Je peux assimiler tous les genres de musique, mais je préfère lorsque le résultat est distorsionné. C’est aussi ce qui m’a motivé à créer du son par mes propres moyens, surtout en matière d’électronique. Lorsque je compose, mon objectif est d’en mettre le plus possible sans toutefois trop saturer mes créations. Je ne veux pas uniquement avoir un mur de bruit, j’aime bien y ajouter une rythmique ou une distinction. Je veux quand même que ce soit le plus abrasif possible, mais tout en restant concret.
Pour en revenir à la manière dont ce genre m’a influencé. Quand j’avais huit ans, mon père et ma mère ont divorcé et j’ai passé un mois chez mes grand-parents. Cette période de transition s’est déroulée dans une région très creuse du Bas-du-Fleuve et il n’y avait absolument rien à faire. J’avais seulement à ma disposition la discographie de mes oncles, qui étaient relativement jeunes. C’est à ce moment que j’ai découvert Black Sabbath et j’ai immédiatement compris que c’était pour dominer pendant longtemps mes goûts musicaux. Il y a aussi eu Rush et Pink Floyd, mais celui-ci a été une véritable révélation. Ça surprenait beaucoup de gens de mon entourage que j’écoute ce groupe aussi tôt dans mon enfance, mais le dommage était déjà fait. Cette dose de décibels était pour moi très confortable.
Ma carrière musicale est survenue plus tardivement, au moment où j’ai eu les moyens de le faire. L’intérêt envers cette forme d’art a toujours été présent, mais je ne pouvais pas nécessairement me le permettre financièrement à l’époque. Tout a changé quand j’ai pu mettre la main sur une copie de Reason et aussi lorsque j’ai pu essayer un sampler. Je m’amusais beaucoup avec ce dernier, notamment à réduire le pitch pour avoir une plus longue durée d’échantillonnage. Comme c’était trop cher pour m’en procurer un, j’ai plutôt expérimenté les manières de le faire à partir du logiciel lui-même. C’est comme ça que mes premières ébauches ont vu le jour. Je pourrais résumer mes premiers pas de cette façon : échantillonner, réduire le pitch et mettre de la distorsion!
Beaucoup plus tard, c’est en allant voir mes premiers spectacles à Montréal que j’ai découvert des projets comme celui de Martin Sasseville, Wapstan. Nous avons développé une bonne relation et il m’a invité à plusieurs de ses événements. J’y ai perçu quelque chose de motivant et c’est à ce moment que j’ai commencé à penser plus objectivement à faire mes premières prestations. Cette rencontre constitue un moment révélateur, car il m’a dit que c’était possible de faire un spectacle même si je ne savais pas réellement comment jouer. Il m’a fait comprendre que si je voulais faire de l’expérimental, il y avait une possibilité de le faire de manière cordiale et chaleureuse.
Par la suite, j’ai commencé à m’impliquer davantage dans la scène musicale principalement en tant que spectateur. La première personne qui m’a réellement donné ma chance a été Martin Dumais, de Aun. Il m’a offert de faire partie de l’un de ses événements et j’ai finalement dit oui. Ensuite, j’ai entamé la préparation de matériel que j’allais pouvoir reproduire en direct. Dans mon cas, tout s’est toujours proposé plutôt que de s’imposer, j’ai simplement pris les propositions comme elles me venaient au fil du temps. De toute façon, ma musique est à la base très personnelle, d’abord et avant tout je la fais pour moi. C’est donc un bonus si par la suite je parviens à rejoindre un auditoire.
Tu auras justement le défi d’ouvrir une soirée de musique lourde le 28 avril prochain à Montréal dans le cadre du Apriliis Fest. Comment abordes-tu ce genre d’événement particulier, est-ce que ta préparation diffère de ta routine habituelle?
Pas réellement, je suis plutôt à l’aise avec cette situation en réalité. Mes meilleurs événements ont toujours été lorsque j’ai fait la première partie de soirée comme celle du Apriliis. Mon projet est l’élément qui est un peu à l’écart des autres, alors j’adopte une philosophie dans laquelle je perçois mon rôle comme celui de réchauffer les amplificateurs pour la suite des choses. Je suis très confortable avec cette vision, celle d’avoir un pied dans une soirée qui me concerne plus ou moins et d’essayer de faire le rapprochement. Dans ce cas-ci, mon approche pour le festival ne sera pas douce du tout. J’irai à la limite entre le bruit et l’acceptable, en ajoutant quelques nuances comme j’aime bien le faire.
