[Scène française] WuW – Rétablir L’Eternité
En ces temps de bouleversements, mais également avec la splendide arrivée du printemps, permettez-nous une délectable dérive éditoriale pour vous proposer l’écoute du tout nouveau et tout chaud album de WuW, l’exquis Rétablir L’Eternité, deuxième parution à leur compteur. Le puissant doom expérimental du duo parisien leur vaut cette nouvelle offrande sur le réputé label de Los Angeles Prosthetic Records. Benjamin et Guillaume Colin forment WuW, courte appellation de trois lettres, mais qui restera certainement gravée dans votre mémoire avec la tonne de décibels qu’ils ont à vous catapulter.
Bien que je m’étais promis de ne pas tomber dans les clichés en dressant certains parallèles avec la situation actuelle avec la COVID-19, son omniprésence dans les médias et dans les discussions me force à me laisser prendre au jeu des comparaisons. La musique à la fois explosive, lourde et sombre des frères Colin se positionne comme la trame sonore parfaite pour décrire cette crise avec ses grandioses variations d’intensité, ses moments de répit bien mérités, ses fausses joies et ses surprises. Un titre comme En souvenir des jours que nous n’aurons pas vécu m’évoque tous les sacrifices obligatoires durant cette période et tout ce qui devra être mis en pause l’espace de quelques mois. Ou bien Ce silence qui nous délivre de tout qui met en lumière la nouvelle tranquillité de nos centres-villes nous délivrant de ce capitalisme avide qui accélère sans relâche notre rythme de vie. WuW traduit élégamment en musique les jours historiques que nous vivons présentement, à coups de basse, de riffs de guitare bien garnis, de percussions pesantes et de notes de keyboards savamment incorporées.
Au-delà de ces invraisemblables similarités avec les événements de l’heure, Rétablir L’Eternité est avant tout un voyage intérieur, au plus profond de soi. Un album qui fait du bien et qui délivre, l’espace d’un instant, de la solitude liée au confinement. Une musique obscure et intimidante qui nous aspire tel un trou noir, mais que nous contemplons paisiblement avec admiration et fascination alors que nous y disparaissons. Des compositions comme Dans l’intense clarté de la solitude où chaque particule sonore est chargée d’émotion et d’électricité, provocant un énorme vide dans notre abdomen, mais qui se remplit à mesure que la batterie nous martèle le crâne et que la guitare nous enfonce dans cette spirale infinie. Merci pour cette expérience intemporelle!
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Paru le 27 mars 2020 sur Prosthetic Records.