[Recommandation] Bjarki – Oli Gumm
Très présent sur la scène électronique depuis de nombreuses années, le producteur islandais Bjarki revient avec ce nouvel EP nommé Oli Gumm. Il se compose de cinq morceaux qui viennent tout juste de sortir sur l’étiquette de Nina Kraviz, qui fut créée en 2014. Avec 21 compilations sorties en quatre ans, la célèbre Russe a défini une ligne artistique qui lui est propre. Les musicien·ne·s qui l’accompagnent dans ce projet tels que Biogen, PTU, Roma Zuckerman et surtout Bjarki, ont su proposer des titres bien différents de ce que l’on peut trouver dans le marché musical actuel. Les rythmes, bien loin d’être simplistes, sont mêlés à des sonorités et mélodies pouvant parfois paraître singulières pour l’auditoire. Ce nouvel EP en est le parfait exemple. Figure emblématique de la maison de disques, il nous propose de rentrer en communion avec son univers qui allie IDM, acid house, ambiant et trance.
La puissance saisissante du drop associé avec un accompagnement à la fois surprenant et très rythmique se marie très bien pour cette première piste éponyme. L’impression qui m’a le plus marqué est la violence de la première partie de ces cinq minutes. L’intensité est telle que j’ai la sensation d’être en plein milieu de la détonation de la plus grosse bombe atomique jamais conçue, Tsar Bomba ou RDS-220. L’efficacité pour faire danser les personnes sur la piste Oli Gumm contraste nettement avec l’aspect moins ravageur qu’il a souhaité faire apparaître sur Fork 2-2 et Sleikjó. Le premier titre met plus l’accent sur une longue montée, agrémentée d’une partie plus rythmique qui vient dynamiser le tout. Sleikjó, quant à lui, insiste plus sur l’enchaînement de différentes cadences imprimant l’identité de cette composition.
Attaquant directement avec une grosse basse, Hatann Satann se construit autour d’un arpège descendant. Les bruits périphériques connotés animaliers sont de plus en plus présents. L’emballement de ces cris et hurlements m’inspire un moment étrange. Une catastrophe naturelle pourrait se produire et les animaux terrifiés fuiraient le danger arrivant à grands pas. Toutefois, lorsque les kicks redoublent de puissance, les appels désespérés ne se font finalement plus entendre… Pour finir, 7 Fila Karamellur Lion Bar se distingue par une association bien équilibrée d’une partie rythmique très entraînante avec un côté plus pesant caractérisé par des voix sauvages. Ce que j’apprécie le plus dans ces sons de cloches, ce sont les différents enchaînements entrecoupés de notes plus graves. De ce fait, ces variations ne permettent pas à l’auditeur·trice de tomber dans une possible monotonie à la première écoute du morceau.
Ainsi s’achève le travail de Bjarki R. Sigurdarson après une durée de 25 minutes. Fidèle à lui-même, il se démarque encore une fois par une originalité remarquable dans ses compositions. Ne tombant pas dans une certaine facilité musicale, il a réussi à créer cinq pièces qui, à la fois, reflètent l’identité artistique du producteur et qui sont totalement différentes les unes des autres. Le label трип s’enrichit de cette sortie que Nina Kraviz avait notamment jouée en première mondiale à l’édition de Time Warp.
Pour acheter l’album, c’est ICI.
Paru le 27 juillet 2018 sur трип.
- Révision du texte par Sandra.