[Scène locale] Red Mass – A Hopeless Noise
Reconnu pour être un projet à géographie extrêmement variable, la formule de Red Mass semble s’être épurée en trouvant une base solide autour de Roy Vucino et de Hannah Lewis. Sans surprise, l’énergique duo s’est fait plaisir en invitant une panoplie d’artistes pour venir donner une saveur toute particulière et tracer les contours de ce deuxième album tant attendu après la parution d’une ribambelle de singles et de EPs au cours des dix dernières années.
Si vous avec été moindrement assidu·e sur l’évolution de la scène rock au cours des deux dernières décennies, le nom des principaux invités devrait vous être plus que familier. Parmi cette liste exhaustive, nous retrouvons entre autre la contribution de King Khan, Mac DeMarco, Hugo Mudie, Ian Wilson, Jered Gummere, John Katsner, Evan Dando, Rick Froberg et Mike Watt. Est-ce que toutes ces collaborations frappent dans le mile? Pas nécessairement, car le garage rock à l’esprit punk de la formation montréalaise tire bien son épingle du jeu sans l’apport de qui que ce soit. Ce qui est spécialement véridique dans le cas du chant puisque le tandem Vucino/Lewis est extrêmement versatile et complémentaire. Prenons par exemple l’excellente pièce Howl qui nous donne des frissons et qui rappelle agréablement le groupe mexicain Le Butcherettes avec sa voix perçante et ses refrains accrocheurs. La finale de So Cruel présente également une surprenante dualité vocale qui trace son chemin au travers de riffs ardents et de solos frénétiques.
L’histoire rocambolesque qui forge la trame narrative de l’album racontant le parcours d’une junkie du nom de Diamond Girl se reflète bien dans la diversité des sons offerts sur A Hopeless Noise. Parfois gentils, parfois très crus et parfois complètement déchainés, les onze titres nous entrainent dans un périple enivrant parsemé de moments étranges et cocasses. On y entend du piano, du sax, une chorale d’enfants et on goûte même à un segment disco-punk qui dérive vers du thrash metal sur la conclusion Sharp. La plus belle prise de risques est toutefois l’extraordinaire morceau Devil In Disguise qui s’aventure en terrain psychédélique avec le support du groupe Drug Train. Cette pièce d’anthologie se hisse au sommet en compagnie de l’addictive My Drugs dont le refrain terriblement efficace nous donne envie de sortir notre planche à roulettes du placard et de partir arpenter les rues désertées de la ville. Inégal, mais charmant, A Hopeless Noise vous séduira d’une manière ou d’une autre avec l’une de ses nombreuses pépites.
Pour acheter l’album, c’est ICI.
Paru le 24 janvier 2020 sur Label Étiquette, Mothland Records et Numavi Records.