[Recommandation] Fargue – Phosphène
Dispersé entre la Finlande et la Suisse, le duo Fargue est toutefois parvenu à s’unifier pour la création d’un impressionnant premier album. Présentant un alliage robuste de drone à saveur post-rock, le groupe navigue entre des moments plus structurés et des dérives intemporelles qui vous feront décoller vers la stratosphère. Voici une sympathique surprise vu l’historique plutôt violent des deux artistes au sein de Cortez et Fawn Limbs.
La pièce d’introduction installe l’ambiance sans précipitation, faisant évoluer l’ensemble vers un résultat qui nous remémore l’extraordinaire Panopticon de la défunte formation américaine ISIS. C’est principalement l’apport du batteur studio Lee Fisher – aussi membre de Fawn Limbs – qui procure cette saveur nostalgique au morceau. Les autres éléments contrôlés par Eeli Helin et Samuel Vaney forgent l’atmosphère brumeuse qui règne sur le disque. Il n’est pas étonnant d’apprendre que thisquietarmy fait partie des influences du duo, car leur façon méthodique d’installer les drones nous rappelle les albums avec percussion du Montréalais, spécialement sa dernière collaboration avec le batteur Aidan Girt arborant le nom de Some Became Hollow Tubes.
Malgré ces quelques similitudes, Fargue parvient habilement à se distancier des comparaisons et à affirmer sa propre identité. Rarement une première parution nous aura semblé aussi aboutie et homogène, signe d’une grande chimie et d’un immense potentiel entre les deux musiciens européens. L’un des points culminants de Phosphène survient inévitablement en finale de L’exorcisme, lorsque les martèlements de la batterie croulent sous la distorsion grandissante de la guitare et des machines. Même si l’idée derrière l’album est de verbaliser en musique un phénomène oculaire bien spécifique, disons que la seule option pour l’auditeur est plutôt de fermer les yeux et de se laisser engouffrer par les nappes sonores denses et immersives. Voici un projet qu’il faudra suivre de très près dans le future!
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Paru le 9 avril 2020.