[Entrevue] Musique Maison
Pour moi, le plus grand plaisir en musique a toujours été les nombreuses rencontres qui en ont découlé. Vivre cette connexion imprévue avec des gens qui partagent une certaine passion, mais avec un bagage fort différent, est toujours agréable. C’est exactement ce qu’a représenté pour moi cette soirée estivale en compagnie de formidables artistes que je n’avais jamais côtoyés auparavant.
Menée par notre nouveau rédacteur Jonas, cette entrevue avec deux membres, Guillaume et Yannick, du collectif Musique Maison s’est avérée pleine d’anecdotes et de surprises. Je vous invite donc à prendre quelques minutes de votre journée afin de vous familiariser avec un important nouveau visage de la scène québécoise qui aura certainement une influence majeure dans les années à venir.
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Pourriez-vous débuter en nous expliquant brièvement l’origine de votre étiquette Musique Maison?
Guillaume: En fait, Musique Maison c’est à la base une bande d’ami·e·s qui sortait dans les raves au début des années 2000 et qui, finalement, ne trouvait plus vraiment sa place dans ce milieu. Nous n’aimions pas aller dans les clubs typiques, alors nous avons commencé à faire nos propres soirées intimes, mais en gardant l’esprit d’antan qui nous manquait. C’est quelque chose de collectif où tout le monde apportait ce qu’il faisait, que ce soit de manière amateur dans leur sous-sol ou encore de façon plus aboutie.
Nous voulions juste avoir du plaisir et faire les choses nous-mêmes, les faire «home-made», de là l’origine du nom de la maison de disques. Il y a évidemment une référence à l’esprit DIY, mais aussi à notre amour de la musique house. C’était une traduction de notre besoin de faire la fête toute la nuit avec nos proches et tout cela d’une manière qui nous convenait davantage.
Yannick: Je décrirais ça comme un cadavre exquis, tout le monde arrivait avec son segment de la phrase pour créer un tout. Nos soirées prennent encore un peu cette forme, c’est quelque chose de légèrement programmé, mais avec une très grande dose d’imprévisibilité. Nous ne nous faisons pas toujours entendre nos créations à l’avance, l’objectif est de nous surprendre et de nous séduire. C’est une sorte d’échange symbolique se rapprochant justement de la séduction. Musique Maison, c’est cette complicité là à la base.
G: De plus en plus de gens se greffaient à nos fêtes et c’était devenu trop gros pour le faire dans de simples appartements. Les gens avaient longtemps toléré nos folies, mais ce n’était plus possible de continuer. Nous avons alors constaté qu’il fallait sortir de chez nous.
Pour ma part, c’est à ce moment que j’avais décroché. J’étais de retour aux études quand le projet s’est officialisé sous ce nom et je n’étais plus vraiment présent. C’est Yannick, en compagnie d’Éric et Julie, qui forment l’excellent duo Violence, qui ont débuté l’aventure. Ils habitent à Gatineau actuellement, mais ils ont sorti des albums sur Visage Musique et Electronic Emergencies. C’est un genre de synth pop éthéré absolument magnifique.
Y: Nous leur rendons visitent en Outaouais quelques fois par année. Nous arrivons le vendredi et nous ressortons le lundi matin, c’est vraiment une grosse fête. Ils ont une jolie maison avec un spa. Nous faisons de la musique au sous-sol et nous dansons, c’est génial.
Éric et Julie ont un autre projet qui s’appelle Niche Construction. Ça ressemble plus à de la techno typique des années 1990. Ils n’avaient aucune intention de sortir ce matériel, c’était censé rester totalement privé pour nos propres fêtes. J’ai fini par les convaincre de publier leurs compositions, d’en faire un vinyle et de lancer Musique Maison par la même occasion. C’était notre première parution, elle a vu le jour en 2016. Nous avions célébré le tout en faisant venir Steve Summers de Chicago pour le lancement de tout ça.
