[Recommandation] Puce Mary – The Drought
Difficile de bien se sentir après l’écoute du nouvel album de la productrice danoise. Assimiler autant de puissance et d’informations est épuisant. Rapidement, je souhaite que la lourdeur, la tourmente et l’urgence cessent. Malgré quelques légers sursauts d’espoir, The Drought semble être un cercle infini de désolation. Même après les derniers balbutiements de Slouching Uphill, le sentiment persiste, j’ai la vision embrouillée et l’esprit paralysé.
Puce Mary a réussi à édifier plus qu’un album, c’est une véritable histoire qu’elle raconte au travers des neuf morceaux. Elle nous a habitué·e·s à des créations combinant des influences industrielles, power electronics et noise, mais pour cette nouvelle offrande, ses sonorités ont évolué. L’industriel et le noise occupent toujours beaucoup d’espace dans sa musique, ils en sont même au centre, mais ses compositions sont emplies d’une charge émotive beaucoup plus écrasante. La résultante se traduit par 45 minutes de pure agitation alliant folie, anxiété, résilience et abandon. L’illusion d’une échappatoire perce à l’occasion, mais la réalité est qu’il faut abdiquer, car cette sécheresse est une fatalité.
Ce nouvel opus de la productrice danoise Frederikke Hoffmeier, ayant vu le jour sur l’excellente étiquette PAN, se place dans les grandes parutions de 2018. Elle nous torture, elle nous fait mal, mais elle réussit tout de même à ce qu’on y prenne goût. En enchaînant les mélodies ambiantes, un drone distordu et un noise des plus décapants, n’étant pas sans me rappeler Contact, la plus récente parution de Pharmakon, elle nous offre une production très complète. Les sonorités qu’elle arrive à matérialiser sont riches et variées en plus de parvenir à construire des atmosphères uniques et saisissantes.
Si vous ne trouvez pas le courage nécessaire pour écouter l’album en entier, il faut au minimum entendre To Possess Is To Be In Control, Fragments Of A Lily et The Size Of Our Desire qui sont les pièces charnières de The Drought. Malgré ces excellents morceaux, l’idéal est de plonger, sans réfléchir, dans ce désert aride. Le voyage sera certes violent, un peu comme un aller simple vers le soleil, mais il en vaudra chaque seconde. Je vous conseille de ne pas tenter l’expérience en début de journée, car ça prendra quelques heures pour vous en remettre et pour retrouver votre énergie après une aventure aussi brutale qu’angoissante.
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Paru le 5 octobre 2018 sur PAN.
- Révision du texte par Sandra.