Je dirais même que c’est ce que je préfère, car si on m’avait invité dans une soirée simplement noise ou drone, j’aurais probablement refusé. Ça m’intéresse plus ou moins de réaliser ce genre de performances, je privilégie lorsque je suis un peu en retrait par rapport aux autres projets tout en restant légèrement dans l’optique de la soirée. Justement, l’un de mes premiers spectacles était en ouverture du groupe canadien de doom nommé Haggatha. Ce n’était évidemment pas moi qui avait attiré l’attention et je m’en doutais bien. Ce qui est agréable dans tout ça, c’est que lorsque j’ai terminé, je peux aller prendre une bière et profiter du reste sans avoir de pression. Finalement, je trouve que c’est un beau rôle de faire la première partie.
Lors de notre précédente rencontre, tu n’as pas tardé à me parler de ton lieu de création bien particulier. Tu as rapidement fait référence à une ambiance typiquement Evil Dead. Pourrais-tu nous expliquer les origines de ton sanctuaire et son évolution globale?
Ça a toujours été un besoin, mais l’opportunité d’avoir ce lieu ne s’est pas toujours présentée au fil des années. Maintenant que je sais que je l’ai et qu’il est là pour rester, c’est une sorte de confort. Évidemment, le cinéma d’horreur a toujours été une passion dans ma vie. Alors, posséder un sous-sol frais, humide, miteux et même un peu spongieux avec des murs en pierres est quelque chose de réel. Ce n’est pas seulement dans mon imagination, c’est bel et bien concret. Cette ambiance me donne le luxe de pouvoir me déchainer. Comme je suis souvent seul ici, je me laisse vraiment aller avec mon inspiration. Parfois les résultats sont positifs, à d’autres moments ils sont plutôt négatifs, mais l’important est d’avoir ce lieu primordial ou je peux m’exécuter librement.
Étonnement, je suis beaucoup plus créatif musicalement durant l’été. Je prends plaisir à sortir dans ma cour arrière avec mes appareils qui fonctionnent à batterie et un ordinateur portable. Je m’installe et j’apprivoise mes instruments en plein soleil avec une bonne bière froide. J’irais même jusqu’à dire que ça devient presque mon deuxième salon. J’utilise généralement des écouteurs pour ne pas trop déranger les voisins, mais je me permets parfois un luxe avec mon petit Roland Cube qui sonne super bien. Ce n’est généralement pas très long avant que ma compagne vienne me faire signe de baisser le volume.
Auparavant, j’ai eu un loft sur la rue Moreau dans l’est de Montréal. Pendant longtemps, c’était un lieu très populaire chez les artistes et il fallait généralement en être un pour y détenir un local. C’était une belle communauté où une ambiance unique régnait, mais ça devenait parfois chaotique. Je serais curieux de voir l’état des lieux actuellement. Je n’ai pas composé de musique là-bas, mais j’ai créé beaucoup de tableaux par contre.
J’aimerais justement en profiter pour parler aussi de ma passion pour l’art visuel. C’est aussi survenu aux alentours de mes huit ans. Je suivais des cours avec un maître peintre qui m’a fait apprécier cette forme d’art à un très bas âge. Avec lui, j’ai appris la coloration, les couleurs de base et la plupart des rudiments sans toutefois aller trop vers la technique. Je faisais principalement des reproductions à ce moment, une période que je considère d’ailleurs comme la plus payante de ma vie. Je n’avais aucune idée que ça allait me suivre pour le reste de mes jours. Mes parents voyaient en moi un potentiel, mais c’était difficile d’imaginer jusqu’où ça pouvait aller. De tous les cadeaux que j’ai eus de la leur part, ces cours de peinture furent sans aucun doute le plus magnifique. Je me sers aussi énormément de cette pratique en guise d’échappatoire, ça a pris une ampleur que je n’avais jamais anticipée. En évoluant en tant qu’individu, je me suis rendu compte que c’était absolument nécessaire à ma vie.
Les lecteur·trice·s qui te connaissent ont certainement remarqués que tu as pris un certain recul de la scène musicale depuis quelques années, du moins physiquement. J’imagine que la vie de famille y joue un certain rôle. Quelle genre de dualité existe-t-il entre Christian Dubé le père de famille et Christian Dubé l’artiste/musicien?