En mai dernier, Yannick, tu as sorti ton premier EP «À quelque chose malheur est bon». Je propose tout simplement de te lancer la question «À quoi»?
Y: La phrase est en fait un message que j’ai trouvé à l’intérieur d’un biscuit chinois lorsque je mangeais à Ottawa avec Émilie Roby du projet Bleu de Minuit. Nous trouvions que ça collait vraiment bien à ma vie. Les choses qui arrivent, je les prends comme elles me viennent. Il y a souvent beaucoup de malheur, mais aussi très souvent du bonheur. Tout ça sert à me construire et à me transcender. Je trouvais ça beau, car ça expliquait plusieurs facettes de ma vie d’une manière tellement simple. C’est survenu au moment où je faisais la création de mon album, alors c’était parfait.
Ce n’est pas un malheur spécifique, j’en ai eu tellement dans ma vie des drames. Tout ça m’a permis de devenir une meilleure personne, de me faire grandir. Je suis hypersensible, je trouve ça vraiment difficile, mais je suis très combatif et j’essaye de rester plus ou moins positif. Je tente plutôt d’être productif et de m’en inspirer.
Mon nom d’artiste Freigeist c’est exactement à cause de ça. Ça signifie d’avoir l’esprit complètement libre, d’être un libre penseur. Je veux essayer de me détacher, de faire mes choses sans avoir réellement d’influences directes. J’aime travailler par nécessité, ne pas penser à la réception. Je tente simplement d’être honnête avec moi-même et de voir si ça me plait profondément.
Comment avez-vous commencé à faire de la musique, s’agissait-il réellement de vos premières parutions en carrière?
Y: Ça fait environ trois ans que j’ai commencé à réellement en faire, mais ça faisait vingt ans que j’attendais. J’allais dans des raves à l’âge de quinze ans en me disant qu’un jour j’allais faire de la techno. J’ai mis beaucoup trop de temps à m’y mettre, même si j’étais très actif dans différentes sphères artistiques. Je suis tout de même content de m’y mettre à l’aube de la quarantaine, car je le fais d’une manière qui me convient parfaitement et en prenant mon temps. J’imagine que j’attendais d’être véritablement prêt.
J’ai longtemps procrastiné cette idée, j’étais sans doute un peu trop gêné et craintif pour me lancer. Je me critique énormément dans la vie quand je fais de l’art, donc je n’étais pas vraiment prêt à ça. Quand nous avons parti Musique Maison, je me suis rendu compte que tous mes ami·e·s en faisaient. Je me suis alors demandé ce que j’attendais pour les rejoindre. Je me suis alors réellement motivé et j’ai foncé une fois pour toutes. Comme ça j’allais pouvoir faire mes créations et les jouer en spectacle devant eux.
Je suis plutôt sévère et anxieux par rapport à ce que je présente aux autres, alors ça m’a permis d’avoir la confiance de me produire de manière plus propice et intime au départ. Nous faisions beaucoup d’événements privés par le passé. J’y ai longtemps fait de l’art performance avant que je présente ma musique. Nous avons ensuite élargi notre cercle en faisant des événements qui étaient ouverts au public.
Tout cela me procurait un espace intéressant pour travailler, pour m’accomplir. Je ne me lançais pas tout seul dans le vide, j’avais mes proches pour me soutenir. J’ai toujours su que le moment où j’allais commencer à faire de la musique allait être une grosse étape de ma vie, que ça allait changer quelque chose. Au final, je trouve ça bien d’avoir attendu le bon moment pour le faire. Je ne me sens pas dans la productivité, parce que de l’arts ça doit être avant tout du plaisir. Je ne me mets aucune pression, aucun deadline, mais Guillaume m’en donne parfois, car c’est un peu lui qui gère cet aspect du collectif. C’est un peu son poste informel, il agit comme un manager. Les gens lui transmettent leurs idées et lui il s’organise pour que ça se matérialise.
