[Entrevue] VAULT:Unlocked – anabasine & Frankie Teardrop
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Ça y est! Le VAULT:Unlocked est enfin à nos portes et nous avons eu la chance de discuter du mini-festival et de la vie nocturne avec deux artistes inspirant·e·s qui y participeront. Dans la frénésie du dernier blitz promotionnel de l’événement qui aura lieu le samedi 29 février, nous sommes très heureux d’avoir pu finalement capter anabasine et Frankie Teardrop le temps de quelques questions.
Le retour attendu de Frankie à Montréal sera également marqué par une soirée LIP au Résonance Café le vendredi 28 février, une excellente manière de vous dégourdir les jambes pour le méga-rave du lendemain. Alors, le moment est venu de prendre votre café et de faire cette courte lecture qui, espérons-le, saura vous convaincre d’assister à cette mémorable soirée!
Vous vous produirez au festival VAULT:Unlocked à la fin du mois, un événement qui s’annonce IMMANQUABLE pour la scène underground montréalaise! Que nous réservez-vous pour vos prestations?
Danji: Mon bon ami dileta et moi apporterons nos morceaux de bass-technoïde les plus entraînants et énergiques pour la piste de danse! Nous n’avons pas fait de back to back ensemble depuis un bon moment, mais Pascal était vraiment excellent lors de ses plus récentes prestations. Je suis excité d’amener du rythme à la foule du VAULT, l’un des publics les plus intenses pour un rave!
Frankie: Je suis super excité·e par l’événement moi aussi, c’est certainement à ne pas rater! Je traverse une énorme période d’ajustement depuis que j’ai déménagé à Vancouver en novembre dernier. J’ai passé beaucoup de temps à réfléchir à ce qui me manque de Montréal et l’un des éléments principaux, outre la communauté tissée si serrée, est la diversité des styles musicaux et les sets à haut BPM. J’ai toujours été inspiré·e par Diana (D.BLAVATSKY) qui fait énormément pour la scène montréalaise, donc je vais assurément donner une prestation inspirée par leur musique et leur énergie!
Ce genre d’événement qui est à la fois communautaire et à grande échelle est nécessaire pour la vitalité de notre scène DIY. Comment voyez-vous votre rôle dans cet écosystème?
D: J’occupe différents rôles au sein des scènes DIY depuis maintenant dix ans: j’ai aidé à la gestion d’un loft et d’un collectif (La Plante), organisé des concerts, joué dans un groupe (Slight), en plus d’être DJ lors de raves et de festivals, créé une équipe de rave (LAGOM/Enough Is More Than A Feast), fait de la radio à CKUT et n10.as, travaillé comme ingénieur sonore, aidé au fonctionnement d’un studio et, bien évidemment, participé à une tonne d’événements! Tout le monde qui passe du temps dans les scènes undergrounds peut porter différents chapeaux et est en mesure de fournir de la résilience à un écosystème DIY. Je crois que l’équipe de programmation du VAULT a fait un excellent travail afin de cibler un grand nombre d’organisations, de scènes, d’artistes et de musiques qui peuvent se supporter mutuellement. Je viens juste de débuter une maîtrise où je recherche comment les scènes undergrounds interagissent avec les villes ainsi que le pouvoir gouvernemental, donc je réfléchis beaucoup à propos de ces sujets présentement, et l’organisation de ce festival a été très excitante à suivre.
F: Je suis d’accord. Je crois que je suis dans la scène musicale queer montréalaise depuis un bon bout de temps maintenant, j’ai rencontré beaucoup de personnes fantastiques grâce au DJing, en jouant dans des groupes et en organisant le Slut Island Festival et les soirées LIP. Pour le VAULT, je serai DJ et je parlerai également lors d’un panel. J’espère que mon implication dans le festival comme panelliste et comme DJ sera une invitation et permettra d’attirer tout·e·s les ravers queer. J’aimerais que, peu importe le savoir et l’expérience que je partagerai lors du panel, ce soit inspirant et un outil pour les personnes qui souhaitent s’impliquer dans l’organisation d’événement et le DJing dans les scènes DIY.
© Photo: Rodolfo Moraga
Le zèle policier et la difficulté de garder des espaces de rassemblement ouverts sont autant d’obstacles à la nuit montréalaise. Comment l’avenir de nos soirées peut-il être préservé?
D: Je ne connais pas la réponse exacte à cette question, mais je me demande si la possession sous forme de coopérative des espaces par les collectifs locaux serait envisageable. Je crois également qu’il est essentiel de s’organiser contre la gentrification en tant qu’artiste et de bâtir une solidarité au sein de nos communautés, de nos espaces et de nos quartiers à plus grande échelle.
F: Honnêtement, c’est un problème dans toutes les villes. Jusqu’à tant qu’un sugar daddy ultra-riche comprenne l’importance d’espaces durables réservés aux raves au détriment des condos et qu’il finance l’organisation de nos événements de rêve, je crois que ce sera toujours un obstacle. En même temps, l’énergie qui est la plus importante à garder est la curiosité d’explorer la ville pour trouver des endroits parfaits pour des raves et surtout, de ne pas laisser l’idée que le lieu sera seulement temporaire nous vider de notre énergie (c’est pourquoi je suis fan de Diana et de leur équipe #tunnelrave20194ever). L’essence de cette énergie est dans les mains de toute la scène DIY pour que les gens se présentent et supportent ces événements lorsqu’ils sont organisés dans de nouveaux espaces.
C’est extrêmement épuisant d’organiser des événements, mais également d’être en constante recherche d’endroits qui, au final, ne seront peut-être même pas ouverts toute la nuit. Je sens que j’ai atteint ma limite il y a quelques années après un LIP très animé qui s’est arrêté à 4h du matin à l’Halloween au mythique sous-sol Durocher, me laissant croupir seul·e avec une douzaine de policiers inquiétants dans un sous-sol poisseux. Ce n’est pas agréable, surtout quand tu organises tout ça en solo. Je ne suis pas entièrement certain·e de la manière que nous pouvons préserver nos salles de fin de soirée parce que la police aime s’assurer que «all good things come to an end», mais ce que je sais, c’est qu’on a constamment besoin de personnes avec de la NRE (New Rave Energy) et d’un public qui nous supporte et nous encourage à continuer notre travail.
© Photo: Alli Hayes aka bunnie604
La ville est présentement à la recherche d’un·e commissaire des nuits montréalaises. Que pensez-vous de ce premier pas de la mairie? Vont-ils dans la bonne direction?
D: Le récent mouvement international autour de l’implication des mairies dans la vie nocturne a laissé place à des histoires inspirantes, mais également à des atrocités, donc je devrai attendre de voir ce qui arrive ici! Je crois que de bonnes choses peuvent survenir, des changements au sein des règlements de la ville, donc je demeure prudemment optimiste. L’une des préoccupations que j’ai est à savoir si la nouvelle politique de la ville sera construite comme un plan de développement économique pour la vie nocturne et pour le tourisme, comme c’est souvent envisagé et décrit. Je pense que cela peut intrinsèquement marchandiser et commercialiser la direction «autorisée» de l’activité culturelle locale. Ça peut risquer de ressembler à une sorte d’embourgeoisement de l’underground, pour ainsi dire. Je crois que le découplage des permis d’alcool pour les salles pourrait être une étape positive, par exemple. J’ai hâte de voir qui occupera ce poste et quel sera son plan!
F: Intéressant! Faites-moi savoir qui sera ce commissaire de la vie nocturne et je vous reviendrai avec des réponses! 😉
Merci beaucoup pour votre temps!
© Photo: Rodolfo Moraga