[Scène française] Wolf City – Archives Of Mankind
Ce n’est pas parce que Wolf City était le sujet de l’un de nos derniers articles sur la scène musicale française qu’il fallait passer sous silence cette intrigante et déstabilisante nouveauté de sa part. Véritable boîte à surprises, le musicien récidive déjà avec un album conceptuel extrêmement immersif. Au travers des neuf morceaux qu’il qualifie de «document», il nous déballe des fréquences sonores dignent de la fin du monde. Cet album à saveur trouble contient tout ce qu’il faut pour détourner l’attention des mélomanes les plus pointilleux·euses.
Si l’introduction nous offre une structure rythmique plutôt évidente, n’allez surtout pas croire qu’il en sera ainsi pour la suite des choses. L’Européen s’enfonce en notre compagnie dans une caverne où les décibels se multiplient pour finalement occuper tout l’espace. Nous sommes figé·e·s sous les basses sourdes, les gémissements de la guitare et les crépitations électroniques. À l’image de l’époque que nous vivons actuellement, l’aura du disque est mystérieuse. Les compositions défilent en nous proposant une dualité entre du drone exploratoire et des percussions minimalistes, l’artiste cherche peut-être à structurer le chaos. Le meilleur exemple est assurément Document 3 qui nous rappelle instantanément les trois albums Meditations que Dälek vient de lancer au cours des derniers mois.
Intelligemment parsemé d’échantillonnages sonores et de divers samples, le parcours que Wolf City nous propose se veut exigeant. La multitude d’éléments dissimulés ici et là donne lieu à un immense potentiel de réécoute, Archives Of Mankind nous révèle un peu plus de ses secrets à chaque occasion. C’est à mi-chemin que nous frappons un gigantesque mur. Le titre Document 6 nous replonge au beau milieu des premiers albums de JK Flesh ou encore de Necro Deathmort. Percussions massives et guitare grinçante au rendez-vous, parions que vos voisins n’apprécieront pas trop cette décharge de son terriblement viscérale. Après avoir sorti les crocs, Benjamin continue sa synthèse chaotique d’influences en nous menant avec imprévisibilité vers la finale. Malgré son aspect globalement inaccessible, ce disque laisse tout de même sa marque sur notre peau. Que ce soit dans les moments plus doux ou dans ceux plus tourmentés, Wolf City parvient à nous surprendre et à nous démontrer l’étendue de son talent. Il s’agit d’une expérience en soi, il faut tout simplement la vivre pour comprendre.
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Paru le 17 août 2020.