[Scène locale] Ensemble d’oscillateurs – 4 compositions
S’aventurer dans l’expérience sensorielle que représente l’Ensemble d’oscillateurs requiert une certaine dose de préparation et de documentation. Avant d’y faire le saut, il faut tout d’abord accepter le fait que nous perdrons nos repères musicaux habituels. De plus, une brève lecture s’impose afin de pouvoir comprendre adéquatement le splendide travail de recherche et le processus créatif qui sont camouflés derrière cette idée folle de l’incomparable artiste québécois Nicolas Bernier.
C’est lorsqu’il était aux commandes de son ensemble lors de la précédente édition du MUTEK qu’il a su attirer mon attention en arborant un t-shirt de Neurosis. Le métalleux qui sommeille quelque part en moi était encore plus fébrile à l’idée de voir ce que cet intrigant projet nous réservait. La performance qui s’en est suivie se décrirait en un seul mot; fascination. Posté au premier rang, je pouvais observer le travail méticuleux de la dizaine de musicien·ne·s qui opéraient les vieux appareils électroniques, tous plus captivants les uns que les autres.
Sans surprise, cette indéniable chimie est également palpable en version studio. L’album 4 compositions que la troupe a lancé l’an dernier sur LINE, label du légendaire Richard Chartier, nous transporte très loin des courants traditionnels en musique expérimentale. Du haut de ses quinze minutes, une pièce comme Shaping Things (A Simple Spectrum), composée par Francisco Meirino, nous démontre l’éventail des possibilités de cet assemblage atypique d’instruments. Les nombreuses oscillations se superposent de manière complexe et cinématographique, il est impossible de ne pas s’égarer dans nos pensées et de créer notre propre film. Certes, ce n’est définitivement pas la musique la plus accessible, la troisième composition imaginée par le musicien Kevin Gironnay en est la preuve irréfutable. La persévérance est toutefois payante, surtout lorsque vous avez des conditions optimales d’écoute. Nicolas est parvenu à matérialiser quelque chose de totalement unique et la myriade de personnes talentueuses qui s’amusent à opérer les machines rend justice à l’immensité créative du projet.
Vous le constaterez assez rapidement, ce n’est pas le genre d’album que nous allons écouter 150 fois dans notre vie, mais nous n’avons d’autres choix que de l’admirer et de respecter son envergure. Le travail de compositions et d’exécution est si soigné et déstabilisant que nous avons aussitôt l’envie de le vivre (ou revivre) en spectacle. Ce que vous aurez d’ailleurs l’opportunité de faire si vous prévoyez assister à la soirée d’ouverture du festival Sight & Sound qui se déroule au Eastern Bloc du 24 au 26 octobre prochain. Un incontournable pour ceux et celles qui auraient manqué l’extraordinaire performance du mois d’août dernier!
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Paru le 12 octobre 2018 sur LINE.