L’art représente à mes yeux une valve, une échappatoire, mais aussi une nécessité. Ma famille le subi, mais d’une façon balancée. Ils savent que c’est un besoin dans ma vie, d’avoir cette porte de sortie créative. Au final, le négatif y tombe généralement et ça fait ressortir le positif dans les autres facettes de mon quotidien. C’est une forme de sacrifice qui permet d’atteindre un certain équilibre. Oui c’est toujours un peu délicat, car je peux comprendre, par exemple, l’incertitude de ma compagne lorsque je vais voir un événement avec des étrangers où faire un spectacle dans un endroit inconnu. Ça ne crée pas nécessairement de tensions, mais si je me mets dans la peau de l’autre individu, je réalise que c’est difficile à accepter. En quelque part, j’ai une volonté de partir à l’aventure et de découvrir la scène montréalaise. Par contre, je n’ai jamais eu une envie dominante de me produire en spectacle. Celle de créer du son est présente depuis longtemps, mais les prestations n’ont jamais vraiment fait partie de mes motivations premières.
J’ai été très impliqué dans la scène en tant que spectateur et musicien pendant une dizaine d’années, mais après tout ce temps les choses qui gravitent autour continuent leurs existences. La famille poursuit son développement et j’ai réalisé que je ne pouvais pas m’investir comme si j’étais célibataire ou sans attache par exemple. Cela vient évidemment avec certaines responsabilités et le fait de côtoyer continuellement des artistes qui n’ont pas à vivre ce genre de choses a créé un détachement de mon côté. Par la suite, j’ai dû accepter de façon très naturelle ce recul qui s’imposait de plus en plus. Malgré tout, je qualifierais ces années d’exceptionnelles, cette possibilité de rencontrer des gens avec une mentalité similaire était incroyable. Ce n’est pas aussi facile d’obtenir ce même genre de chimie avec quelqu’un dans nos milieux de travail ou social par exemple. Tout cela se déroulait de manière très instinctive, sans forcer ou trop analyser les choses.
Tu gères depuis 2011 ta propre maison de disques, Crater Records. Est-ce que ce projet est pour toi la manière de rester connecté avec cette scène musicale dont tu t’es volontairement éloigné au fil des ans?
J’ai rarement la chance de parler de la raison d’être de Crater Records. L’objectif n’a jamais été de vendre des disques en quantité industrielle. En fait, les débuts du projet remontent à l’époque de Myspace. Au moment où cette plateforme était très efficace pour permettre la création de liens entre les individus. Il y avait une facilité à prendre contact avec d’autres artistes et à faire des albums de type split. Pour lancer ce genre de disques, il fallait toutefois une référence, un point d’ancrage. À la base, l’étiquette me servait justement de maison mère pour la réalisation de ce genre de collaboration et pour tisser des liens. C’était une façon pour moi d’archiver mes réalisations et de pouvoir les consulter facilement par la suite. Tout cela sans réellement faire de promotion ou, du moins, au minimum.
Il y a même eu une année où c’était assez efficace, j’ai dû poster environ quatre cents CD-R autoproduits à travers le monde. Je n’avais jamais envisagé atteindre ce genre de résultats avec ce projet. Depuis quelques années, je garde l’étiquette vivante seulement à titre d’éventualité. Je ne ressens pas le besoin de remiser la maison de disques même si elle n’est plus très active en ce moment. J’ai maintenu une présence sur les réseaux sociaux et ça me permet de publier certaines informations sous un autre nom que celui de Rei Rea, qui lui, pourrait changer demain matin comme il s’agit simplement d’un nom d’artiste. J’en profite aussi pour donner une certaine visibilité aux gens qui m’aident parfois avec mes différents projets. Il y a notamment un Californien nommé Dustin Jeffries avec lequel j’ai développé une très belle amitié, il a un superbe projet de black noise qui s’appelle Enbilulugugal. C’est fréquent qu’il utilise mes illustrations sur les pochettes de ses albums, nous nous rendons souvent des services d’un côté comme de l’autre. Je tente de lui rendre la pareille avec mon label sans toutefois viser une quelconque fonction commerciale.
Tu as laissé paraître en mars dernier le quatrième volume de la série Blalaster. Quel est le concept qui se dissimule derrière ces créations très imposantes et imagées? Le cinquième volet étant déjà annoncé, à quoi devons-nous nous attendre pour la suite des choses?