G: Pour résumer un peu mon parcours, au Cégep j’avais un groupe dans lequel je jouais de la guitare. C’est plutôt au début de la vingtaine, après avoir été dans mon premier rave, que j’ai commencé à m’intéresser à la musique électronique. En fait, j’ai tout sacré là pour m’investir à fond dans ma première maladie mentale: collectionner les synthétiseurs et les drum machines analogiques. Ça a duré quelques années, je passais plus de temps à chercher les aubaines sur des instruments vintages qu’à faire de la musique. J’étais un puriste du hardware en prestation (ma deuxième maladie mentale). Il n’y a pas si longtemps, il y avait très peu d’instruments électroniques spécialement conçus pour les concerts. Il fallait prendre des instruments de studio et se casser le bicycle en quatre pour synchroniser tout cela lors d’une performance. D’ailleurs, je me plantais régulièrement pendant les shows.
Un jour, je me suis levé et j’en ai eu marre de tourner en rond. Je n’avais aucune formation et ça s’entendait. J’avais besoin d’élargir mes connaissances pour être capable de développer un sujet musical. C’est pour ça que je suis allé à l’école étudier l’électroacoustique. C’était trop le fun! Je passais mes journées à écouter de la musique pour ensuite l’analyser et comprendre ses rouages. On avait des cours sur la synthèse numérique et analogique, la théorie du son et la composition. Bref, le geek en moi aimait beaucoup ça. Maintenant, tout ça est derrière moi. Je ne collectionne plus les vieux synthés, c’est rendu beaucoup trop cher. Je m’attarde aujourd’hui à la composition. Ça a donné mon premier EP intitulé Pur Relief.
Pour ce premier album, j’avais envie de travailler avec mes vieilles machines analogiques. Ces instruments sont très limités, ça permet donc de ne pas trop se perdre dans l’infinité de possibilités qu’offre un ordinateur. Par exemple, la pièce Photométéore a été presque entièrement conçue avec un Roland TR-606 que j’ai saturé avec un ampli à lampe. Une TR-606, pour les gens moins familiers, ça ne contient que six sons et ces mêmes sons ne peuvent être paramétrés. Pour certaines pièces, j’utilise même les samples de voix implantés dans l’échantillonneur à l’achat (factory samples). C’est un processus rapide, un peu punk et pas trop réfléchi. Chacun des morceaux contient donc son lot de contraintes.
Je suis quelqu’un de plutôt cartésien, donc il n’y a pas de concept extramusical dans ce projet. Ce qui m’inspire ce sont les instruments, la musique que produisent les gens qui m’entourent et les contraintes rythmiques que je m’impose. Je ne cherche pas à faire quelque chose de triste, joyeux, spirituel ou onirique. Je désire davantage concevoir des profils énergétiques stimulants, par exemple: rapides et saturés, lents et texturés, syncopé et mélodique, etc. J’aime beaucoup de genres musicaux et je pense bien que ça transparait dans cet album. J’ai écouté pas mal de Juke ces dernières années et ça m’a beaucoup influencé. Par exemple, j’ai intégré des voix très répétitives dans mes compositions. J’ai aussi travaillé avec des patterns rythmiques qui ne sont pas forcément en 4/4 (four to the floor). Le fait que ce genre musical intègre beaucoup de sonorités issues d’une TR-808 me plait aussi énormément.
Cela dit, l’album est très éclectique. C’est probablement cet aspect de ma personnalité qui transparait le plus sur ce premier effort. Lorsque je fais une pièce avec un tempo rapide, je désire par la suite en faire une lente. Lorsque j’en fais une mélodique et progressive, je pense à la prochaine qui sera plus noisy, ainsi de suite. Pour être bien honnête, je n’arrive pas à me brancher. J’aime trop de styles musicaux différents pour rester confiné dans un genre précis.
