[Entrevue] Lindus – After The Haze, What?
After the haze, what?… Phrase qui soulève des interrogations plus qu’intéressantes d’autant plus dans le contexte pandémique qui nous plonge sans cesse dans l’inconnu et qui s’apparente à un navrant cycle sans fin. Rares se font les occasions d’expérimenter des moments de gaieté par les temps qui courent, mais la musique représente souvent cet exutoire fondamental. Ce nouvel album qui nous est offert grâce à la collaboration entre l’étiquette montréalaise Liquid Love Records et le producteur basé à Toronto parvient à apposer un baume sur nos plaies, allouant un bref instant de réconfort et un semblant de normalité.
Faisant office de véritable étreinte sonore, l’euphorisante house de Lindus réussit rapidement à nous charmer, faisant ralentir le temps au passage et créant un microcosme grisant. Hypnotiques à souhait, les cinq compositions se basent sur les répétitions pour créer ce doux envoûtement qui permet à notre cerveau d’errer alors que notre corps bouge en harmonie avec les éloquentes rythmiques. Poussées par de sublimes échantillonnages vocaux, les enivrantes mélodies rappellent l’exaltation qui survient à la fin d’une longue soirée dansante tandis que le soleil se lève et que la magie opère même si la fatigue s’empare de nous, rendant ce dernier élan d’excitation encore plus mémorable. Afin de souligner le lancement de cet excellent album, nous avons posé quelques questions à Lindus. Bonne lecture!
Ta musique mélange énormément d’influences et de styles différents, passant de la house à la techno en gardant toujours une approche psychédélique et expérimentale. Quels artistes ou courants t’ont inspiré et qu’est-ce qui t’a mené vers ces styles musicaux à la fois riches et énergiques?
Il y a plusieurs pistes à suivre… le dubstep et le continuum de musique électronique UK, mais aussi Montréal, le post-rock, Godspeed You! Black Emperor, Tim Hecker.
Tu as laissé paraître After The Haze, What? le 27 janvier dernier sur l’étiquette montréalaise Liquid Love Records. Le résultat offert est dense et méticuleux, naviguant entre différents horizons et nous faisant passer par une large gamme d’émotions. Qu’as-tu souhaité nous communiquer sur ce nouvel album?
Je ne sais pas si le projet communique vraiment. Sur la longueur et l’asymétrie du projet, je cherche quelque chose qui se passe dans l’écoute: une réaction à ces situations de répétition. Dans d’autres projets ou je communique d’avantage une émotion, la forme et l’arrangement doivent être plus discrets pour laisser passer le message.
Tu mentionnes énormément de souvenirs de soirées mémorables au STEREO et lors de raves qui semblaient mythiques. Comment ce genre de soirée t’a inspiré au fil des années et comment fais-tu pour survivre loin des dancefloors durant la pandémie?
Au Stereo, j’ai compris un rapport à l’espace. Je regarde le système de son, son installation physique et je distingue les fréquences du morceau distribuées dans l’espace. Le DJ coupe la basse: le son remonte physiquement dans la salle vers les enceintes aiguës vers le plafond… et quand le kick revient, l’espace du sol est ré-occupé par ces fréquences basses et la réaction du public s’en suit. C’est la musique qui permet à l’espace d’exister dans les heures ultra-précaires: 6, 7, 8 heures du matin au Stereo. Pour revenir à la question précédente, la musique paraît tout aussi fonctionnelle que communicative.
Ce genre de rencontre donne énormément de contexte au processus de création. En même temps, plus on est isolé, plus on est confronté à l’incertitude de ses souvenirs.
Tu as vécu à Montréal pendant plusieurs années, mais tu résides maintenant à Toronto. J’aimerais savoir ce qui te manque le plus de la métropole québécoise et comment se déroule ton expérience à Toronto? As-tu des projets musicaux de ta nouvelle région à nous faire découvrir?
Basic Soul Unit de Toronto a sorti un très bon album tout récemment sur Bandcamp que je recommande. Les scènes sont différentes et on entend un son particulier chez BSU.
Je ne pouvais conclure l’entrevue sans te poser cette question, alors allons-y: After The Haze, What?
Peut-être la même question, dans une autre langue…