[Recommandation] worriedaboutsatan – Revenant
Et si le temps n’existait pas, qu’il n’était qu’une diffraction. Plutôt qu’un concept linéaire, il se découvrirait en onde aux innombrables fluctuations, un peu comme ces ondes qui se déploient pour créer le son. Ces ondes que les artistes produisent pour faire naître la musique et par extension l’émotion. Revenir à tout ça, à cette essence, c’est peut-être là le projet sonore de Revenant, quatrième album de worriedaboutsatan paru chez Burning Witches Records.
On ne se le cachera pas le synthétiseur modulaire a la cote ces derniers temps. Si un tel type d’instrument n’a jamais vraiment été porté aux oubliettes, il faut admettre qu’il est de plus en plus mis en avant dans la scène électronique et ambiante des dernières années (récent succès des albums et prestations d’Alessandro Cortini, Pye Corner Audio, ou Caterina Barbieri pour ne citer qu’eux).
Dès les premières notes de Skylon, qui suit l’introduction, le duo britannique montre clairement la dimension instrumentale qu’il prend: celui d’un retour aux sources analogique dans une pureté absolue du son modulaire. Ainsi les accents post-rock ont été canalisés tout comme les envolées atmosphériques jusqu’alors bien présentes sur les précédents albums. Revenant n’apporte toutefois pas un changement radical, car sur cette base synthétique toute la palette de worriedaboutsatan vient malgré tout trouver sa place avec délicatesse: quelques montées sonores en tension sur Making Your Masks, la présence de samples discrets sur Strax, le tout pour une portée cinématographique indéniable.
Au long des six pièces, le duo s’aventure avec brio vers des atmosphères plus lourdes et menaçantes, porté par la dominance de ce nouveau timbre instrumental et une densité dans l’écriture musicale, qui était déjà bien présente dans les précédents opus. On passe alors des arpèges rebondissants aux rythmes lents et hypnotiques de Skylon au final d’une clarté idéale sur Wasteland, en passant par le fantomatique Dig Into Your Memory.
Revenant ressort comme un album audacieux qui rappelle le passé sans nostalgie, car fermement fixé dans le moment présent et l’avenir. Une onde serpentant d’une temporalité à l’autre, comme l’on peut déployer du silence, la mélodie.
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Paru le 9 mars 2019 sur Burning Witches Records.