Tu as mis beaucoup de temps à te lancer en musique Yannick, pourquoi n’as-tu pas essayé d’être DJ avant de faire le grand saut?
Y: Ça ne m’intéresse tout simplement pas de jouer la musique des autres. Je l’ai déjà fait à quelques reprises de manière amicale lors de fêtes ou dans un bar, mais j’ai envie que ce soit mon expression, mon médium. C’est très symbolique, c’est un acte de création que j’attendais depuis longtemps. J’ai fait de l’art visuel et de la performance, mais je trouve que la musique a quelque chose d’encore plus intime et profond que ça. J’ai trouvé ça très intéressant, mais aussi troublant, de me mettre en scène de cette manière devant des gens. Pour moi, faire de la musique ce fait dans la nécessité, dans l’action de création la plus pure.
Ma musique est assez sombre et violente, mais je ne veux pas faire violence aux gens qui l’écoutent. J’écoute parfois des choses complètement brutales, mais c’est parce que je décide de l’écouter, mais de présenter quelque chose dans cette veine à un public me rendrait inconfortable. J’adore l’ambiance d’un plancher de danse, alors je veux voir les gens bouger quand je joue. Je n’ai pas envie de briser le moral des gens qui sont venus pour seulement faire la fête, je ne veux pas les casser. Je veux que ça reste groovy malgré tout.
Ta musique est très directe et répétitive, comment expliques-tu ce penchant qui s’éloigne de la mélodie?
Y: Je baigne tout simplement là-dedans, c’est un processus qui va évoluer. Mon nouveau matériel garde un peu cet esprit, mais il y aura certainement plus de mélodies. L’équipement avec lequel je travaille est aussi en partie responsable, il y a certaines limitations matérielles. Je fais mon possible pour aller au bout des choses.
Je dois dire que j’adore les rythmiques répétitives, je peux me créer un pattern et l’écouter pendant quarante minutes sans problème. Je ne m’en lasse pas. Il faut aussi dire qu’en techno, c’est facile de faire un morceau de dix minutes avec seulement trois notes. Dans les années 1990, lorsque le style acid house était très populaire, je suis tombé sous le charme, j’étais fasciné. Ça a changé ma vie et ma façon de percevoir la musique, l’espace et le temps. Mon imaginaire s’est transformé et j’ai recherché une certaine liberté. Je savais que ça allait guider le reste de ma vie.
À l’université, j’organisais des raves en guise de travaux. J’ai fait ça deux fois et j’invitais mes professeurs à vivre l’expérience. L’un d’eux était le premier rave de Guillaume à vie. Ça me forçait à réfléchir aux raisons qui me poussaient à inviter des gens là, pourquoi ces choix de musique et de mieux apprivoiser cette forme de rituel. Je pouvais analyser les effets que provoquait la répétition sur le corps et le cerveau. C’est une forme de rite de passage similaire aux rituels tribaux. Je suis originaire de Sept-Îles et je me rappelle des cérémonies des communautés autochtones avec les tambours et la danse, c’est étrangement comparable. Il y a une forme de transe qui existe dans les deux cas, elle est engendrée par cette fameuse répétition.
La musique techno est une nouvelle forme de rituel. J’ai tout de suite saisi que c’était quelque chose de spécial et que ça appartenait à ma génération. Je me devais de sauter dans cette aventure, que je perçois comme étant très spirituelle malgré qu’elle est totalement athée, s’éloignant de toutes croyances religieuses. Je vais dans des raves depuis vingt ans et j’ai toujours eu cette vision de la chose. Donc je fais de la musique, mais ça, c’est le bagage que je traîne à l’arrière.
