[Scène locale] LONGPIG – TERRAFORM AMB-LP27476
Cramponnez-vous bien au siège de votre navette spatiale parce que le nouvel album du duo montréalais LONGPIG vous offre une virée lente et immersive vers la planète AMB-LP27476. Les deux sympathiques camarades formant le projet, Alex Martin et Byron (Room Control), ont été envoyés en mission par la Earth Planetary Research Association (EPRA) pour documenter le son des équipements spécialisés utilisés pour la confection de cette reproduction lointaine de la Terre. Puisqu’ils sont de retour à Montréal après avoir relevé ce défi imposant, c’est maintenant à notre tour de visiter cet intrigant habitacle se situant à des années lumières du notre domicile actuel.
Malgré l’aura très sci-fi du concept – radars scintillants, sirènes étouffées, claquements des outils, ronflements des machines – nous y ressentons quelque chose de très humain et d’inévitablement terrestre, ce qui prouve immanquablement la réussite de leur démarche sonore. Le voyage proposé sur les deux premières pièces se déroule majoritairement dans l’allégresse jusqu’à ce que retentisse Interstellar Watching Machine qui instaure un climat angoissant digne d’une musique de cirque. S’en suivra alors la redoutable Host Rejection (1st Attempt), moment phare du disque, qui chavire l’ambiance vers un résultat extrêmement dense et poignant. La guitare jaillit de la pénombre et y ajoute une bonne dose de mordant, un peu dans l’esprit de ce que réalise Aidan Baker quand il est de mauvaise humeur. Le single Ghost Forest que nous avions pu écouter avant la parution de l’album correspond parfaitement à l’atmosphère que vous pourriez imaginer d’une forêt inhabitée au fin fond de l’espace.
Il est fascinant de constater que TERRAFORM AMB-LP27476 a été conçu majoritairement en mode improvisation. La trame narrative est si complexe et bien ficelée qu’il est pratiquement impensable de se faire à l’idée, disons simplement que la chimie entre les deux musiciens est d’une rare efficacité. Armés de leurs synthés analogiques, de drum machines ainsi que d’une guitare et de multiples pédales, le duo nous plonge avec retenue et audace dans un périple extrêmement ambitieux qui soulève les standards en matière de musique ambiante ou drone. La pétillante finale Planetary Debris devrait corroborer mes propos si vous n’étiez pas déjà séduit par Longpig jusqu’à présent. Voici un album à écouter à maintes reprises, sans quoi vous passeriez à côté d’une panoplie de détails alléchants.
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Paru le 17 avril 2020.