En effet, j’ai déjà conçu la pochette pour le cinquième volume, car j’ai eu une idée et je ne voulais absolument pas la laisser s’échapper. Il me reste seulement à finaliser la musique qui s’agencera avec celui-ci. La série Blalaster est une dérivation de mon projet Rei Rea, je ne voulais pas changer d’appellation, mais j’avais envie d’essayer autre chose. D’ailleurs, la signification de ce nom est bien simple ; Rei est un prénom réel souvent utilisé au Japon ou en Asie, tandis que Rea est un nom de famille. C’est un peu comme un «Richard Buckman», un genre d’alias ou de pseudonyme. Par contre, je crois que la plupart des gens ne le perçoivent pas nécessairement de cette façon-là.
Revenons-en au concept derrière ces albums, je les considère comme le volet électronique de mes expérimentations musicales. Un résultat qui met l’accent sur le groove sans toutefois tomber dans l’industriel. Je suis notamment très inspiré par le trip hop, car c’est le genre de musique électro que tu peux écouter dans ton salon sans avoir envie de prendre de la drogue si tu vois ce que je veux dire. C’est une forme de continuation de mon amour pour ce style.
Disons que parfois je me sens aussi un peu inconfortable, car j’emprunte des sons à d’autres artistes dans cette démarche créative sans donner le crédit qui leur est dû. Comme je n’y perçois aucune vision commerciale, alors je me permets de le faire malgré tout. Est-ce vraiment grave si je considère que je le fais uniquement pour mon propre plaisir? Je suis tout de même tiraillé, car je me dis par moment que je ne devrais pas le faire puisque je rends ces compilations publiques. Lorsque j’ai appris qu’un certain mouvement appelé le vaporwave le faisait sans même se poser de questions, alors je me suis un peu déculpabilisé.
Le procédé consiste souvent à prendre une pièce existante, de la ralentir, de l’étirer, de réduire le pitch et de mettre de la distorsion. Une bonne vieille recette qui fonctionne toujours dans mon cas. Blalaster, c’est un peu comme une bande sonore que je conçois pour moi-même. C’est un processus très formateur, autant en musique qu’en peinture, d’apprendre à imiter nos modèles pour ensuite développer notre propre style. J’abuse littéralement des droits d’auteur pour éventuellement en arriver à mes propres compositions. J’ai conscience que je vole à autrui, mais en même temps, le dernier volet de la série contient très peu de matériel emprunté.
J’adore toutefois prendre des échantillons d’émission de télévision britannique que j’affectionne, ou encore des éléments politiques que je greffe aux morceaux. La géopolitique est une véritable passion pour moi, j’aime intégrer des sujets qui ne sont pas couverts par les grands médias. Avec la technologie, nous pouvons savoir ce qui se passe à mille lieues de nos demeures, c’est incroyable. Par exemple, il y a quelque chose de beau à entendre des gens parler en arabe. Même si je ne comprends rien, je trouve cela puissant et réel. L’émotion qui s’en dégage est palpable malgré l’incompréhension, c’est tangible. Cette manière de composer est un peu la nouvelle sauce de Rei Rea, je ne sais pas combien de temps cela va durer, mais pour l’instant j’y prends beaucoup de plaisir.
Comme tu fais de la musique depuis déjà un bon nombre d’années, tu as sans doute vécu une vaste gamme d’émotions et d’expériences phénoménales. Reste-t-il encore quelque chose que tu aimerais vivre dans ta carrière? Y a-t-il un rêve un peu plus fou, voire même utopique, que tu aimerais réaliser?
L’approche ultime serait de faire la trame sonore entière d’un film, pas seulement une pièce ou un segment, mais vraiment du début à la fin. Je rêve de voir les images et de devoir y incorporer l’aspect sonore, de développer l’émotivité en lien avec le visuel. C’est le genre de projet qui me motiverait à fond, où je me donnerais à 110%. Je vois cela comme un très grand défi puisque je n’ai jamais eu à le faire. Quelques courts métrages ont utilisé mes pièces, mais elles avaient été sélectionnées après coup. Je ne les avais pas composées spécifiquement pour ceux-ci.
Il y a un type de cinéma qui m’enchanterait énormément. Dans la frénésie de l’évolution technologique actuelle, il y a une mode de retour vers l’arrière qui m’allume beaucoup. Certains cinéastes choisissent de travailler avec de plus vieilles versions d’effets spéciaux numériques (CGI). L’utilisation volontaire d’une technologie bas de gamme me fascine, même si ce n’est pas encore très populaire, je trouve cette idée très intéressante. J’y vois un plus grand potentiel que le haut rendement des logiciels d’aujourd’hui. J’ai toujours adoré la techno un peu plus marginale, plus crasseuse. Je suis fasciné par cette éternelle recherche du crade.
Merci pour ton temps!