Ça me rappelle même la belle époque de l’infoline. Nous avions simplement à téléphoner à un numéro précis à partir d’une cabine, car les cellulaires n’existaient pas encore réellement, pour obtenir l’adresse des grosses soirées. Il suffisait d’appeler la journée même des événements pour avoir l’adresse exacte, ça évitait de mettre trop d’informations sur les flyers, car ça augmentait le risque de voir la police débarquer. C’était une genre de boîte vocale qui révélait les détails importants à propos de tous les raves importants. Quand j’ai commencé à aller dans ce genre d’événements, c’était complètement fou le budget qu’il y avait derrière. Il y avait souvent plusieurs milliers de personnes dans des entrepôts ou des lieux abandonnés.
G: De mon côté, c’est de cette manière que j’ai été initié à ce type de soirées. Dans le cadre de ce cours de performance, qui a révolutionné notre vie, le projet de fin de session de Yannick était justement d’inviter les gens dans un rave où il avait fait la décoration. J’ai été marqué par cette expérience, c’était plusieurs amis qui s’étaient mis en commun pour l’organisation, ça se déroulait dans le sous-sol d’une église.
Ensuite, à force d’aller dans d’autres raves, je n’ai pas toujours ressenti cette fraternité, ce sentiment de communauté. Nous avons essayé plusieurs bars, clubs et événements, mais je voyais bien que ce n’était pas ce que je recherchais. Nous avons un peu rejeté cette culture de rave populaire et de toute manière la police commençait à les fermer un à un. Nous avons ensuite débuté nos propres soirées.
Au départ, ce n’était que de petites fêtes d’approximativement une dizaine de personnes, mais le chiffre a rapidement augmenté. Le but était de nous faire découvrir mutuellement notre nouvelle musique. Les voisins se sont vite plaints et la police est venue à quelques reprises. Avec le recul c’était logique, le son était beaucoup trop fort pour de simples appartements. À la fin, nous faisions les événements durant le jour dans des lofts, de midi jusqu’à minuit. C’était quand même la déchéance, mais heureusement les voisins venaient parfois avec nous.
Tu as souvent visité la ville de Berlin dans ta vie Yannick, sens-tu que cela a eu une influence sur ta perception de la musique?
Y: J’y ai vécu pendant presque un an, mais je suis allé à plusieurs reprises lors de différents voyages. C’est certain que ça a influencé ma vision musicale, même si ça ne s’est pas fait instantanément. Les premières fois que j’ai visité la ville, je n’aimais vraiment pas ce que j’entendais là-bas, c’était souvent du house que je trouvais plutôt générique. Je pense que je n’avais simplement pas déniché la scène qui me correspondait à ce moment.
J’ai ensuite vu énormément de techno minimale. Je me rappelle d’avoir assisté à une performance de trois heures de Richie Hawtin dans un festival, c’était une vraie blague. Il ne se passait strictement rien, que des répétitions bidons et sans intérêt. J’étais légèrement insulté, même si j’aime Richie pour bien d’autres choses. Je n’arrivais pas à concevoir que c’était le matériel qu’il présentait quand il allait dans un événement de cette envergure.
À force de creuser et surtout en découvrant le Berghain, je suis tombé à la renverse. Ça m’a réellement inspiré, même si parfois le côté radical et impersonnel de ce style ne me correspondait pas parfaitement. J’avais vraiment envie de revenir à Montréal, il y a une chaleur humaine qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. C’est pour ça que je n’ai pas continué ma vie à Berlin. Je dois dire qu’après y être allé environ huit fois, j’aimerais bien diversifier mes prochains voyages, il est temps de découvrir d’autres pays.
Votre projet me semble très familial. Est-ce qu’un jour vous vous voyez collaborer avec des artistes qui proviennent de l’extérieur de ce cercle ou ce n’est pas vraiment la vision de Musique Maison?
G: Est-ce qu’on est ouvert? Pour l’instant, je dirais que non. Il y a tellement de personnes qui veulent sortir des trucs actuellement que nous sommes obligés de faire des lancements avec quatre albums en simultané. Il y aura d’ailleurs une autre soirée à l’automne d’au moins quatre EPs.
