[Scène locale] Mole Machine – Dancing Plague
Après vous avoir présenté en exclusivité son excellent Beta Monster l’an dernier, nous étions fébriles de découvrir ce que le producteur français – maintenant exilé en région québécoise – avait à nous offrir comme prochaine escapade musicale. Malgré l’absence de paroles dans ses compositions, l’amoureux des machines arrive à nous raconter une histoire complexe grâce à sa capacité à faire parler ses instruments. Tout au long de Dancing Plague, Mole Machine s’efforce de dépeindre le tragique récit de Cassandre, personnage phare de la mythologie grecque. Les sonorités extrêmement fraîches, voire même futuristes, qu’il nous propose s’assurent toutefois de rendre cette histoire d’actualité et de la moderniser. Une fois jumelée aux succulents textes accompagnant l’album, la musique nous propulse dans un état extatique rappelant les premiers EPs d’un artiste comme Rival Consoles, ce qui révèle un travail irréprochable en matière de textures et de sensibilité.
Jérémy Alcaraz, de son nom réel, maîtrise aussi bien les synthétiseurs que les logiciels de montage vidéo. Il nous propose d’ailleurs une expérience visuelle pour chacune des pièces sur la page Bandcamp de l’album. Le point culminant de cette expérience sensorielle est lors de l’écoute du clip pour Dancing On A Tipping Point. Les mouvements gracieux de la danseuse Oriane Forir et la captation d’Emma Géraud coulent à merveille une fois passé sous les nombreux traitements visuels de Mole Machine. Avec ou sans images, Dancing Plague s’assure de vous donner l’envie de vous déhancher, car la manière dont les compositions sont ficelées ne représente rien de moins que de la haute voltige. La cohésion stylistique est absolument désarmante et la progression émotive que Jérémy nous présente a de quoi surprendre le plus averti des mélomanes. Il nous cloue le bec avec brio sur la conclusion For The Last Everything, qui suinte la nostalgie à pleine goutte. Cette nouveauté du musicien français est un incontournable, non seulement sur la scène locale, mais dans l’intégralité de la sphère électronique. Espérons que cet EP aura l’attention qu’il mérite à l’international, mais la prise en charge de l’excellent label Unlog devrait assurément aider la cause du producteur.
→ À écouter si vous aimez : Almeeva, Jon Hopkins, Julianna Barwick & Rival Consoles.
→ Morceau favori : An Overcrowded Anger
Pour acheter l’album, c’est ICI.
Paru le 24 septembre 2020 sur Unlog.
- Révision du texte par Sandra.