[Recommandation] Pharmakon – Devour
Chaque album de Pharmakon est une nouvelle aventure en soi, une expérience sensorielle unique. Margaret Chardiet repousse ses propres limites à chacune de ses parutions et parvient à nous aspirer dans ses hasardeuses odyssées toutes plus bouleversantes les unes que les autres. Pour son quatrième album Devour, la productrice aborde le thème de la nature autodestructrice de l’être humain en personnifiant l’intéressante allégorie de l’auto cannibalisme. Force est d’admettre qu’il s’agisse d’un sujet très lourd, mais non moins pertinent. Chardiet évoque cette question avec un sens critique bien développé et énormément de respect. La cible de ses offensives étant notre système froid et malade forçant à l’individualisme, à une compétition malsaine et à une aliénation totale. Sa musique, aussi percutante soit-elle, agit comme un baume sur des plaies ouvertes. Le choc est réel, la douleur est présente, mais la sensation d’apaisement l’est tout autant.
En enregistrant pour la première fois l’un de ses albums en direct dans un studio, avec Ben Greenberg (Uniform), Pharmakon laisse présager plus de puissance et de spontanéité sur ses compositions, se rapprochant de sa forte présence scénique. La réussite est absolue, car nous assistons à encore plus d’agressivité qu’à l’habitude comme en témoignent si bien Homeostasis et Spit It Out qui sont pour moi des synonymes d’annihilation. Le triomphant alliage de harsh noise et de power electronics propre à la New-yorkaise se veut davantage rythmé que sur ses précédentes parutions et laisse place à certains passages où les hochements de tête sont de mise, Pristine Panic/Cheek by Jowl en est la preuve. Les cris résonnent sur chacun des morceaux et trouvent leur apogée dans les dernières minutes de Self-Regulating System qui nous offre le moment le plus fort de Devour. Impossible de ne pas être secoué·e face à cette lourde charge d’émotions à son état le plus pur.
Sacred Bones étant un coffre au trésor rempli de découvertes musicales fabuleuses, cette nouvelle offrande de Pharmakon n’en fait pas exception et se hissera assurément dans la liste des albums qui m’auront le plus marqué en 2019. Son concert prévu le dimanche 20 octobre au Centre Phi en compagnie de la formation montréalaise Liar//Lier est à ne pas manquer. L’intensité sera assurément au rendez-vous!
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Paru le 30 août 2019 sur Sacred Bones Records.