Y: Moi, je dirais que nous sommes ouverts, mais il faut que ça passe dans le comité. S’il y a des choses qui nous séduisent totalement, pourquoi pas? Une famille peut toujours s’agrandir. Il est possible que nous fassions des rencontres d’une manière très naturelle. Nous tenons aussi à avoir des artistes de l’extérieur lors de nos soirées. C’est important d’en inviter au moins un ou deux qui n’est pas dans notre gang, car Montréal déborde de talent. Je pense par exemple à softcoresoft et anabasine, ce sont des perles. J’ai tellement de respect pour eux. Je trouve que leurs raves sont magnifiques, c’est fait de manière super éthique. Je suis vraiment impressionné à chaque fois que je vais dans une de leurs fêtes. Parfois, il n’y a même pas d’alcool, c’est la vraie affaire. Depuis quand il y a de l’alcool dans les raves? Depuis le milieu des années 2000? Avant, on buvait des «smarts drinks».
G: Moi, ce que j’aime de leurs événements c’est l’aspect éclectique des artistes. Avec Musique Maison, nous sommes aussi dans cette philosophie d’ouverture. Désolé, mais je ne peux pas écouter de la techno pendant dix heures. Cette diversité des genres nous rejoint beaucoup, nous proposons du coldwave, dub, techno, synth et même de la pop. C’est un peu ça qui nous définit, nous ne voulons rien d’hermétique.
Pouvons-nous avoir quelques détails sur vos prochaines parutions? Qu’est-ce qui approche sur Musique Maison?
G: Comme nous l’avons fait en mai dernier à la Sotterenea, nous avons encore quatre trucs de prêts. Nous cherchons une salle pour la fin du mois d’octobre ou le début de novembre afin d’organiser un lancement. Nous accumulons tellement de musique depuis des années que c’est la raison pour laquelle nous en sortons autant à la fois. Il y a tellement de gens qui veulent lancer du matériel sur la maison de disques, c’est pour ça que nous regroupons les choses. Pour le moment, ce sera des parutions digitales uniquement. Quand nous serons riches, il sera possible de nous payer de bons mastering!
Y: Je vais commencer à travailler sur un morceau que j’aimerais sortir au format 45 tours, j’en ferais une cinquantaine de copies. C’est un projet avec notre amie Rubin de Low Factor où je fais notamment du chant. Il y aura la version avec la voix d’un côté et de l’autre la pièce instrumentale, un peu comme dans les années 80. C’est un fantasme de faire ça de cette manière, ce sera drôle. C’était initialement prévu pour mon premier EP, mais ça ne s’est finalement pas matérialisé. Ce sera dispendieux, mais c’est un projet qui me tente vraiment.
G: Notre première parution était aussi en vinyle, mais les artistes avaient payé certains frais de leurs côtés. Je commençais à peine à m’impliquer dans le collectif à ce moment, je n’avais pas terminé mes études quand Niche Construction ont lancé le LP en 2016. Je participe maintenant avec mon projet musical William Crop et je m’investis beaucoup plus depuis quelque temps dans la gestion, j’essaye de mettre de l’ordre dans tout ça.
Notre deuxième parution était au format cassette, c’était une compilation regroupant pratiquement tous les artistes qui gravitent de prêt ou de loin autour de Musique Maison. Le résultat est totalement varié. Les artistes qui devraient normalement faire partie de la prochaine vague sont Billy Dalessandro, Lost Creatures, Sainte-Nitouche et Napollon. C’est justement ce dernier qui a montré à Yannick comment utiliser quelques instruments quand il a voulu débuter en création musicale.
La prochaine compilation sera fort probablement sur vinyle, c’est un gros projet. Nous mettons un peu d’argent de côté pour ça, car ça prend un bon mastering qui rend les coûts beaucoup plus élevés. Lors de chacune des fêtes que nous organisons, il y a toujours un peu d’argent qui est réservé à ça. On souhaite que ça arrive en 2019, espérons-le!
Merci pour votre temps!