[Recommandation] Anatomy & Blue Anxxiety – Split
Le projet Anatomy est pour moi un vrai coup de cœur. Présence scénique envoûtante, compositions excellentes, Jenna Rose, de son vrai nom, crée là tout un univers visuel et musical aux références obscures et pointues, intelligentes et authentiques. Un projet artistique que tout mélomane qui se respecte adore adorer. Musicalement, on parle ici de vocalises punk déposées sur des sonorités industrielles, darkwave, puissantes et dramatiques.
Provenant du plus profond des entrailles d’Anatomy, deux EPs ont déjà vu la lumière du jour. Et avant de plonger littéralement dans l’univers sadique et viscéral du dernier effort qui vient de paraître, je vous conseille très fortement de ne pas en rester là et de découvrir aussi le premier EP de l’artiste comprenant les remarquables morceaux The Sixth Seal et Parasite.
Le deuxième EP dont il est question ici est paru récemment sur le label SYNTHICIDE, collectif new-yorkais proposant des soirées mensuelles de grande qualité basées sur les musiques synth de tout horizon.
Mais trêve de bavardages, entrons dans le vif du sujet et essayons de décortiquer chaque organe que contient ce disque afin de percer les mystères chirurgicaux que l’artiste nous propose. C’est la pièce Ira Agni qui ouvre les festivités et c’est une onde de choc. Une beauté noire, sans égale, glacée et puissante. Il est difficile de rester indifférent. La batterie frappe tels les battements de cœur, la ligne de basse puissante et d’une incroyable profondeur déploie ses ailes au fil du morceau, tel l’ange de la mort. Les cantiques de Jenna en latin à la fois chantés, à la fois criés sont une véritable ode à la religion du synthétiseur.
S.C.U.M., le titre de la deuxième piste, est l’acronyme pour Society For Cutting Up Men, hommage au manifeste féministe de Valérie Solanas. Anatomy apparaît ici telle une déesse vengeresse et angoissante punissant les atrocités de la masculinité toxique. Chant rampant malsain à résonance industrielle, S.C.U.M. exhibe cette merveilleuse mélodie qui nous fait gémir de plaisir.
Le rite initiatique se poursuit avec Incel. Morceau au tempo plus rapide, clin d’oeil aux années 90, notamment avec ses jeux de batteries typiques de ces années-là. Le morceau s’accompagne d’une vidéo absolument géniale. Mélange dégueulasse et grotesque d’images pêle-mêle tantôt violentes, tantôt BDSM, tantôt absurdes défilant à toute vitesse, le résultat est tout bonnement addictif. Si vous aimez la vidéo, sachez qu’il y en a une deuxième, cachée dans les profondeurs de l’internet. Elle accompagne la piste The Sixth Seal. Faite dans la même veine, c’est un autre mini chef-d’œuvre gore.
Le travail d’Anatomy se termine par Begotten, une finale angoissante, froide et de haute volée, parfaite pour figurer dans la bande sonore d’un film horrifique. Oh, cela tombe bien. Begotten est justement le titre d’une œuvre culte underground interprétant de manière très obscure et gore les thèmes de la création du monde et les mythes païens. Jenna rend un hommage à cette production cinématographique d’une belle façon. Et je vous tends là un petit jeu. Si vous souhaitez visionner Begotten, essayez ensuite de retrouver quelques images du film dans la vidéo accompagnant le morceau The Sixth Seal.
Avec cet EP, Anatomy nous livre une incantation horrifique industrielle d’une extrême qualité. Sa courte discographie est splendide et très prometteuse pour la suite. Il n’y a qu’un seul souhait à formuler. Que l’odeur de la chair en putréfaction, que la vue de la vulnérabilité et la faiblesse du corps humain, que le goût dans la bouche que donne l’abomination dont certains cerveaux sont capables puissent donner à la créatrice la force d’enfanter d’autres œuvres musicales sombres que nous nous empresserons de dévorer.
Le split se poursuit ensuite avec trois merveilleux titres du groupe goth freestyle Blu Anxxiety aussi basé à New York. Sonorités 80’s de gros calibre plus joyeuses, mais pour un fini tout aussi exquis à l’écoute, avec notamment le premier titre qui reprend les notes cultissimes de la bande-son de Psycho d’Alfred Hitchcock. Ne boudez donc pas votre plaisir et plongez tout entier dans ces délirantes compositions.
De passage à Montréal, dans ce lieu de pèlerinage qui n’est autre que le Café Cléopâtra, Anatomy nous présentera, ce samedi 8 février, son matériel et nous enivrera de sa performance scénique délectable! Ne manquez sous aucun prétexte ce concert qui s’annonce très fiévreux !
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Paru le 16 janvier 2020 sur SYNTHICIDE.
- Révision du texte par Sandra.