[Festival] MUTEK (2019) – Jour 6
Expérience 5 @ Esplanade de la Place des Arts
Dernière visite sur l’Esplanade en ce dimanche ensoleillé, le montréalais V.ictor s’apprêtait à fouler la scène à notre arrivée sur les lieux. Ayant adoré son EP Boréal en début d’année, nous étions impatients de voir le résultat en direct. Il était facile de constater que sa présence en début de journée était judicieuse, son électro minimaliste se fusionnait à merveille avec les rayons du soleil ardent qui nous percutaient. Sa musique magnifiquement ficelée nous forçait à nous dandiner malgré l’heure hâtive. Un joli public accaparait déjà la scène extérieure malgré le Piknic Électronik du MUTEK qui se déroulait au même moment. Un artiste à découvrir au plus vite si vous n’étiez pas présent!
De retour sur l’Esplanade après une courte pause, nous n’avions aucune réelle attente pour le live que devait présenter Dandy Jack. Cependant, aussitôt que nous avons mis les pieds devant la scène, il devenait évident que quelque chose de spécial se déroulait. Le producteur et la foule ne formaient plus qu’un, tout le monde bougeait dans la même direction, un grand sourire fendu aux lèvres. La prestance du Chilien était la définition même du charisme alors qu’il dansait sans retenue sur sa musique créant une ambiance ultra-sympathique. L’énergie qui se dégageait du dancefloor était purement positive, les spectateur·trice·s étaient stimulé·e·s par le dynamisme débordant de celui qui se produisait sur scène. Il était rafraichissant de voir autant de joie dans l’auditoire et de la part de l’artiste, l’un des plus beaux moments de communion du festival.
© Photo: Vivien Gaumand – Esplanade de la Place des Arts
Le tout dernier à se produire sur l’Esplanade était le réputé John Tejada qui nous offrait un DJ set après sa performance de la veille en compagnie de Reggie Watts au MTelus. Plus statique et sérieux que son prédécesseur, il aura fallu plusieurs minutes à la foule pour s’adapter au changement d’énergie. Heureusement, la sélection musicale de l’américain a rapidement fait oublier cette lacune et le public dansait à nouveau pour une dernière fois en extérieur. Le pionnier de la musique électronique nous faisait voyager entre la house et la techno avec sa touche habituelle, exactement ce dont nous avions besoin après un samedi soir sous le thème de l’expérimentation. Un repos pour nos neurones, mais assurément pas pour nos pieds endolorit des cinq jours précédents.
© Photo: Vivien Gaumand – John Tejada
Nocturne 6 @ Studio des 7 Doigts
Place à l’ouverture de la deuxième salle du Studio des 7 Doigts alors qu’une multitude d’artistes devaient s’y produire pour cette dernière nuit. Desert Bloom brisait la glace pour entamer la sixième journée du MUTEK à l’étage. La productrice Rachel Nam a su commencer tout en douceur avec la création de magnifiques paysages sonores sous le thème de la fragilité. Il ne restait plus qu’à fermer les yeux et à créer nos propres images. Après quelques minutes, les mélodies évoluaient pour forcer l’auditoire à se lever devant des rythmiques hautement efficaces. Les compositions de la Montréalaise d’adoption rendent vulnérable, elles sont enveloppantes et plus grandes que nature. Il s’agissait de l’introduction parfaite pour installer une certaine nostalgie annonçant la fin d’une autre édition du festival.
L’un des joyaux de cette soirée de clôture était sans équivoque le musicien Devon Hansen et son projet Persuasion. C’est sans éclat et en affichant un grand calme qu’il nous livrait sa douce techno axée vers les percussions. Le son en dent de scie de la deuxième salle ne rendait absolument pas justice au travail méticuleux du producteur, là où seulement les basses semblaient prendre de l’espace dans le mix. Une performance honnête, mais où il manquait définitivement une touche de magie. Après plusieurs jours à crouler sous les décibels, ce genre de performance très propre n’arrivait malheureusement pas à percer nos meilleurs souvenirs. Plutôt dommage qu’il se soit retrouvé en fin de festival, c’est à revoir dans un contexte où la fatigue sera moins présente autant dans notre corps que dans nos tympans.
Après quelques allées et venues entre les deux studios, il était impératif d’assister à la prestation de Beta Librae, artiste dont nous adorons les productions studio. Sans surprise, nous avons été ravis de constater que la même énergie se dégageait de ses concerts. Bien que la fatigue commençait à grimper et qu’il était de plus en plus ardu de danser, la New-Yorkaise a su insuffler un second souffle pour permettre au public de se déhancher sans retenue pour l’une des dernières fois. Alliage entre house et techno, surdose de basses, il était difficile de définir clairement le style de la productrice, mais rendu à cette heure ce n’était pas trop important. Le rendu était efficace et dynamique et elle a définitivement réussi à mettre la foule du Studio 2 dans sa poche. Un set d’une heure où les moments de répit furent peu nombreux.
Place aux derniers instants du festival. Deux performances pour clore cette vingtième édition particulièrement réussie. Dans la salle du haut, le producteur montréalais Priori, dans celle du bas, le Canadien et désormais Berlinois The Mole. Les balbutiements finaux du festival revêtent toujours un cachet unique et il n’en fut pas exception dimanche soir. Les deux protagonistes seront parvenus à faire bouger la foule qui se dressait devant eux jusqu’à ce que le cadran affiche les 3h du matin. L’ambiance n’était pas aussi magique qu’avec la performance de clôture de Kuniyuki en 2017, mais nous sentions tout de même un peu de fébrilité dans l’air de la grande salle. Une autre édition du MUTEK qui se termine nous remplissant les oreilles de musique et le cerveau de souvenirs que nous n’oublierons pas de si tôt. Bravo à toute l’équipe derrière ce succès monstre, à l’an prochain!
© Photo: Vivien Gaumand – Studio des 7 Doigts
- Texte réalisé en collaboration avec Louis.