[Scène locale] dull – Odd Year
Les trente premières secondes sont à peine écoulées que déjà les frissonnements se font sentir le long de mon corps. À l’aide d’une trame percussive absolument fabuleuse, les murmures et susurrements nous entrainent vers une immersion sensorielle absolue. C’est l’amorce d’un périple où bruits divers, subtiles touches de piano et voix, se complaisent au milieu d’un électro minimal soutenu résultant en un petit miracle auditif montréalais.
L’emprise est totale : dull nous tend la main et nous transporte dans un lieu où la réalité laisse place au rêve. Nous avançons au travers de ce nuage sonore vaporeux à son rythme, car il est le seul maitre à bord. Toutefois, ce n’est pas avec autorité, mais plutôt avec fragilité et sensibilité que l’artiste nous guide dans ses pensées. C’est en quelque sorte une introspection partagée, ce qui explique sans doute ce fort sentiment de flottaison, d’intemporalité.
Le travail de profondeur sur Odd Year est époustouflant, l’impressionnante densité d’informations permet un facteur de réécoute remarquable. Et que dire de l’originalité des sons utilisés, c’est d’une fraicheur presque malsaine. Une seule écoute de la pièce In The Flesh confirmera cette affirmation puisque le morceau est conçu majoritairement à l’aide de sonorités qui semblent provenir de la bouche du musicien lui-même. Cette méthode de création rythmique me remémore fortement ce que le très excentrique Jacques s’amuse à faire en matière de sampling. Cet album traversera assurément l’épreuve du temps. De mon côté, je suis déjà fébrile à l’idée de le faire jouer lors d’un soir d’été pluvieux plutôt que dans cette fin d’hiver nauséabonde. Une véritable pépite à tendre à vos ami·e·s qui raffolent d’une musique électronique posée et raffinée.
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Paru le 8 mars 2019 sur Listening Blue.
- Révision du texte par Geneviève.